La position de la Palestine, baignée par les flots d’une mer aussi fréquentée que la Méditerranée, et la circonstance qu’elle possédait encore sur son territoire un lac navigable, le lac de Tibériade, sont deux causes qui expliquent la fréquente mention de vaisseaux et de flottes dans l’Ancien Testament. Il n’y est du reste question que de la navigation extérieure, et des vaisseaux qui faisaient le service de la Palestine et des côtes voisines, car dès les temps les plus anciens, Joppé de la contrée des Philistins, et Tyr de Phénicie, étaient des ports célèbres desquels partaient des vaisseaux de long cours (2 Chroniques 2.16 ; Jonas 1.3 ; cf. Ésaïe 23.1 ; Ézéchiel 27 ; Actes 21.7). Leur marine mit de bonne heure les Tyriens en communication avec le pays d’Israël, et l’on peut conclure de Genèse 49.13, que la tribu de Zabulon ne fut pas des dernières à entrer dans la marine marchande. Lorsque les ports d’Elath et de Etsion-Guéber eurent été conquis par les armes, et annexés au royaume d’Israël, Salomon établit aux frais de la couronne, et avec le concours des mariniers de Phénicie, un service de navigation, qui cependant ne lui survécut pas, et que Josaphat essaya en vain quelques années plus tard de relever (1 Rois 9.26 ; 10.22 ; 22.49-50). À l’époque des Macchabées, Joppé était un port juif (1 Maccabées 14.5), mais Hérode le Grand en fit construire un beaucoup plus considérable à Césarée, quoique le commerce maritime juif ne fût pas assez florissant pour pouvoir le demander ; c’est dans ce port que Paul mit à la voile pour Rome (Actes 27.2). On considérait la voie par Alexandrie comme plus sûre et même plus courte que le trajet direct par Brindes, pour se rendre de Syrie ou de Palestine en Italie ; Pouzzoles était le lieu de débarquement. Il n’est parlé qu’en passant de la flotte marchande de Babylone (Ésaïe 43.14). Quant aux vaisseaux de Tarsis, du Nil, etc., voir ces articles.
Dans le Nouveau Testament, outre les voyages de Paul, qui tant de fois sillonna les eaux de la Méditerranée, nous voyons les rives romantiques du lac de Génésareth, et ses eaux claires, mais orageuses, devenir le théâtre de scènes entièrement nouvelles, ou la tribune de laquelle descendent les paroles d’une sagesse et d’une doctrine jusqu’alors inconnue. Tour à tour Jésus monte sur une nacelle de pêcheurs pour enseigner le peuple qui l’écoute du rivage (Matthieu 13.2 ; Luc 3.3), ou pour traverser ce lac, seul, ou dans la compagnie de ses amis (Matthieu 8.23 ; 9.1 ; 14.13 ; Jean 6.17). Des souvenirs l’attachaient à ces rives sur lesquelles il avait trouvé ses premiers disciples, péchant ou raccommodant leurs filets (Matthieu 4.21 ; Jean 21.3 ; Luc 5.5).
Les vaisseaux tyriens étaient les mieux construits et les plus richement ornés, les boiseries étaient en cyprès, la mâture en cèdre, les voiles enfin lin d’Égypte brodé, les rames en chêne, tenues par des rameurs assis sur des bancs ornés d’ivoire (Ézéchiel 27.1-7). Il n’est parlé expressément ni des cordages, ni du gouvernail, quoique Umbreit ait cru voir ce dernier désigné (Proverbes 23.34 ; traduction qui offre des difficultés étymologiques, mais qui irait bien pour le sens). Le gouvernail est nommé dans le Nouveau Testament (Actes 27.40) ; il y en avait quelquefois deux, ou même quatre, pour les gros bâtiments, à la poupe, à la proue, et aux deux côtés. Les chapitres 27 et 28 des Actes, renferment au reste presque tous les détails relatifs à la construction, aux agrès, et à la manœuvre d’un vaisseau marchand, pendant la période romaine.
Les vaisseaux marchands étaient plus profonds et moins allongés que les vaisseaux de guerre ; ils allaient plutôt à la voile qu’à la rame, tandis que ceux-ci comptaient souvent de deux à cinq rangs de rameurs (birèmes, trirèmes, etc.). À la proue était l’enseigne qui donnait son nom au bâtiment (Actes 28.11) ; l’effigie de la divinité tutélaire était à la poupe ; quelquefois les deux images n’en faisaient qu’une seule, et le navire portait le nom de son dieu protecteur. Chaque vaisseau avait un canot de sauvetage, plusieurs ancres, et une sonde (Actes 27.16-40). La voile d’artimon, ou selon d’autres du perroquet, est nommément désignée (Actes 27.40) ; on la déployait pour modérer la violence du vent. L’opération d’Actes 27.17, qui consistait à lier le vaisseau par-dessous comme avec une ceinture, pour l’empêcher de s’entrouvrir s’il venait à heurter contre un écueil, est souvent mentionnée chez les anciens. En cas de danger, on jetait à la mer la charge du navire pour l’alléger, et si l’on échouait, on essayait de gagner le rivage à la nage ou en canot.
Chaque vaisseau avait un capitaine et un pilote ; c’est du premier qu’il est question (Jonas 1.6). Les anciens suivaient en général les côtes autant que possible (comme le font encore aujourd’hui les vaisseaux de la mer Rouge), ce qui rendait les navigations très longues (1 Rois 10.22). S’ils étaient obligés de gagner la pleine mer, ils se dirigeaient en l’absence de boussole, d’après les étoiles, les Pléiades, les deux Ourses, Orion, etc. Les Dioscures, étaient les divinités privilégiées qu’ils invoquaient dans le danger. Les tempêtes étant plus fréquentes ou plus redoutables en hiver, les anciens, Grecs et Romains, ne naviguaient guère que l’été ; la saison marine commençait en mars et finissait en novembre ; un vaisseau retardé, et surpris par les vents au milieu d’une navigation un peu longue, cherchait un port pour y passer l’hiver (Actes 27.12).
On a cru trouver une trace de la piraterie dans une traduction nouvelle de Job 24.18.