(Genèse 3.20 ; 1.27 ; 2.18 ; 3.1 ; etc. 2 Corinthiens 11.3 ; 1 Timothée 2.13)
La première femme et la première pécheresse. L’homme ayant par la chute perdu l’immortalité, donna à sa femme le nom de vie, ’lui, (Sept.), hébreu Hhivvah, puisque son existence devait se continuer infiniment par sa descendance ; cette espèce d’immortalité remplaça pour lui l’immortalité corporelle qu’il avait perdue ; il devait encore trouver dans la postérité de sa femme une immortalité plus précieuse et plus glorieuse, mais il ne put la comprendre qu’en partie lorsqu’elle lui fut annoncée. L’histoire de la chute et de la peine prononcée contre la femme est trop connue pour qu’il y ait lieu à la répéter, on peut se borner à quelques observations. La femme fut créée pour l’homme, mais tirée de l’homme ; ce double fait établit de la manière la plus claire les rapports qui doivent exister entre eux, rapports que les peuples non éclairés de la lumière d’en haut ont vainement cherché à déterminer, les uns ayant fait de la femme la reine de la société, les autres l’ayant ravalée au niveau de la brute. Dieu ayant destiné l’homme et la femme à vivre ensemble, a dû les faire dissemblables et inégaux en force afin d’empêcher les luttes et les frottements ; il a fait l’homme le chef pour commander, et il lui a donné une aide formée après lui et pour lui (1 Corinthiens 11.8-9), mais à son image et à sa ressemblance, afin d’effacer ainsi ou de diminuer la distance qui les eût séparés autrement. Ils sont de même essence et de même nature, ils sont égaux ; mais la femme est venue après, elle est plus faible, elle doit obéir.
Cette inégalité de forces a si bien été reconnue déjà dès le commencement, que c’est à elle que le tentateur s’adresse en premier lieu, c’est contre elle qu’il dresse ses premières embûches, et il la séduit en flattant sa sensualité, son orgueil, et son amour pour ce qui est beau à voir. La peine imposée à la femme a paru grande à ceux qui regardaient sa faute comme petite, mais il n’est aucune femme chrétienne qui ne comprenne cette parole du livre de Job, que Dieu exige de nous beaucoup moins que notre iniquité ne mérite (11.6). Paul, dans un passage bien connu et souvent mal compris, envisage comme moyen de salut ce que Dieu infligea à la femme comme peine, lorsqu’il dit : « Elle sera néanmoins sauvée en mettant des enfants au monde », ou plutôt, « par l’enfantement » (1 Timothée 2.15). Pour l’intelligence de ce passage, il faut reconnaître que l’apôtre qui a parlé d’Ève en passant, généralise cependant ce qu’il a à dire de son sexe : l’idée qu’il développe, c’est que la femme ne doit pas enseigner ; elle est par nature plus susceptible pour les impressions qui viennent du dehors ; Adam ne fut pas tenté par le serpent, il le fut par Ève qu’une séduction extérieure fit tomber ; la femme donc doit s’abstenir d’enseigner ; cependant elle sera sauvée, mais le salut qui lui a été promis après la chute ne détruit pas sa position inférieure, ni même les douleurs de l’enfantement qui lui furent imposées comme peine naturelle extérieure. Dans l’idée de l’apôtre la femme chrétienne ne peut pas dire ; « Il est vrai que c’est la femme qui est tombée la première, et que c’est elle qui est en général la partie la plus faible, mais il n’y a pas de différence dans le règne de la grâce ». C’est aux paroles de Genèse 3.15-16, que se rapportent les exhortations de Paul, et les douleurs de l’enfantement peuvent être considérées comme un exercice de la foi. On peut ajouter comme une idée secondaire peut-être et cachée dans l’arrière-plan, le salut qui devait sortir pour la femme comme pour l’homme de la malédiction elle-même reposant dans l’enfantement, c’est que de la semence de la femme devait naître Celui qui briserait la tête du serpent, et rendrait à l’humanité le bonheur éternel qu’il avait perdu par la chute. Mais il faut repousser toute une série d’interprétations sensuelles, qui sont contraires à l’analogie de la foi comme au sens naturel du passage, celle qui met le salut de la femme dans la vie de famille, et dans l’éducation de ses enfants, celle qui prend le texte à la lettre (et quelle lettre !), à savoir que la femme sera sauvée en faisant des enfants, excluant de fait celles qui restent vierges ou qui sont stériles, l’idée qu’elle sera sauvée malgré l’enfantement, celle que les douleurs de l’enfantement ne seront pas mortelles pour elle et qu’elle y résistera (Benson et quelques Anglais), etc.
Toutefois, à l’interprétation que nous avons donnée, il ne faut pas oublier de joindre les réserves mises par Paul lui-même à la fin du verset : « Pourvu qu’elle persévère dans la foi, dans l’amour, et dans la sanctification avec modestie ».