Ou Akis, roi de Geth (Ville des Philistins). David ayant pris la résolution de s’éloigner de Saül qui cherchait à lui ôter la vie, se retira dans le pays des Philistins et dans la ville de Geth, où régnait Achis (1 Samuel 21.10). Les officiers d’Achis ayant vu David, dirent au roi : N’est-ce pas là ce David qui est regardé comme le roi de son pays ? n’est-ce pas lui dont on a dit dans les danses publiques : Saül en a tué mille et David dix mille ? David ayant entendu ces discours, commença à craindre pour sa vie ; c’est pourquoi il contrefit l’insensé devant les Philistins, il se laissait tomber entre leurs mains, il se heurtait contre les portes, et la salive découlait sur sa barbe. Achis dit donc à ses officiers : Vous voyez bien que cet homme était fou, pourquoi me l’avez-vous amené ? est-ce que : nous n’avons pas ici assez de fous, sans nous amener encore celui-ci ? David sortit donc ainsi de Geth, et échappa de ce danger. Cela arriva l’an du monde 2944, avant Jésus-Christ 1056, avant l’ère vulgaire 1060.
Trois ou quatre ans après, David ayant apparemment fait pressentir Achis, envoya lui offrir ses services, et le pria de le recevoir dans sa ville ou dans ses États. Achis qui connaissait la valeur de David, et qui savait les sujets de mécontentement qu’il avait de la part de Saül, le reçut dans Geth (1 Samuel 27.1-2) avec six cents hommes qui l’accompagnaient, et leurs femmes et leurs enfants. Ils y demeurèrent quelque temps, après quoi David dit à Achis : Si j’ai trouvé grâce à vos yeux, donnez-moi un lieu de retraite dans quelqu’une de vos villes, car pourquoi votre serviteur demeure-t-il avec vous dans la ville royale ? Achis lui donna donc en propre Sicéleg, et David s’y établit. Or, pendant les quatre mois qu’il fut dans la ville de Geth, il faisait des courses avec ses gens, et pillait les peuples des environs, tuant tout autant d’hommes qu’il en trouvait, afin que nul ne pût découvrir le lieu où il faisait la guerre. Cependant il faisait accroire à Achis qu’il faisait ses courses sur les terres de Juda, et que c’était de là que venait tout le butin qu’il prenait, et dont il ne manquait pas de lui faire part. Achis se fiait donc tout à fait à David, disant : Il a fait tant de maux à son peuple, qu’il ne peut plus songer à retourner dans son pays. Ainsi, il demeurera toujours attaché à mon sertice.
Environ deux ans après, les Philistins se mirent en campagne pour combattre les Israélites, et Achis dit à David de se préparer pour marcher à la guerre avec lui. David lui répondit : Vous verrez maintenant ce que votre serviteur fera. Et Achis lui dit : Je vous confierai pour toujours la garde de ma personne (1 Samuel 28.1-3). Les Philistins étant donc allés à Aphec, ville située dans le Grand-Champ ou dans la Vallée de Jezrael (1 Rois 29), David s’y trouva avec ses gens à l’arrière-garde, avec Achis. Alors les princes des Philistins dirent à Achis : Que font là ces Hébreux ? Il répondit : Est-ce que vous ne connaissez pas David ? Il y a environ deux ans qu’il est avec moi, et je n’ai rien trouvé à redire en lui. Mais les princes des Philistins se mirent en colère contre lui, et lui dirent : Que cet homme-là s’en retourne, et qu’il ne se trouve point avec nous à la bataille, de peur qu’il ne se tourne contre nous au milieu du combat, et qu’il ne cherche à se réconcilier à Saül par notre sang. Achis dit donc à David : Vive le Seigneur ; je ne trouve en vous que sincériteet fidélité, j’approuve toute la conduite que vous avez tenue ; vous ne m’avez donné aucun sujet de plainte, mais vous n’agréez pas aux satrapes. Retournez-vous-en donc, afin que vous ne blessiez pas les yeux des Philistins. David répondit : Qu’ai-je donc fait, et qu’avez-vous trouvé en moi depuis le temps que j’ai paru devant vous jusqu’aujourd’hui, pour ne me permettre pas de combattre avec vous contre les ennemis de mon seigneur et de mon roi ? Achis lui répondit : Pour ce qui est de moi, je vous regarde comme un ange de Dieu ; mais les princes des Philistins ont résolu que vous ne vous trouveriez point avec eux dans le combat. David s’en retourna donc dès le lendemain à Sicéleg, qui avait été pillée pendant, son absence par les Amalécites. David ne demeura que très-peu de temps chez ce prince, après la bataille de Gelboé, où,Saül et ses fils furent tués. Il vint de Sicéleg à Hébron, dans la tribu de Juda (2 Samuel 2.1-2), et depuis ce temps l’Écriture ne nous dit plus rien du roi Achis [Suivant la chronologie de l’Art de vérifier les dates, il s’est écoulé plus de temps entre le premier et le second voyage de David à Geth, que n’en marque D. Calmet ; la différence, toutefois, n’est que de deux ou trois ans. Sans avoir égard au temps plus ou moins long qui s’est passé entre ces deux voyages, il me paraît qu’il faut distinguer ici deux rois de Geth, ou que celui dont il va être fait mention, d’après (1 Samuel 27.1-10), n’est pas le même que cet autre, dont Calmet vient de parler d’après le même livre (1 Samuel 21.10). Ce qui fait naître en moi cette idée, c’est qu’il me semble que l’historien sacré les distingue lui-même, en disant que celui que je crois être le second était fils de Maoch (1 Samuel 27.2). Je trouve, quarante-deux ans plus tard, un troisième Achis, roi de Geth, dont Calmet ne parle pas ici, et que d’autres confondent avec le seul que reconnaît le docte bénédictin : c’est celui auquel Séméi alla redemander ses serviteurs fugitifs ; il était fils de Maacha (1 Rois 2.39).
Le premier Achis est appelé ailleurs (Psaumes 34.1) Achimélech, selon la Vulgate, ou plutôt Abimélech (Voyez ce nom), selon l’Hébreu ; mais ce nom était plutôt son titre, et ce titre était commun aux rois Philistins, que nous en voyons décorés au temps d’Abraham. Il est probable que le nom d’Achis était commun aussi à ces mêmes princes].