Île fameuse dans la Méditerranée. Elle est la plus grande île de cette mer, et située entre la Cilicie et la Syrie. Elle a cent vingt lieues de tour. On en tirait du vin excellent, de l’huile, du miel, de la laine, du cuivre et du cristal l’air qu’on y respirait était doux et pur, et ses habitants étaient plongés dans le luxe et perdus de débauche. Leur principale divinité était Vénus qui y était adorée plus qu’en aucun autre lieu du monde l’île avait reçu des colonies phéniciennes bien longtemps avantque des colonies grecques ne vinssent, postérieurement à la guerre de Troie, y former des établissements. Il y avait, entre autres villes d’origine phénicienne, une place nommée Cittium, dont le nom a servi en partie à motiver le rapprochement que l’on a établi entre le mot Cethim des écrivains sacrés et l’île de Chypre l’île renfermait neuf villes assez considérables pour avoir chacune un roi. Ces rois furent d’abord tributaires de la Perse, ensuite d’Alexandre, et, après ce conquérant, des rois de Syrie l’île passa des mains de ces derniers dans celles des Romains. Après la mort de saint Étienne, l’île de Chypre fut le refuge d’une partie des chrétiens qui quittèrent Jérusalem.
Saint Paul et saint-Barnabé, étant partis d’Antioche (Actes 13.4-6), s’embarquèrent à Séleucie, et arrivèrent dans l’île de Chypre. Étant dans la ville de Salamine, ils prêchèrent Jésus-Christ dans les synagogues des Juifs, et de là ils se répandirent dans toutes les villes de l’île, annonçant partout l’Évangile. Étant à Paphos, ils y trouvèrent un faux prophète, nommé Bar-Jésu, qui était avec le proconsul ou gouverneur de l’île, nominé Sergius Paulus. Ce faux prophète s’opposait à la prédication de Paul, et empêchait que le proconsul ne crût en Jésus-Christ ; mais saint Paul le frappa d’aveuglement, et le proconsul, touché de ce prodige, embrassa la foi (an de Jésus-Christ 44).
Quelque temps après (an de Jésus-Christ 51), saint Barnabé alla de nouveau dans cette île, accompagné de Jean-Marc (Actes 15.39). Il est considéré comme le principal apôtre et le premier évêque de Chypre. On dit qu’il y souffrit le martyre, ayant été lapidé par les Juifs de la ville de Salamine ; et son corps y fut trouvé, du temps de l’empereur Zénon, ayant sur sa poitrine l’Évangile de saint Mathieu, que saint Barnabé avait copié de sa propre main.
Quelques auteurs croient que c’est de la vigne ou du raisin de Chypre que parle Salomon dans le Cantique (Cantique 1.13) ; et M. Welland, qui a visité cette île, dit : « La vigne de Chypre, célébrée par Salomon, n’a rien perdu de son antique gloire ; elle couvre encore, comme aux premiers temps, les côteaux voisins de Litnissol. » Mais, suivant d’autres, il ne s’agit point, dans le Cantique, du raisin de l’île de Chypre (Voyez Cypre, arbrisseau, article suivant). « Dans la plus haute antiquité, dit encore M. Michaud, les femmes de l’île de Chypre avaient coutume de se rendre en procession aux bords de la nier, et de célébrer, par des hymnes et des danses, la naissance de Vénus et la fête d’Adonis. On a conservé jusqu’à nos jours quelque chose de cet usage antique ; il n’est plus question d’Adonis ni de Vénus, mais on se rassemble encore au bord de la mer pour se livrer au plaisir et à la joie, et c’est le second jour de la Pentecôte, qu’on a choisi pour cette commémoration païenne. » Cette île qui avait autrefois neuf royaumes différents et quinze villes richement peuplées, est maintenant déserte, pour ainsi dire : « Elle n’a plus que trente mille âmes. Elle serait la plus belle colonie de l’Asie Mineure ; elle nourrirait et enrichirait des millions d’hommes : partout cultivable, partout féconde, boisée, arrosée, avec des rades et des ports naturels sur tous ses flancs ; placée entre la Syrie, la Caratnanie, l’Archipel, l’Égypte et les côtes de l’Europe, ce serait le jardin du monde. »