Les Hébreux, sous le nom de cornes, entendent quelquefois une hauteur, un angle, un coin (Isaïe 5.1) : Mon bien-aimé a une vigne située sur une hauteur, ou sur le coin d’une montagne fertile et grasse. Plusieurs entendent les cornes de l’autel des holocaustes (Exode 27.2 ; 30.2) des angles de cet autel ; mais il est certain qu’il y avait, outre cela, des cornes ou des éminences aux quatre coins de l’autel, auxquelles étaient attachées quatre chaînes d’où pendait la grille de l’autel.
La corne marque aussi la gloire, l’éclat, les rayons ; par exemple, on dit que le visage de Moïse était environné de cornes (Exode 34.29), c’est-à-dire qu’il était rayonnant et qu’il en sortait comme des cornes de lumière. Et dans d’autres endroits on dit (2 Samuel 2.1-10) : Dieu a élevé ma corne, il a élevé la corne de son oint ; c’est-à-dire il m’a comblé de gloire, il a relevé la gloire de son roi ou de son prêtre. N’élevez point votre corne (Psaumes 74.5-6), dit le Psalmiste, ne vous glorifiez point. Sa corne sera élevée en gloire, il sera comblé d’honneurs, etc.
Comme les anciens se servaient souvent de cornes pour mettre des liqueurs, l’Écriture donne souvent le nom de cornes aux vases où l’on niellait l’huile, les parfums, soit qu’ils fussent réellement de corne ou d’autre matière (1 Samuel 16.1) : Impie cornu tuum oleo, dit le Seigneur à Samuel, et allez donner l’onction royale à David. Le grand-prêtre Sadoc prit une corne d’huile du tabernacle (1 Rois 1.39) et en alla oindre Salomon. Job donne à l’une de ses filles le nom de Corne d’antimoine (Job 42.14), Cornu stibii, ou de corne à mettre de l’antimoine, dont se servent encore aujourd’hui les femmes dans l’Orient. [Voyez Cornu Stbii].
La principale défense et la plus grande force des bêtes à cornes consiste dans leurs cornes : aussi l’Écriture nous donné la corne comme le symbole de la force. Le Seigneur élève la corne de David (Psaumes 131.17) ; la corne de son peuple (Ecclésiaste 47.6) ; il brise la corne des méchants (Ecclésiaste 47) ; il coupe la corne de Moab (Jérémie 48.25) ; il casse dans sa fureur toute la corne d’Israël (Lamentations 2.3) ; il promet de faire pulluler la corne d’Israël (Ézéchiel 29.21) ; de le rétablir en honneur, et de lui rendre sa première vigueur. Moïse compare Joseph à un jeune taureau, et dit qu’il a des cornes comme celles du rhinocéros (Deutéronome 33.17). Les auteurs sacrés expriment souvent la victoire par ces mots : Vous les jetterez en l’air avec les cornes ; vous les dissiperez, comme un taureau dissipe avec les cornes tout ce qui se présente devant lui (Psaumes 43.6, Ézéchiel 32.2 ; 34.21).
Les royaumes, les grandes puissances sont aussi souvent désignées sous le nom de cornes. C’est ainsi que Daniel (Daniel 7 ; 8) nous décrit la puissance des Perses, celle des Grecs, celle de Syrie et d’Égypte. Il nous dépeint Darius et Alexandre comme un bouc et un bélier qui se heurtent violemment avec leurs cornes ; et Antiochus Épiphane, comme une corne qui prononce des blasphèmes, et qui fait la guerre aux saints.
Dans ces passages, le prophète nous représente ces animaux comme ayant plusieurs cornes, dont l’une naissait de l’autre ce qui ne doit pas surprendre ; puisque, dans la Barbarie et dans l’île de Chypre, on voit encore aujourd’hui des béliers qui ont plusieurs cornes. Dans Daniel elles sont mystérieuses, mais le mystère est fondé sur une chose qui arrive quelquefois dans la nature.
Dans les livres des Machabées (1 Machabées 9.11-12,16), l’aile droite et l’aile gauche d’une armée sont nommées la corne droite et la corne gauche. Et dans Habacuc il est dit (Habakuk 3.14) : que le Seigneur vient de Pharan, tout environné de gloire et de majesté, ayant des cornes dans ses mains ; c’est-à-dire, ayant les mains armées de dards enflammés de flèches de feu. Dans les auteurs profanes, on donne quelquefois aux flèches ou aux dards le nom de cornes, parce qu’autrefois on les armait de cornes. Plusieurs peuples garnissaient de cornes le bout de leurs dards ; et le centaure Dorylas était armé de deux cornes de bœuf au lieu de javelots.
Ou Cor. Voyez Trompette.