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Crocodile
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Animal amphibie, cruel, vorace, de la forme à-peu-près d’un lézard, mais beaucoup plus gros. Il se trouve principalement dans le Nil. On en a vu aussi dans le fleuve Darat, dans la Mauritanie, et dans les Indes. Il paraît qu’on en a vu aussi dans la Palestine, puisque Pline et Ptolémée parlent de la ville nommée Crocodilon, entre Ptolémaïde et Césarée de Palestine.

Le crocodile est couvert d’écailles très-dures, et très-difficiles à percer ; excepté sous le ventre, où il a la peau tendre. Il a la gueule grande, avec des dents aiguës et séparées, qui entrent l’une dans l’autre ; et il en a plusieurs rangs. Il est fort bas sur ses pieds et rampe presque par terre. Il court avec beaucoup de vitesse ; mais il ne se tourne pas aisément. Il vit longtemps, et on dit qu’il croît toujours jusqu’à la mort mais cela n’est nullement vraisemblable. On en voit de la longueur de quinze ou dix-huit coudées.

Les crocodiles font leurs œufs sur la terre, ou sur le sable des rivages. Ces œufs sont comme des œufs d’oie, et quelquefois ils en font jusqu’à soixante. Ils les couvrent dans le sable, afin que la chaleur du soleil contribue à les faire éclore. Lorsqu’on les éventre, ou qu’on les blessé, ils sentent fort bon. Il y a diverses manières de les prendre. Quelquefois on les attrape avec de grands hameçons, auxquels on attache de la chair de porc, qu’ils aiment beaucoup d’autres fois on les prend dans des fosses couvertes de branchages et de terre, où ils tombent, et d’où ils ne peuvent sortir. On dit que l’ichneumon ou rat dinde, qui est de la grosseur d’un chat domestique, écrase les œufs du crocodile lorsqu’il les trouve sur le rivage, et qu’il entre même dans le ventre de cet animal, lorsqu’il le trouve endormi la gueule ouverte, lui ronge les entrailles et le fait mourir.

On croit que le nom de crocodile vient du grec croco-deilos, qui signifie craignant le safran, parce qu’en effet il a horreur et de la fleur et de l’odeur du safran. Il a la vue très-perçante lorsqu’il est sur la terre, mais, dans l’eau, il ne voit qu’obscurément. On sait que les Égyptiens adoraient le crocodile. On dit qu’il passe les quatre mois d’hiver, novembre, décembre, janvier et Février, sous les eaux, sans rien manger. Les Égyptiens lui rendaient des honneurs divins, particulièrement ceux d’Arsinoé, et ceux qui demeuraient aux environs de Thèbes et du lac Moeris. Mais ceux de Tentyre et d’Eléphantis les tuaient et les mangeaient. Nous croyons que c’est de ces peuples dont Job a voulu parler lorsqu’il a dit (Job 3.8) : Que ceux qui maudissent le jour, et qui sont prêts à susciter le léviathan, ou d’éveiller le crocodile, maudissent le jour de ma naissance. Voyez notre Commentaire sur cet endroit. Voyez aussi le Psaume (Psaumes 83.14) : Vous avez brisé la tête du léviathan, et vous l’avez donné à manger aux peuples de Chus.

Job fait une peinture admirable du crocodile sous le nom du léviathan dans les chapitres (Job 40.20) et suivants, et (Job 41.1-2) etc. On peut voir Bochart, de Animal sacr., partie 2 livre 5 chapitre 16. Ézéchiel (Ézéchiel 29.3-4 ; 32.2-3), apostrophe le roi d’Égypte sous le nom de léviathan, ou de crocodile : C’est à toi que j’adresse ma parole, grand dragon marin, qui es couché au milieu de tes fleuves, et qui dis : Mon fleuve est à niai, et je me suis fait moi-même. Il y en a qui croient que le nom de Pharao, qui marque le roi d’Égypte, signifie proprement un crocodile [Pour comprendre l’admirable peinture du crocodile, il faut savoir ce qu’est cet animal, et les notions qu’en donne Calmet, d’après Hérodote, je pense, sont ou inexactes ou incomplètes. Voici donc en quels termes le décrit Duméril : « Le corps des crocodiles est couvert d’écailles carrées ou de boucliers osseux, dont plusieurs forment des lignes saillantes qui se prolongent en une ou deux crêtes sur la queue. Leurs dents sont pointues, coniques, et sur une rangée ; il n’y en a point au palais. Leur langue est plate, courte, charnue, et ne peut sortir de la bouche. Leur tête est longue et pesante ; leurs mâchoires sont articulées tout à fait en arrière de la tête. Leurs narines forment un canal qui s’ouvre dans la gorge et aboutit au bout du museau, où leur orifice, en croissant, s’ouvre et se ferme à volonté ; leurs yeux vifs, à prunelles en fente, sont munis de trois paupières ; leurs oreilles ou tympans sont recouverts d’une sorte de valvule ; leurs pattes, courtes, écartées, ont cinq doigts devant et quatre seulement derrière ; le doigt externe est toujours sans ongle, et ces doigts sont retenus entre eux par des membranes qui facilitent leur nager. On dit qu’ils sont palmés ou demi-palmés… On les a rapportés à trois sous-genres : les crocodiles proprement dits, comme celui du Nil, le léviathan ou le suchos, adoré autrefois en Égypte, et ceux des Indes, etc].

Crocodile de terre.

Cet animal est autrement nommé stinx. Il est partie dans l’eau et partie sur la terre : il a quatre jambes courtes et menues comme le lézard ; son museau est fort pointu, et sa queue courte et menue. Il est couvert de petites écailles fort bien arrangées, de couleur argentine, brunies eu quelques endroits, de couleur dorée et particulièrement sur le dos. Il demeure toujours petit, et naît eu Égypte près la mer Rouge, en Lybie et aux Indes. Il a une raie tirée le long de son corps, depuis la tête jusqu’à la queue.

Il est parlé dans le Lévitique d’une espèce de crocodile, nommé en hébreu choled, que les Septante ont rendu par crocodile de terre (Lévitique 11.29) et qui est mis parmi les animaux impurs.

Ce crocodile de terre se nourrit des plus odorantes fleurs qu’il puisse trouver, ce qui fait fort estimer ses intestins pour la bonne odeur. Saint Jérôme dit que les Syriens mangent de ces sortes de crocodiles, qui ne vivent que sur la terre. Quelques interprètes traduisent l’hébreu choled par une tortue, ou une grenouille verte. Saint Jérôme a suivi les Septante, en traduisant crocodile.