Cinquième fils de Jacob, et le premier de Bala, servante de Rachel (Genèse 30.4-6). Rachel, voyant que Dieu ne lui avait point donné d’enfants, pria Jacob de prendre Bala, sa servante, afin qu’au moins par son moyen elle pût avoir des enfants. Jacob la prit, et Bala lui enfanta un fils ; et Rachel dit : Le Seigneur a jugé en ma faveur, et a exaucé ma voix, en me donnant un fils ; et elle l’appela Dan, qui signifie, il a jugé.
Dan n’eut qu’un fils nommé Husim (Genèse 46.23). Ce qui n’empêcha pas qu’il n’eût une fort nombreuse postérité, puisqu’au sortir de l’Égypte, cette tribu était composée de soixante-deux mille sept cents hommes, capables de porter les armes, sans compter les femmes et les enfants (Nombres 1.38). Jacob, au lit de la mort, donna sa bénédiction à Dan, en disant (Genèse 49.16-17) : Dan jugera son peuple comme une autre tribu d’Israël. Que Dan soit comme un serpent dans le chemin, comme un céraste dans le sentier, qui mord l’ongle du cheval, et qui fait tomber le cavalier en arrière. Jacob voulait dire que, quoique cette tribu ne fût pas des plus puissantes ni des plus célèbres d’Israël, elle ne laisserait pas de produire un chef de son peuple. Ce qui fut exécuté dans la personne de Samson, qui était sorti de Dan.
Jacob ajoute que Dan sera comme un serpent caché dans le chemin, qui mord l’ongle du cheval et renverse le cavalier ; ce qui peut encore marquer sa valeur et son adresse à surprendre et à vaincre un ennemi plus fort que lui. D’autres ont cru que Jacob, par ces dernières paroles, voulait dire que l’Antechrist sortirait de la tribu de Dan. Ce sentiment est très-commun dans les Pères et dans les auteurs ecclésiastiques. Ils se servent aussi, pour l’appuyer, de ce que, dans l’Apocalypse (Apocalypse 6), saint Jean ne fait nulle mention de la tribu de Dan, parmi les autres tribus d’Israël ; mais ces raisons, quoique appuyées par l’autorité de plusieurs anciens, ne sont pas toutefois fort convaincantes ; et l’origine de l’Antechrist sera toujours une question fort incertaine jusqu’après l’événement.
La tribu de Dan eut son partage dans un terrain fort gras et fort fertile, entre la tribu de Juda à l’orient, et le pays des Philistins à l’occident [Elle occupait, sur le bord de la mer, entre le pays des Philistins et les tribus de Siméon, de Benjamin et d’Éphraïm, un des meilleurs cantons de la Palestine, qui, par sa position, leur offrait en outre le moyen de se livrer à la navigation ; et en effet, ils possédaient les ports de Joppé et de Jamnia. Ils eurent, lors de leur établissement dans le pays, beaucoup à souffrir de la part des Amorrhéens, qui, réfugiés dans leurs montagnes, ne cessaient de les harceler (Juges 18). Moïse (Deutéronome 33.22) avait prédit que Dan serait comme un lion, prédiction que justifia la bravoure des Danites ; ils prospérèrent. Barbié du Bocage].
Mais ce terrain était fort resserré, parce que ce n’était proprement qu’un démembrement qui avait été fait des terres de Juda. C’est ce qui obligea ceux de cette tribu de chercher un pays plus étendu pour y envoyer une colonie de plusieurs de leurs familles, qui n’étaient pas assez au large dans leur propre terrain. Ils envoyèrent donc cinq hommes choisis des plus vaillants d’entre eux (Juges 18.1), pour chercher une demeure qui leur convint. Ils s’avancèrent jusqu’à Laïs, près les sources du Jourdain, qu’ils trouvèrent sans défiance ; et vivant dans une pleine sécurité. Ils en vinrent donner avis à leurs compatriotes, qui envoyèrent six cents hommes bien armés, avec leurs familles, pour se rendre maîtres de Laïs. En passant par la montagne d’Éphraïm, ils prirent dans la maison de Michas un jeune lévite, qui y entretenait un culte superstitieux, et l’emmenèrent à Laïs. Ils se rendirent aisément maîtres de cette ville, et y établirent le même mauvais culte qu’ils avaient trouvé chez Michas. Ce fut alors que la ville, qui s’appelait auparavant Laïs, prit le nom de Dan, à cause de ceux de cette tribu qui s’en rendirent les maîtres. [Voyez l’article suivant]. Justin historien juif, nommé. Eldad, quo quelques-uns font vivre au neuvième siècle vers l’an 880, et d’autres au treizième en 1283, a écrit que les Juifs de la tribu de Dan, ne voulant pas prendre les armes contre leurs frères, sous le règne de Jéroboam, se retirèrent en Éthiopie, où ils firent alliance avec les habitants du pays, et devinrent tributaires du roi d’Éthiopie. Ils remontèrent le Phison (il veut dire le Nil) et trouvèrent des peuples noirs comme des corbeaux, d’une stature de géant, et qui se nourrissaient de chair humaine. Les tribus de Nephthali, de Gad et d’Aser, suivirent en ce pays-là celle de Dan, et ayant passé les fleuves d’Éthiopie, s’y habituèrent, nourrissant des troupeaux, et demeurant sous des tentes. Ils avaient à leur tête un roi descendu d’Oliab, et gardaient les principales ordonnances de la loi. Leur prince pouvait mettre cent vingt mille cavaliers et cent mille fantassins sous les armes. Ces quatre tribus unies partagèrent entre elles les quatre saisons de l’année ; chacune faisait la guerre pendant trois mois, et rapportait son butin au roi, qui en faisait un partage égal aux autres tribus qui étaient demeurées à la garde du pays. Mais cette transmigration est une pure fable, qui n’a pas le moindre fondement dans l’histoire sainte. [Voyez Éthiopie et Juifs].
Ville située à l’extrémité septentrionale du pays d’Israël, dans la tribu de Nephthali. [Cette ville, colonie des Danites, et à cause de cela nommée Dan, s’appelait auparavant Laïs, comme il est dit dans l’article qui précède]. Pour marquer les deux extrémités de la Terre promise, l’Écriture se sert souvent de cette manière de parler (1 Samuel 30.20 ; 2 Samuel 3.10 ; 17.11 ; 24.2) : Depuis Dan jusqu’à Bersabée. Dan était au nord, et Bersabée au midi. La ville de Dan était au pied du Liban, sur le ruisseau de Dan, ou du Jourdain ; et plusieurs auteurs ont cru que le Jourdain, Jordanes, prenait son nom de l’hébreu jor, un ruisseau, et Dan, qui était une ville située près de sa source. [Voyez l’article suivant]. Mais on fera voir ailleurs que cette prétention souffre d’assez grandes difficultés. Voyez l’article Jourdain. Dan était à quatre milles de Panéas, du côté de Tyr. Quelques-uns l’ont confondu mal à propos avec Panéas, parce que Dan est proche de cette ville. Jéroboam, fils de Nabath, mit un de ses veaux d’or dans la ville de Dan (1 Rois 12.29), et l’autre à Béthel. [Voyez Daphné] [Il est dit dans le Deutéronome (Deutéronome 34.1) que le Seigneur fit voir à Moïse, placé sur le Phasga, tout le pays de Galaad jusqu’à Dan. De quel Dan s’agit-il ? Est-ce de la ville ou du lieu qui en est différent et qui est l’objet de l’article suivant ? Plusieurs croient qu’il est question de la ville, et tirent de cette opinion des conclusions diverses. Les uns prétendent que Moïse n’a rien écrit du trente-quatrième chapitre du Deutéronome ; les autres soutiennent que Moïse en a certainement écrit les quatre premiers versets, et, admettant qu’il s’agit de la ville de Laïs, croient, ou que le nom de Dan fut écrit par anticipation, ou que dans la suite il fut substitué à celui de Laïs. Vaines disputes. Il y a un lieu qui se nomme Dan et qui n’est pas bien éloigné de la ville de Laïs ou de Dan ; c’est de ce lieu qu’il s’agit et non pas de la ville. Bersabée n’était aussi qu’un lieu à cette époque].
Lieu jusqu’auquel Abraham poursuivit Codorlahomor et ses alliés (Génèse 14.11). Il y a au même lieu un ruisseau du même nom, et qu’on appelle aussi le petit Jourdain (Voyez Asor et Jourdain). C’est de ce même lieu que parle Moïse (Deutéronome 34.1, Voyez mon addition à l’article précédent, et Daphné).
Dont parle Ézéchiel (Ézéchiel 27.19), est, suivant les uns, la ville de Dan, l’ancienne Laïs ; suivant d’autres, c’est le mont Ida, dans l’Asie Mineure. Voyez ma note sur Dadan.
Lieu situé entre Saraa et Esthaol, d’où partirent les 600 Danites qui vinrent de là à Cariathiarim, derrière laquelle ils plantèrent leurs tentes, et se dirigèrent ensuite au nord vers Laïs, où ils s’établirent. Depuis cette époque, on a continué d’appeler ce lieu le Camp de Dan (Juges 13.25 ; 18.12).