Ou Dog, ou Doch, forteresse dans la plaine de Jéricho, où Ptolémée, fils d’Abobi, avait sa demeure, et où il tua en trahison Simon Machabée son beau-père (1 Machabées 16.11), avec Mattathias et Judas ses deux fils. Jean Hircan fils de Simon, qui était alors à Gazara, vint assièger Ptolémée son beau-frère, dans le château de Dagon ; mais Josèphe raconte que lorsque Hircan s’approchait pour donner l’assaut à la forteresse, Ptolémée faisait cruellement battre de verges sur les murailles, à sa vue, la mère et les deux frères d’Hircan, le menaçant de les faire mourir, s’il continuait à le presser. La compassion qu’il eut des tourments de sa mère, fut cause que le siège tira en longueur, et que l’année sabbatique étant venue, Hircan fut obligé de lever le siège. Alors Ptolémée se sauva chez Zénon, surnommé Cotyla, tyran de Philadelphie, après avoir fait mourir la mère et les deux frères d’Hircan. Ce qui parait contraire au récit du premier livre des Machabées, qui porte que Ptolémée fit mourir Mattathias et Judas, avec Simon leur père, dans la salle du festin où ils avaient soupé.
Divinité des Philistins. Le nom de Dagon signifie un poisson (dag, ou dagon en hébreu), et nous croyons que l’on représentait Dagon comme une femme qui avait tout le bas d’un poisson (Horat de arle P etica) Desinit in piscem mulier formosa superne, comme les païens représentaient les Tritons ou les Sirènes. L’auteur du grand Etymologique dit que Dagon était Saturne, d’autres que c’était Jupiter, d’autres que c’était Vénus. Les Égyptiens adoraient cette déesse sous la forme d’un poisson, parce que dans la guerre de Tryphon contre les dieux, Vénus s’était cachée sous la forme d’un poisson. Diodore de Sicile dit qu’à Ascalon, ville fameuse des Philistins, on adorait la déesse Dercéto, ou Atergatis, sous la figure d’une femme, ayant tout le bas d’un poisson. Ovide dit :
Derceti, quam versa squamis velantibus artus Stagna Palnstini credunt coluisse figura. Lucien nous dépeint de même la déesse. Or cette déesse était la même que Vénus. Il y a donc toute apparence que Dagon n’était autre que cette divinité. [Voyez Atergatis et Dercéto].
L’Écriture marque assez que la statue de Dagon avait la figure humaine, au moins par le haut, puisqu’elle dit que l’arche du Seigneur ayant été placée dans le temple de Dagon, le lendemain, lorsque les prêtres voulurent entrer dans ce temple, ils trouvèrent la tête et les mains de Dagon sur le seuil de la porte, pendant que le reste du tronc de la figure était demeuré à sa place (1 Samuel 5.4-5). On peut voir notre dissertation sur l’origine, et sur les divinités des Philistins, à la tête du Commentaire sur le premier livre des Rois. Il y avait un temple de Dagon à Gaza, qui fut renversé par Samson (Juges 16.23-30). Il y en avait un autre à Azot, où les Philistins déposèrent l’arche du Seigneur (1 Samuel 5.1-3). Il y avait une ville dans la tribu de Juda, nommée Beth-Dagon (Josué 15.41) ou demeure de Dagon ; et une autre de même nom, sur les frontières d’Aser (Josué 19.27). Eusèbe met aussi un bourg nommé Caphar-Dagon, ou Champ de Dagon, entre Jamnia et Diospolis.
Philon de Biblos dans sa traduction de Sanchoniathon, dit que Dagon veut dire Siton, ou le dieu du froment ; en effet dâgân en hébreu signifie le froment.
(Voilà deux étymologies du nom de Dagon. L’une est enseignée par les rabbins et par ceux qui secouent le joug des Grecs ; c’est celle que dom Calmet a adoptée : Dagon vient de dag, mot phénicien et hébreu, signifiant poisson. L’autre, tenue par ceux qui répudient l’autorité des rabbins ; l’abbé Banier l’a admise : Dagon vient de dâgôn, mot phénicien et hébreu, signifiant blé ou froment. Laquelle est la vraie ? Jurieu les discute, et s’efforçant de convaincre d’erreur Philon de Biblos, il se prononce en faveur de l’opinion des rabbins. Ses raisons sont bonnes ; celles de Banier ne le sont pas moins le procès subsiste).
Mais qui est ce Dieu du froment ? c’est apparemment Cérès, car les Hébreux n’avaient point de nom féminin pour signifier les déesses ; et Élien nous apprend qu’entre les noms qu’on donnait à Cérès, était celui de Sito, comme qui dirait la déesse du froment, parce qu’on la croyait inventrice de l’agriculture et du froment ; on la dépeignait avec la charrue, des épis de froment, des fruits et du pavot autour de la tête ou dans les mains ; on la joignait avec Bacchus inventeur du vin. Ils allaient ensemble dans les mystères ; on célébrait conjointement leurs orgies.
Mais on la trouve aussi dépeinte avec des poissons, dans quelques médailles, ce qui revient au nom de Dagon, dérivé de la racine Dag, un poisson. Dans une de ces médailles, qui est de la ville de Syracuse, les poissons au nombre de quatre, sont rangés sur le champ de la médaille, autour de la tête de la déesse, qui est couronnée de fruits. Dans une autre, les poissons se voient autour d’un taureau qui est sur le revers d’une médaille, aussi de Syracuse avec la tête de Cérès. Dans Philon de Biblos, Dagon est frère de Saturne, comme dans les auteurs grecs, Cerès est sœur du même Saturne. Cerès jouit des embrassements de son frère, selon les Grecs ; Atergatis est sœur du même Saturne, selon Philon de Biblos.
Enfin, on décrit quelquefois Cérès avec les attributs de la déesse Isis des Égyptiens, à qui l’on attribuait de même l’invention de l’agriculture, du froment et des fruits, et que l’on honorait comme la Lune. Dans une statue antique de Cérès, trouvée à Toul, on remarque des épis autour de sa tête, en forme de cheveux ou de rayons.
Bérose, parlant d’Oannès, dit qu’il avait le corps et la tête de poisson ; qu’au-dessus de cette tête, il y en avait une autre, et qu’au-dessous de la queue du poisson, il paraissait des pieds d’homme. C’est là , dit-on la véritable figure de Dagon, qui avait différents noms dans différents pays. On trouve une médaille égyptienne, qui représente une femme à demi-corps, avec des mains tenant la corne d’abondance, et avec une queue de poisson, recourbée par derrière, ayant aussi des pieds faits comme ceux du crocodile ou du veau marin. Telle pouvait être la figure de la déesse Dagon. Les rabbins varient sur sa figure, parce qu’ils ne parlent qu’en devinant : les uns lui donnent le haut de l’homme et le bas du poisson ; d’autres, au contraire, le haut du poisson et le bas de l’homme ; d’autres le font tout homme ou tout poisson.
Diodore de Sicile dit qu’à Ascalon, ville de la Palestine, on adorait Dercéto, ou Atergatis, sous le visage d’une femme, ayant tout le bas d’un poisson, à -peu-près comme on dépeint les Néréïdes. Près d’Ascalon, il y avait un étang fort profond, rempli de poissons consacrés à cette déesse, et dont les peuples de la ville s’abstiennent par superstition, croyant que Vénus s’étant autrefois jetée dans cet étang, y fut métamorphosée en poisson.
Hérodote raconte que les Scythes ayant fait irruption dans la Palestine, dans le dessein de se jeter dans l’Égypte, Psammétichus, roi d’Égypte, détourna ce coup par de grandes sommes d’argent qu’il leur apporta. Quelques Scythes s’étant jetés dans Ascalon, y pillèrent le temple de la déesse Vénus la Céleste, qui est un des plus anciens temples du monde que l’on connaisse. La déesse, irritée, leur envoya une maladie honteuse et douloureuse, les hémorroïdes, qui passa à leur postérité, en punition du sacrilège qu’ils avaient commis contre la déesse. On voit ici qu’Hérodote appelle Vénus la Céleste, la même déesse que les autres nomment Atergatis ou Dercéto, et que nous croyons être Dagon.
Saumaise croit que Dagon est le même que Ceto, grand poisson marin ; que Ceto, ou le monstre marin auquel Andromède fut exposée à Joppé, et que la déesse Dercéto des Ascalonites, ne sont qu’une même divinité. Selden veut qu’Atergatis soit la même que Dagon, et que son nom d’Atergatis dérive de l’hébreu Adir-Dagan, magnifique poisson. Le nom de magnifique est souvent donné au vrai Dieu et aux fausses divinités. Diane, la Persane, ou Vénus, fut, dit-on changée en poisson, en se jetant dans les eaux de Babylone.