Un mot équivoque est celui qui exprime deux choses toutes différentes, par exemple, dans l’Écriture le mot de père, signifie le père dans son acception naturelle, et l’aïeul, le bisaïeul, l’auteur d’une race, d’une génération ; d’une famille ; ainsi Adam est père de tous les hommes. Père se prend aussi pour le maître, l’inventeur ; par exeinpie, on dit que (Genèse 4.21) Jubal est le père de tous les joueurs d’instruments. Le nom de père peut aussi marquer un homme que l’on respecte, aussi Hiram, roi de Tyr, donne le nom de père à un habile ouvrier qu’il envoye à Salomon, etc. (2 Chroniques 2.13). Les termes de frères et de sœurs sont de même très-équivoques dans la langue sainte ; et ils signifient non-seulement le frère et la sœur, dans l’acception commune et naturelle, mais aussi les cousins et cousines, les parents proches et éloignés, ceux de la même nation, et même l’ami et l’amie, l’époux et l’épouse. Voyez (Cantique 8.1-8 10), etc. Notre Sauveur a quelquefois usé d’équivoque, mais sans dessein de tromper ; par exemple, lorsqu’il a dit (Jean 11.11) : Lazare notre ami dort ce qu’il entendait du sommeil de la mort : et ses disciples, du sommeil ordinaire. Et ailleurs (Jean 2.19) : Abattez ce temple, et je le rebattrai dans trois jours ; ce qu’il entendait de son corps qu’il devait ressusciter dans trois jours ; au lieu que les Juifs l’entendaient du temple du Seigneur, qu’ils croyaient que Jésus-Christ promettait de rebâtir dans trois jours.
Les patriarches ont quelquefois usé d’équivoques, dans des cas où ils paraissaient avoir envie de tromper ; par exemple, lorsque Abraham dit que Sara est sa sœur, et lorsque Isaac dit la même chose de Rebecca : ceux à qui ils parlaient l’entendaient sans doute dans le sens naturel, et comme voulant dire que Sara n’était pas l’épouse d’Abraham, ni Rebecca l’épouse d’Isaac ; et, quoique l’Écriture rapporte ces exemples, elle n’entend pas toutefois les justifier. La religion condamne tout mensonge, mais elle ne condamne pas toute équivoque. Il y a certaines équivoques qui ne trompent personne, et qui se disent sans envie de tromper ; il y en a d’autres qui se mettent au nombre des facéties et des bons mots, que la morale n’exclut pas de la conversation, comme ne blessant ni la vérité, ni la charité, ni la bonne foi, ni la justice.