Vient du grec eunouchos, qui signifie un homme qui a la garde du lit : parce qu’ordinairement, dans les cours des rois d’Orient, on confiait à des eunuques la garde des lits et des appartements des princes et des princesses ; mais principalement des princesses qui, comme on le sait, vivent fort resserrées, et fort éloignées de la vue et de la compagnie des hommes. Le terme hébreu saris, signifie un véritable eunuque, soit qu’il soit né tel naturellement, ou qu’il ait été fait eunuque par la main des hommes. Mais assez souvent ce terme, de même que le grec eunouchos, et le latin eunuchus, se prennent dans l’Écriture pour un officier d’un prince, servant à sa cour, et occupé dans l’intérieur du palais ; soit qu’il fût réellement eunuque, ou non. Ce nom était un nom d’office et de dignité ; et encore aujourd’hui, dans la cour des rois de Perse et et des Turcs, les premiers emplois de la cour sont possédés par de vrais eunuques. Putiphar, eunuque de Pharaon, et maitre de Joseph, avait femme et enfants (Genèse 39.1-7 ;41.45).
Dieu avait défendu à son peuple de faire des eunuques, et de couper même les animaux (Lévitique 22.24) ; il avait dit dans le Deutéronome (Deutéronome 23.1), que celui dans lequel ce qui est destiné à la conservation de l’espèce, aura été coupé ou froissé, ou retranché, n’entrera point dans l’assemblée du Seigneur. On explique ces paroles diversement. Les uns croient que par là Dieu défend aux eunuques de se marier à des Israélites d’autres, que Dieu leur défend l’entrée de son temple ; d’autres, qu’il leur interdit les charges de magistrature. Mais il est plus croyable que Dieu les excluait simplement des prérogatives extérieures attachées à la qualité d’Israélites et de peuple du Seigneur. Ils étaient regardés clans la république comme des bois arides et inutiles (Isaïe 56.3). Mais cela n’empêchait pas que ceux qui étaient fidèles observateurs de la loi de Dieu, n’eussent part au bonheur, et aux récompenses des justes (Isaïe 56.4).
Il y avait des eunuques dans la cour des rois de Juda et d’Israël, des officiers nommés sarisim (1 Samuel 8.15 ; 1 Rois 22.9 ; 2 Rois 9.32 ; 24.12-15 ; 1 Chroniques 28.1), eunuques mais c’étaient apparemment des esclaves des peuples étrangers, ou, si c’étaient des Hébreux, le nom d’eunuques qu’on leur donne, marque simplement leur office et leur dignité.
Notre Sauveur dans l’Évangile (Matthieu 19.12) parle d’une sorte d’eunuque, différente de celle dont on vient de parler ; ce sont ceux qui se sont faits eunuques pour le royaume des cieux, c’est-à-dire qui, par un motif de religion, ont renoncé au mariage, et à l’usage de tontes sortes de plaisirs de la chair. Origènes et quelques anciens hérétiques avaient autrefois pris les paroles de Jésus-Christ à la lettre, et prétendaient qu’il conseillait de se faire eunuque pour gagner le royaume du ciel.
Eunuque de La reine Candace. Voyez Philippe, diacre.