Examem en matière de religion.
Les ennemis de l’Église l’ont accusée d’interdire l’examen de ses croyances et de ses enseignements, et ils ont revendiqué ce qu’ils appellent le droit d’examen. Cette accusation n’est pas plus fondée que beaucoup d’autres qui viennent de la même source. La vérité est que l’Église considère l’examen comme un devoir, et qu’elle exhorte à le remplir. L’Église mosaïque, sur laquelle est entée l’Église catholique, recommandait aussi la pratique de ce devoir. On trouve même l’examen dans l’Église patriarcale d’un côté nous voyons les promesses de Dieu, de l’autre leur accomplissement, puis l’examen proclamant Dieu fidèle à ses promesses, à sa parole. C’est ainsi que, sous ce rapport, on trouve, pour ainsi dire, à chaque page de la Bible l’examen s’exerçant chez le peuple de Dieu. Moïse ne limite pas l’examen aux preuves de la vraie religion, it l’étend à la comparaison de la religion vraie avec les religions fausses. Quelle est, dit-il (Deutéronome 4.7-8), la nation, si puissante qu’elle soit, qui ait des dieux si près d’elle comme nous avons notre Dieu présent à toutes nos prières ? Oui, quelle est cette célèbre nation qui ait (comme nous) des cérémonies, lois justes et toute une doctrine semblabe à celle que je vous propose aujourd’hui ?
Et Josué, ayant rassemblé solennellement toutes les tribus, leur dit (Josué 24.15) : S’il vous semble que ce soit un malheur pour vous de servir le Seigneur, vous êtes libres ; choisissez aujourd’hui qui vous plaira de servir, ou les dieux qu’ont servis vos ancêtres dans la Mésopotamie, ou les dieux des Amorrhéens dont vous habitez le pays.
Examinez, dit Isaïe (Isaïe 36.16), examinez avec soin le livre du Seigneur, et lisez ; vous trouverez qu’aucune des choses que j’annonce ne manquera…
Jésus-Christ engage les Juifs incrédules à examiner les Écritures, afin d’y puiser les preuves qu’il est le Messie. Examinez, leur dit-il (Jean 5.39), les Écritures… elles rendent témoignage de moi. Quand il dit : Si je n’avais fait parmi eux des œuvres que nul autre n’a faites, ils ne seraient point coupables d’incrédulité ; il leur reproche de n’avoir point examiné ses œuvres divines.
Les Juifs de Béroé, plus nobles que ceux de Thessalonique, dit le livre des Actes (Actes 17.11), reçurent la prédication de l’Évangile avec beaucoup d’affection et d’ardeur, examinant tous les jours les Écritures, pour vérifier si ce qu’on leur disait était véritable.
Saint Paul (Romains 12.2) exhorte les fidèles à se transformer, par un renouvellement de l’esprit, afin de bien apprécier, ce que Dieu veut, ce qui lui est agréable, ce qui est bon et parfait. Il les appelle fils de lumière et leur dit encore : N’agissez point imprudemment, niais appliquez-vous à connaître quelle est la volonté de Dieu (Éphésiens 5.8-17).
Et saint Pierre nous fait une loi d’être toujours prêts à répondre, pour notre justification, à quiconque nous demandera des explications sur les espérances qui naissent de notre foi (1 Pierre 3.15).
L’Église a constamment tenu le même langage. Depuis Jésus-Christ jusqu’à Grégoire XVI qui le représente et le continue aujourd’hui parmi nous, et depuis le pape jusqu’au catéchiste, elle veut que tous sachent rendre raison de leur foi et de leurs espérances : c’est pourquoi elle a des écoles, des docteurs, des missionnaires. Les premiers prédicateurs du christianisme ont dit : Voilà ce que nous vous annonçons ; comparez, examinez, choisissez. Les païens, qui suivaient des religions humaines, ont d’abord tué les prédicateurs de la religion divine ; ces évangélistes furent bientôt et sans cesse remplacés par d’autres qui eurent le même sort ; enfin les païens ont comparé, examiné, puis, la grâce de Dieu survenant, ils ont choisi la religion divine. Il en fut ainsi, il en est encore ainsi, soit qu’on enseigne le catholicisme aux nouvelles genérations dans les pays où il est établi, soit que ses héros aillent l’annoncer aux peuples plongés encore dans les ombres de la mort. Voilà ce qui s’est fait, voilà ce qui se continue : c’est l’Église prescrivant le devoir : de comparer, d’examiner, en un mot, de connaître, puis facilitant à chacun l’accomplissement de ce devoir, absolument nécessaire au salut. Voyez miracle.