La langue grecque est la langue originale de la plupart des livres du Nouveau Testament, à l’exception de saint Matthieu. Tous les évangélistes ont écrit en grec. Saint Luc, saint Paul, saint Pierre, saint Jacques, saint Jude, ont écrit de même ; mais, à l’exception de saint Luc, les auteurs sacrés du Nouveau Testament ont suivi la manière d’écrire des Hellénistes, c’est-à -dire des Hébreux grécisants, en mêlant une infinité de manières de parler et de tours propres à la langue hébraïque et à la syriaque, fort éloignés du tour et de l’esprit de la langue grecque ; à -peu-près comme un homme qui mettrait en latin un discours français, en suivant le génie de la langue française : on pourrait dire de lui qu’il parle latin, mais non pas latine. Depuis le règne et les conquêtes d’Alexandre le Grand, la langue grecque devint la langue commune et de commerce de presque tout l’Orient. Et comme les auteurs sacrés avaient principalement en vue la conversion des Juifs répandus dans les provinces d’Orient, il était tout naturel qu’ils leur écrivissent en grec.
Dans les livres des Machabées, lingtta patria (2 Machabées 7.8-27 ; 12.37 ; 15.29) signifie la langue syrienne et hébraïque, par opposition à la langue grecque, qui était celle des officiers du roi Antiochus, qui persécutait les Juifs.
Comme il se trouvait d’ordinaire, aux fêtes solennelles des Juifs à Jérusalem, des gens de toutes les nations et même de toutes les religions, Pilate fit mettre sur la croix du Sauveur l’inscription qui marquait le motif de sa condamnation, en hébreu, ou syriaque, en grec et en latin (Jean 19.20 Luc 23.38) ; parce que c’étaient les trois langues le plus généralement connues dans l’empire romain, et surtout dans la Palestine.
De là vient aussi qu’en ce temps-là plusieurs Juifs avaient deux noms, l’un grec et l’autre hébreu ; d’autres grécisaient leur nom hébreu, et lui donnaient au moins une terminaison latine. Par exemple, de Jésus ils faisaient Jason, de Saul, ou Saulus, ils faisaient Paulus. Saint Pierre s’appelait en hébreu Simon, ou Siméon, et en grec Petros. Saint Thomas avait ce nom, qui est hébreu, et celui de Didymus, qui signifie la même chose en grec. Salomé avait aussi le nom d’Alexandra, qui signifie à -peu-près la même chose.
Dans les livres des Machabées, le nom de Grecs se met communément pour Gentils et idolâtres. Par exemple (2 Machabées 11.21) : J’ai appris que les Juifs n’avaient pas voulu se conformer à la volonté de mon père en passant dans les rits des Grecs, pour embrasser le culte des Grecs et leur idolâtrie. Et ailleurs (2 Machabées 4.15) : Les prêtres méprisaient les honneurs de leur nation, et recherchaient les honneurs des Grecs. Patrios quidem honores nihil habentes, grœcas glorias optimas arbitrabantur. l’honneur du sacerdoce et de ses fonctions ne les touchait point, ils aspiraient à des honneurs qu’on acquiert dans les jeux publics, etc.
Le règne des Grecs, marque celui d’Alexandre le Grand, et celui des rois de Syrie et d’Égypte, ses successeurs. Et l’année des Grecs (1 Machabées 1.11), marquée dans les livres des Machabées, est l’ère des Séleucides, qui commence en l’an du monde 3692, la première année de la 117e olympiade, et 312 ans avant l’ère vulgaire, ou 308 avant la vraie époque de la naissance de Jésus-Christ. Mais il est à remarquer que Josèphe, les Juifs, et l’auteur du premier livre des Machabées commencent l’ère des Séleucides au mois de pisan, qui est le premier de l’année sainte chez les Juifs, et qui répond à la lune de mars ; au lieu que l’auteur du second livre des Machabées en prend le commencement au mois de tizri, qui répond à la lune de septembre ; les Grecs et les Arabes la prennent, de même. Mais les Chaldéens la prennent du printemps 4e l’année suivante. Ainsi les Chaldéens reculent de six mois le commencement de l’année des Grecs, et les Juifs l’anticipent da six mois.