On donne ce nom à un grand ouvrage composé par Origène, dans lequel il avait ramassé toutes les versions grecques de l’Écriture qui avaient jusqu’alors été faites : savoir, celle des Septante, d’Aquila, de Symmaque, de Théodotion, et une cinquième version trouvée à Jéricho en 217, et une sixième trouvée à Nicopolis en 228. Ces six versions étaientdisposées en six colonnes vis-à-vis l’une de l’autre, afin que d’un coup d’œil on pût remarquer en quoi elles étaient conformes ou différentes ntre elles et pour les confronter plus facilement avec l’hébreu, Origène mit à leur tête l’hébreu en lettres hébraïques, et le même texte en lettres grecques dans deux colonnes, qui répondaient aux six versions dont nous venons de parler. De manière qu’il y avait en tout huit colonnes : deux pour l’hébreu, et six pour les six versions grecqués. Il y avait même une septième version qui ne contenait que les psaumes ; mais on n’y eut point égard dans la dénomination des Hexaples. Les deux colonnes de l’hébreu firent qu’on donna quelquefois à ce travail le nom d’Octaple, à cause des huit colonnes.
Cet ouvrage ne subsiste plus en son entier, et c’est la plus grande perte qu’on ait faite dans l’Église, que celle de ce travail immense. Les anciens Pères nous en ont conservé divers fragments. Eusèbe, saint Chrysostome, Théodoret, et les autres Pères Grecs, et saint Jérôme parmi les Latins, ont souvent cité les Hexaples, et ont confronté les passages de l’Écriture suivant les diverses versions contenues dans cet ouvrage. Quelques modernes en ont ramassé les fragments : entre autres, Drusius, qui en a donné un volume assez gros, in-8°. Mais le R. P. de Monfaucon, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, a poussé ses recherches beaucoup plus loin, et en a donné deux volumes in-folio en 1713. Il y a joint des prolégomènes où il explique l’histoire et la forme des Hexaples.
Avant que de composer ses Hexaples, Origène avait composé les Tétraples c’est-à-dire, le recueil des quatre principales versions de l’Écriture qui sont celles des Septante, d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. Tétraple signifie proprement un composé de quatre rangs, ou quatre doubles.
On croit qu’Origène commença ce grand ouvrage des Hexaples vers l’an 231 ; mais on ne peut pas dire au juste quand il l’acheva ; un travail d’aussi longue haleine ne pouvant s’exécuter que dans un assez longtemps.