Jean Hircan, fils de Simon Machabée. On croit que le nom de Hircan lui fut donné, selon les mémoires qui sont imprimés en arabe à la fin de la Polyglotte de M. le Jeay, à cause de la victoire qu’il avait remportée contre Hircan, que les livres des Machabées (1 Machabées 15.38-39) et Josèphe appellent Cendebée. Joseph, fils de Gorion, dit que le fils aîné de Simon s’appelait Hircan, et qu’après sa mort, on donna ce nom à Jean, son second fils. Eusèbe, Sulpice-Sévère et d’autres encore ont cru que le nom d’Hircan lui était venu d’une victoire qu’il avait remportée sur les Hircaniens, peut-être dans l’expédition où il accompagna Antiochus Sidétès au delà de l’Euphrate. Tout cela n’est pas fort certain. Il est sûr que le nom d’Hircan n’était pas alors inconnu ni nouveau parmi les Hébreux (2 Machabées 3.11).
Le grand prêtre Simon, qui était aussi prince des Juifs, donna à Jean Hircan, son fils, le gouvernement des frontières de la Judée, du côté de la mer (1 Machabées 12.54). Hircan avait son quartier ordinaire à Gazare, et le roi Antiochus Sidétès étant venu assièger Dora, où Tryphon s’était sauvé, envoya Cendebée, un de ses généraux, contre les Juifs, avec ordre de se saisir de Gazare, et de réduire les Juifs à l’obéissance (1 Machabées 15.38-40). Jean Hircan en donna aussitôt avis à son père Simon, qui demeurait à Jérusalem (1 Machabées 15.1-2). Alors Simon, ayant fait venir ses deux fils, Hircan et Judas, leur donna vingt mille hommes de pied et de la cavalerie, et les envoya contre Cendébée. Dès que les deux armées furent en présence et que l’on eut fait retentir les trompettes sacrées dans l’armée des Juifs, Cendebée prit la fuite avec toutes ses troupes. Jean et Judas les poursuivirent, et en tuèrent un grand nombre.
Quelque temps après, Simon ayant été malheureusement tué en trahison par Ptolémée, son gendre (1 Machabées 16.11-22), Jean Hircan et Judas en furent avertis assez à temps pour prévenir les embûches qu’il leur tendait et pour empêcher qu’il ne se rendît maître de Jérusalem. Ils l’allèrent même assièger dans son château de Doc, près de Jéricho, où il avait assassiné Simon ; mais Ptolémée faisant battre à coups de verges la mère et les deux frères de Jean et de Simon lorsqu’ils voulaient donner l’assaut, la compassion et la tendresse des deux frères les empêchèrent de presser le siège, et l’année sabbatique étant venue, ils se retirèrent, et Ptolémée se sauva à Philadelphie. C’est ce que raconte Josèphe. Mais d’habiles critiques tiennent tout ce récit pour fabuleux.
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’après la mort de Simon, Jean Hircan fut reconnu pour prince de sa nation, et pour grand prêtre. Et le roi Antiochus Sidétès, ayant été informé que Sirnon n’était plus à la tête des affaires des Juifs, se disposa à marcher contre Jérusalem. Il en fit le siège, et se campa au septentrion de la ville, qui était l’endroit par où elle était plus accessible. Hircan fit une vigoureuse défense, et dans une sortie il repoussa les ennemis assez loin de la ville, et ruina leurs tours et leurs travaux.
La fête des Tabernacles étant arrivée, Hircan envoya demander au roi une suspension d’armés jusqu’après la solennité. Antiochus l’accorda, et envoya même des victimes et de riches présents. Cette libéralité du roi engagea Hircan à lui faire des propositions de paix. Les propositions furent agréées. Antiochus entra dans la ville, et Hircan lui donna une grande somme d’argent. Josèphe dit que le roi fit abattre les créneaux des murailles, et assujettit les Juifs à lui payer certains tributs. On dit que ce fut dans cette occasion que Hircan fit fouiller dans le tombeau de David, et qu’il en tira de grandes richesses. Voyez ce que nous avons dit sur le tombeau de David, à la fin de l’article de ce prince.
Trois ans après qu’Autiochus Sidétès fut de retour dans son pays, il résolut de faire la guerre à Phraates, roi des Parthes. Il invita Hircan à y aller avec lui. Les commencements de cette guerre furent fort heureux pour Antiochus ; il battit trois fois les Parthes, et prit Babylone ; mais ses troupes s’étant rendues odieuses et insupportables par leurs excès, les peuples se soulevèrent, et firent main basse sur l’armée du roi, qui était dispersée dans ses quartiers d’hiver. Il est remarqué que pendant cette guerre l’armée du roi fut obligée de demeurer deux jours en un endroit, à cause des Juifs, qui voulaient observer le repos du sabbat. Hircan, voyant la défaite de l’armée d’Antiochus, retourna en Syrie, et prit Alep, Médaba, Samega, Sichem, et détruisit le temple que Sanaballat avait bâti sur le mont Garizim, revint heureusement à Jérusalem, et secoua entièrement le joug des Syriens, et se mit dans une entière liberté.
L’année suivante il fit la guerre aux Iduméens, les vainquit, les obligea à recevoir la circoncision et les autres pratiques des Juifs, et ils demeurèrent dans cet usage jusqu’après la ruine de Jérusalem et du temple par les Romains. Il députa ensuite des ambassadeurs à Rome, pour renouveler l’alliance avec le peuple romain, et quelques années après il entreprit le siège de Samarie, et en confia la conduite à Antigone et Aristobule, ses fils, qui donnèrent dans cette guerre beaucoup de marques de leur valeur et de leur conduite. Samarie fut prise après environ un an de siège. Hircan fit ruiner la ville, et elle ne fut rétablie qu’assez longtemps après, sous Gabinius.
Après avoir réduit Samarie, il se trouva maître de toute la Galilée et de plusieurs places frontières, et devint par là un des plus puissants princes des environs : aucun de ses voisins n’osa plus s’attaquer à lui, et il passa le reste de ses jours dans un parfait repos, par rapport aux affaires du dehors ; mais il eut quelques chagrins au dedans de la part des pharisiens. Ces gens-là avaient acquis une réputation qui leur donnait beaucoup d’empire sur l’esprit du peuple. Hircan avait tâché, par toutes, sortes de moyens, de les mettre dans ses intérêts : il avait été nourri parmi eux, et avait toujours fait profession de leur secte ; il leur donnait en toute occasion de preuves de sa bienveillance.
Un jour qu’il avait invité leurs chefs à un régal magnifique, il les pria, après le repas, de lui dire s’il avait commis dans la conduite de sa vie quelque chose qui fût contraire à la justice ou à la religion, selon les maximes reçues et enseignées dans leur secte. Dès qu’il eut fini de leur parler, tous commencèrent à louer sa conduite, et à lui donner les éloges dus à un brave homme et à un bon et juste gouverneur. Hircan reçut avec joie les applaudissements que les pharisiens lui donnèrent, et qu’il croyait avoir mérités par sa conduite.
Mais quand les autres curent cessé de parler, Eléazar, qui n’avait rien dit jusqu’alors, se leva, et, adressant la parole à Hircan, dit : Puisque vous souhaitez qu’on vous dise la vérité librement, si vous voulez montrer que vous êtes juste, quittez la souveraine sacriticature, et contentez-vous du gouvernement civil de la nation. Hircan lui demanda quelles raisons il avait de lui donner ce conseil : Parce, répliqua-t-il, que nous savons, sur le témoignage de personnes âgées parmi nous, que votre mère était une captive, et qu’en qualité de fils d’une étrangère vous êtes incapable par la loi de posséder cette charge.
Josèphe assure que le fait était faux, et que tous les assistants blâmèrent extrêmement celui qui l’avait avancé, et en marquèrent fortement leur indignation. Hircan en fut si outré, qu’il résolut de s’en venger avec éclat. Jonathan, son ami intime et zélé saducéen, profitant de la disposition où il le voyait, l’anima fortement contre le parti des pharisiens, et lui persuada de l’abandonner pour embrasser celui des saducéens. Voici comme il s’y prit pour cela. Il insinua à Hircan que ce n’était pas une saillie d’Eléazar, mais un coup concerté par toute la cabale dont Etéazar n’avait été que l’organe, et que pour s’en convaincre il n’avait qu’à les consulter sur la punition que méritait le calomniateur ; qu’il verrait, s’il voulait bien en faire l’expérience, par leur ménagement pour le criminel, qu’ils étaient tous ses complices.
Hircan suivit son avis, et consulta ces chefs des pharisiens sur la punition que méritait celui qui avait ainsi diffamé le prince et le souverain sacrificateur de son peuple, s’attendant qu’ils le condamneraient sans doute à mort. Mais leur réponse fut que la calomnie n’était pas un crime capital, et que toute la punition qu’elle méritait n’allait qu’au fouet et à la prison. Cette douceur, dans un cas si grief, fit croire à Hircan que tout ce que Jonathan lui avait insinué était vrai, et il devint ennemi mortel de toute la secte des pharisiens, et défendit d’observer les commandements qui n’étaient fondés que sur leur prétendue tradition, infligea des peines à ceux qui contres, endraient à son ordonnance, et abandonna entièrement leur parti pour se jeter dans celui des saducéens.
Hircan ne survécut pas beaucoup à cette bourrasque, car il mourut l’année suivante, du monde 3898, avant Jésus-Christ 102, avant l’ère vulgaire 106, après vingt-neuf ans de pontificat. Josèphe dit qu’il fut favorisé du don de prophétie, et qu’il prédit que ses deux fils aînés, Aristobule et Antigone, ne lui survivraient pas longtemps, et que la succession passerait à Alexandre, qui n’était que le troisième. Il connut aussi par révélation le moment auquel Antiochus de Cyzique, avec lequel ses deux fils étaient à la guerre, remporta la victoire, quoiqu’il fût à deux journées du lieu où se donnait le combat.
On lui attribue aussi le bâtiment du château nommé Baris, qui servit ensuite de palais aux princes asmonéens tant qu’ils conservèrent la souveraineté parmi les Juifs. Ce palais était bâti sur un roc escarpé de cinquante coudées de haut, hors de l’enceinte du carré du temple et sur la même montagne. Il était carré, ayant deux stades de tour. C’était là où se gardaient les habits pontificaux que le grand prêtre prenait dans les grandes solennités. C’est là où le grand Hérode bâtit dans la suite la tour Antonia. Voyez ci-devant Baris.
Fils de Joseph et neveu du petit-fils du grand sacrificateur Onias II. Joseph, son père, était receveur des tributs du roi d’Égypte, et avait plusieurs fils ; mais il affectionnait principalement Hircan, parce qu’il lui trouvait plus d’esprit et d’industrie qu’à ses autres enfants. Joseph avait eu ce fils de sa propre nièce, et voici comme Josèphe l’historien raconte la chose. Joseph étant un jour allé à Alexandrie pour les affaires de sa recette, son frère Solymius l’y accompagna, et y mena une de ses filles qu’il avait dessein de marier à Alexandrie, s’il trouvait parmi les Juifs du lieu quelque parti qui lui convint. Quand ils y furent arrivés, Joseph devint éperdument amoureux d’une jeune fille qu’il y vit danser. Il avoua cette faiblesse à son frère, et le pria de lui aider à avoir cette jeune fille, mais de le faire si secrètement que sa réputation n’en souffrit point. Solymius le promit ; mais au lieu de la danseuse il mit sa propre fille dans le lit de sou frère. Joseph, ayant un peu bu, ne s’aperçut point que c’était sa nièce. Cette intrigue dura encore quelque temps sans que Joseph s’aperçût de rien. La passion de Joseph, au lieu de diminuer, s’augmentait tous les jours. Il avoua à son frère qu’il appréhendait de ne pouvoir se surmonter sur cet article, et que sa plus grande peine était que la loi (Exode 24.16 ; Deutéronome 7.3 ; 1 Rois 11.2 ; Esdras 9.10 ; Néhémie 10.30 ; 14.25) ne lui permettrait pas d’épouser cette fille, parce qu’elle était étrangère ; et que quand la loi le lui permettrait, le roi n’y consentirait jamais.
Là-dessus son frère lui découvrit toute l’affaire, et lui dit que cette personne pour qui il avait tant de passion était sa propre nièce, qu’il ne tenait qu’à lui de l’épouser ; que ce qu’il avait fait était pour l’empêcher de commettre un péché aussi scandaleux que celui d’avoir avec une étrangère un commerce expressément défendu par la loi ; qu’il avait mieux aimé faire tort à sa propre fille que de l’exposer lui-même à cette infamie. Joseph fut touché de l’amitié de son frère ; il lui en témoigna sa reconnaissance, et en même temps épousa sa fille, dont il eut l’année suivante Hircan, dont nous parlons ici.
La loi de Moïse (Lévitique 18.12-13 ; 20.19), à la vérité, défend le mariage de la tante avec son neveu, mais non pas de l’oncle avec sa nièce. La raison qu’en donnent les écrivains juifs est que la tante, à l’égard du neveu, étant en même ligne que la mère, a naturellement la supériorité sur lui, et que cette supériorité naturelle ne pourrait pas subsister dans le mariage où la femme est un degré au-dessous. Ainsi le mariage du neveu avec sa tante serait une espèce de renversement de l’ordre de la nature ; mais le mariage de l’oncle avec la nièce n’est pas sujet aux mêmes inconvénients, car chacun y conserve à l’égard de l’autre le rang de l’ordre où la nature l’a placé.
Un jour Joseph envoya Hircan à sept journées de chemin de chez lui, avec trois cents paires de bœufs et des domestiques pour ensemencer un grand terrain. Mais Joseph, pour éprouver l’esprit de son fils, ôta les traits avec quoi on attache les bœufs à la charrue, en sorte que, quand on fut arrivé à l’endroit marqué, les laboureurs, n’ayant point trouvé de traits, voulaient envoyer quelqu’un pour en demander au maître ; mais Hircan rejeta ce conseil, fit tuer dix paires de bœufs, en distribua la chair à ses ouvriers, et employa les cuirs à faire des liens et des traits pour ses charrues. À son retour, son père loua sa sagesse, et lui sut bon gré de ce qu’il avait fait.
Quelque temps après Ptolémée Philopator, roi d’Égypte, ayant eu un fils de son épouse Eurydice, tous les gouverneurs de provinces et les receveurs des tributs du roi allèrent à Alexandrie lui faire leurs compliments et faire leurs présents pour la-naissance du jeune prince Ptolémée Épiphane. Joseph y envoya Hircan, le plus jeune de ses fil, avec des lettres adressées à Arion, son agent à Alexandrie, afin qu’il lui donnât de quoi faire un présent au roi et à la reine. Les autres envoyés avaient donné les uns plus, les autres moins, mais aucun n’avait offert au delà de la valeur de vingt talents. Hircan, voulant les surpasser tous en libéralité, contraignit Arion à lui donner mille talents, avec lesquels il acheta cent jeunes garçons qu’il présenta au roi, et autant de jeunes filles très-bien faites dont il fil présent à la reine.
Son présent fut très-bien reçu, et lorsqu’il voulut partir le roi lui donna des lettres de recommandation pour son père et pour ses frères. Ceux-ci, irrités de la dépense excessive qu’il avait faite à Alexandrie, lui dressèrent des embûches sur le chemin ; mais il se défendit si bien, qu’il tua deux de ses frères, et dissipa ceux qui en voulaient à sa vie. Étant venu à Jérusalem, et voyant que personne ne le voulait recevoir, il se retira au delà du Jourdain, où il passa le reste de sa vie dans une fort belle maison qu’il s’était bâtie eu un lieu nommé Tyr, s’occupant à lever les tributs sur les Arabes, et les contraignant à les payer par la force des armes et en leur faisant la guerre. Il y demeura pendant les sept dernières années du règne de Séleucus Philopator : mais voyant qu’Antiochus Épiphane s’était mis en possession du royaume de Syrie, et craignant que ce prince ne le recherchât pour les maux qu’il avait faits aux Arabes, il se tua lui-même, et Antiochus Épiphane confisqua tous ses biens.
C’est de cet Hircan qu’il est parlé dans le second livre des Machabées (2 Machabées 3.11-12), et qui y est nommé Hircan, fils de Tobie, parce qu’en effet il était petit-fils de Tobie, et propre fils de Joseph. Lorsque Héliodore voulut enlever les trésors du temple par ordre du roi Séleucus, on lui dit que la plus grande partie des richesses qui y étaient étaient un dépôt d’Hircan, fils de Tobie, receveur des tributs du roi.
Fils aîné d’Alexandre Jannée, roi des Juifs et frère d’Aristobule, Asmonéen. Après la mort d’Alexandre Jannée, sa femme Alexandra ou Salomé s’empara de la régence, qu’elle posséda pendant neuf ans, donna la grande sacrificature à Hircan, et laissa Aristobule sans emploi. Aussitôt qu’elle fut morte, Aristobule amassa des troupes, et se rendit maître des principaux forts du pays ; en sorte qu’il ne lui manquait, pour ainsi dire, que le nom et les ornements du roi. Hircan demeura toutefois en possession de la royauté pendant trois ans, ou, comme dit Josèphe eu un endroit, pendant trois mois. Après un combat qui se donna près de Jéricho entre les troupes d’Hircan et celles d’Aristobule, où celles d’Hircan furent battues, celui-ci se retira dans la citadelle de Jérusalem, et ceux de son parti se retirèrent dans le temple ; mais Aristobule, étant entré dans. Jérusalem, se rendit bientôt maître du temple, et on commença à traiter des conditions de paix entre les deux frères. Il fut arrêté qu’Aristobule jouirait des honneurs de la royauté et de la souveraine sacrificature, et qu’Hircan demeurerait simple particulier, jouissant en paix des biens qui étaient à lui.
Mais cette paix ne dura pas longtemps ; Antipater, ami d’Hircan, ne cessa de le solliciter de se retirer, et de se mettre à couvert des pièges que lui tendait Aristobule, qu’il ne l’eût déterminé à se ranger sous la protection du roi des Arabes. Antipater fut envoyé secrètement chez ce prince, pour le disposer à donner retraite à Hircan. Quelque temps après il revint à Jérusalem, et ayant pris Hircan, il le mena à Pétra, chez Arétas, roi d’Arabie. Antipater se mit ensuite à presser Arétas de rétablir Hircan sur le trône de Judée. Il employa, pour l’y engager, les présents, les prières, et les promesses, et Arétas se résolut enfin de prendre son parti et de déclarer la guerre à Aristobule. On en vint à un combat, où Aristobule fut vaincu et contraint de se sauver à Jérusalem, et ensuite dans le temple, où il fut assiégé par Hircan et par l’armée des Arabes.
Pendant ce temps-là, Scaurus, chef de l’armée romaine, arriva à Damas, et ayant reçu des ambassades, tant de la part d’Hircan que de colle d’Aristobule, qui lui demandaient son secours et lui offraient de grosses sommes d’argent, Aristobule ayant offert quatre cents talents, pendant qu’Hircan en offrit beaucoup moins, Scaurus prit le parti d’Aristobule, et écrivit à Hircan et à Arétas, les menaçant des armes romaines, et de Pompée, s’ils ne se retiraient incessamment de Jérusalem. Arétas obéit sans peine, et Aristobule, ayant fait une sortie sur les troupes d’Hircan, lui tua environ sept mille hommes.
L’année suivante, Pompée vint lui-même à Damas, où il reçut des ambassades d’Aristobule et d’Hircan. Pompée ordonna que ces deux princes viendraient en personnes lui rendre compte de leur conduite. Après qu’il les eut ouïs, il les renvoya, et leur dit qu’il viendrait lui-même dans leur pays, et qu’il y viderait leur différend. Il s’y rendit en effet peu de temps après, et fit le siège de Jérusalem, Hircan fournissant abondamment aux troupes romaines ce dont elles avaient besoin. Le siège dura trois mois, et la ville et le temple furent pris le 20 de décembre de l’an du monde 3940, avant Jésus-Christ 60, avant l’ère vulgaire 64. Pompée rendit à Hircanla souveraine sacrificature et la dignité de prince des Juifs, mais sans lui permettre de se servir du diadème, et assujettit les Juifs à payer tribut aux Romains.
Après que Jules César eut réduit à son obéissance toute la Syrie et l’Égypte, il confirma à Hircan la grande sacrificature et le gouvernement de sa nation, le déclara ethnarque et ami du peuple romain (Antiquités judaïques 14 17) Ainsi Hircan demeura en paisible possession de ces deux grandes dignités, depuis l’an du monde 3940, qu’il les avait reçues de Pompée, jusqu’à l’an du monde 3964, avant Jésus-Christ 36, avant l’ère vulgaire 40, auquel il fut pris prisonnier par les Parthes et emmené à Babylone. Mais comme il était naturellement stupide et paresseux, Antipater avait la principale part au gouvernement et aux affaires, et ne laissait, pour ainsi dire, à Hircan que le nom de prince des Juifs. Il engagea Hircan à donner en mariage à Hérode, son fils, Mariamne, fille d’Alexandre et petite-fille d’Hircan ; et dès l’an 3957 il fit donner à Hérode et à Phasael, ses fils, le gouvernement ou l’intendance des deux principales parties des États d’Hircan ; à Hérode la Galilée, et à Phasael Jérusalem et les terres adjacentes. Les principaux des Juifs conçurent de la jalousie contre Antipater et contre ses fils, et ils accusèrent même Hérode d’avoir fort excédé son pouvoir dans ce qu’il avait fait dans la Galilée. Mais Hircan, qui favorisait Hérode, lui fit dire secrètement de se retirer de Jérusalem pendant la nuit, et de s’en retourner dans son gouvernement.
Antigone, fils d’Aristobule, ayant engagé par de grandes promesses les Parthes, qui étaient alors en Syrie, à venir le rétablir sur le trône de son père à Jérusalem, Pacorus, fils du roi des Parthes, se rendit à Jérusalem, et, ayant été reçu comme hôte par Phasael, frère d’Hérode, lui persuada de venir avec Hircan trouver Barzaphernes, qui commandait les Parthes, afin qu’ils pussent faire ensemble un accommodement. Mais Barzaphernes fit arrêter Hircan et Phaasel, conduisit Antigone à Jérusalem, et lui livra Hircan et Phasael. Antigone craignant que Hircan ne fût quelque jour rétabli par la brigue du peuple dans la grande sacrificature, lui fit couper les oreilles, pour le rendre à l’avenir incapable de cette dignité, la loi de Moïse en excluant tous ceux qui sont ainsi mutilés. Après cela il le livra aux Parthes, qui le menèrent chargé de liens au delà de l’Euphrate.
Il y demeura jusqu’en l’an du monde 3968, avant Jésus-Christ 32, avant l’ère vulgaire 36. Hérode était alors roi des Juifs ; et ce prince artificieux, craignant toujours quelque revers, souhaitait d’avoir Hircan en sa puissance pour l’observer et pour empêcher qu’il ne remuât. Hircan donc, sollicité par Hérode, et pressé par le désir naturel de revoir sa patrie, obtint de Phraates, roi de Perse, la permission de retourner en Judée. Hérode dans les commencements le combla d’honneurs ; mais il n’y fut pas longtemps, qu’il vit bien que toutes les caresses d’Hérode étaient feintes.
Après la défaite d’Antoine, Alexandra, mère de Mariamne et fille d’Hircan, crut qu’Hérode, qui avait toujours été fort attaché aux intérêts d’Antoine, ne manquerait pas de ressentir les effets du ressentiment d’Auguste. Elle se mit dans l’esprit qu’Hircan pourrait remonter sur le trône de Judée. Elle tâcha de lui inspirer les mêmes espérances, et le sollicita de demander une retraite chez Malchus, roi des Arabes. Hircan, q ui n’avait nulle ambition, rejeta d’abord ces propositions ; mais enfin, vaincu par les importunités de sa fille, il écrivit à Malthus qu’il le priait de lui envoyer des cavaliers qui pussent le mener jusqu’au lac Asphaltite, frontière d’Arabie, pour le dérober aux embûches et à la mauvaise volonté d’Hérode.
Dosithée, qui était chargé de ces lettres, découvrit à Hérode tout le complot d’Hircan. Hérode pria Dosithée de porter les lettres cachetées à Malchus, et de lui en rapporter la réponse. Malchus répondit que très-volontiers il fournirait à Hircan les chevaux et les secours nécessaires, et qu’il lui offrait un asile assuré dans ses États. Dès qu’Hérode eut reçu ces lettres il fit venir Hircan, lui demanda quel commerce il avait avec Malthus. Hircan nia qu’il en eût aucun ; mais Hérode ayant produit les lettres, et l’ayant convaincu le fit mourir, l’an du monde 3974, avant Jésus-Christ 26, avant l’ère vulgaire 30.