Le nom de César est devenu propre aux empereurs romains depuis Jules César, qui changea l’état de la république romaine d’aristocratie en monarchie. L’Écriture parle souvent de César, c’est-à-dire des empereurs, mais rarement elle met leur nom propre, par exemple (Matthieu 22.17), Est-il permis de payer le tribut à César ? C’était alors Tibère qui régnait ; et saint Paul, dans les Actes (Actes 25.11-12) : J’en appelle à César : vous avez appelé à César, vous irez à César. Il parlait de l’empereur Néron. Et ailleurs (Php 4.22) : Ceux de la maison de César vous saluent. Il parle encore du même empereur. Saint Luc nomme (Luc 2.1) César Auguste, Tibère César (Luc 3.1) et Claude César (Actes 11.28).
Jules César où Caius Julius César, le premier des empereurs romains, ne nous intéresse dans cet ouvrage qu’autant qu’il a eu part aux affaires des Juifs et à l’histoire sainte ; ainsi nous ne nous engageons pas de donner ici toute son histoire, mais seulement de remarquer ce qu’il a fait par rapport aux Juifs. Il était fils de Lucius César et d’Aurélie, fille de Colla. Il naquit l’an 654 de Rome (An du monde 3906, Avant. Jésus-Christ 98), 98 ans avant Jésus-Christ. À l’âge de 16 ans il perdit son père, et l’année d’après il fut désigné grand prêtre de Jupiter. Le dictateur Sylla avait résolu de le faire mourir ; et César n’évita la mort qu’en se cachant et en gagnant à force d’argent ceux qui avaient ordre de l’arrêter. Sylla lui pardonna enfin, par les prières de ses amis. Mais il prédit que ce jeune homme ruinerait un jour l’État.
Après avoir passé successivement par les charges de tribun, de questeur, d’édile, de souverain pontife, de préteur ou gouverneur d’Espagne, il obtint enfin le consulat l’an 695 (57 av Jésus-Christ) de Rome, et opta le gouvernement des Gaules, qu’il réduisit en forme de province après les avoir toutes réduites à l’obéissance pendant les neuf ou dix ans de son gouvernement. Cependant sa fille Julie étant morte, la bonne intelligence qui avait régné jusque-là entre lui et Pompée, son gendre, époux de Julie, fut entièrement détruite, parce que César ne pouvant souffrir de maître, ni Pompée de compagnon, ils commencèrent à se regarder comme rivaux. Pompée, qui était à Rome, s’opposa à toutes les demandes de César absent, et César, irrité, entra en Italie avec son armée victorieuse (47 av Jésus-Christ), et donna si fort l’épouvante à ses ennemis, qu’ils prirent la fuite après avoir réglé les affaires d’Italie.
Il mit en liberté Aristobule, roi de Judée, et l’envoya dans son pays avec deux légions pour y soutenir ses intérêts aussi bien que dans le voisinage, en Syrie, en Phénicie et en Arabie. Mais ceux du parti de Pompée trouvèrent moyen de l’empoisonner en chemin. Alexandre, fils d’Aristobule, levait déjà des troupes en Syrie pour les joindre à celles de son père, qu’il attendait. Mais Pompée en ayant eu avis, envoya ordre à Scipion en Syrie de le faire mourir, ce qui fut exécuté. Cependant César était allé en Espagne, où il défit l’armée de Pompée, commandée par trois de ses généraux. Il retourna ensuite à Rome, puis passa en Macédoine, où il battit Pompée à Pharsale (46 av Jésus-Christ).
Il le poursuivit jusqu’à Alexandrie, où ayant appris qu’il avait été tué, il tourna ses armes contre Ptolémée, roi d’Égypte. César s’était enfermé dans Alexandrie avec des troupes, où il se trouvait fort embarrassé et fort pressé par l’armée égyptienne. Il envoya Mithridate, un des siens, en Syrie et en Cilicie pour lui amasser du secours. Antipater, père du grand Hérode, qui gouvernait le grand prêtre Hircan, prince des Juifs, engagea ce prince et quelques princes arabes du voisinage d’envoyer du secours à César. Il marcha lui-même en Égypte avec trois mille hommes, qu’il joignit aux troupes de Mithridate. Ils attaquèrent ensemble Péluse, qu’ils emportèrent. On attribua ce succès à la valeur d’Antipater, qui monta le premier sur la brèche. De là ils s’avancèrent vers Alexandrie, et Antipater, par son crédit et par les lettres d’Hircan qu’il portait, obligea les Juifs du canton d’Onion de lui ouvrir les passages et de se déclarer pour César. À leur exemple, ceux de Memphis en firent de même. Ptolémée envoya contre Mithridate et Antipater un camp volant pour leur disputer le passage du Nil ; mais les troupes du roi furent battues. Ptolémée vint ensuite en personne avec toute son armée : César en fit de même. On en vint bientôt à une bataille, où César remporta une victoire complète, qui le rendit maître de toute l’Égypte.
Il conserva toujours une grande reconnaissance de l’important service qu’Antipater lui avait rendu dans cette occasion. Avant que de partir d’Alexandrie, il fit confirmer tous les privilèges dont les Juifs jouissaient dans l’Égypte, et fit ériger une colonne sur laquelle il fit graver tous ces privilèges, avec le décret qui les confirmait. En passant par la Palestine, Antigone, fils du roi Aristobule dont on vient de parler, vint se jeter à ses pieds, lui représenta d’une manière fort touchante la mort de son père et de son frère : le premier empoisonné, et le second décapité à Antioche pour avoir soutenu ses intérêts, et le pria de le rétablir dans la principauté de son père. Il se plaignit aussi du tort que lui faisaient Antipater et Hircan, qui avaient toute l’autorité dans la Judée ; mais Antipater, qui était encore à la suite de César, sut si bien justifier sa conduite et celle d’Hircan, que César rejeta les accusations d’Antigone, et ordonna qu’Hircan garderait la dignité de souverain sacrificateur des Juifs et la principauté de la Judée pour lui et pour ses successeurs à perpétuité, et donna à Antipater la charge de procurateur de la Judée sous Hircan. Il fit graver ce décret en grec et en latin sur des planches d’airain qui devaient être déposées dans le capitole à Rome, et dans les temples de Tyr, de Sidon et d’Ascalon en Phénicie.
Quelques années après (44 av Jésus-Christ), et sous son cinquième et dernier consulat, César, à la prière d’Hircan et en considération des services qu’il lui avait rendus en Égypte et en Syrie, lui permit de rebâtir les murailles de Jérusalem, que Pompée avait fait abattre. Il fit un décret sur cela à Rome, qui ne fut pas plutôt apporté à Jérusalem, qu’Antipater commença à y faire travailler, et la ville fut bientôt fortifiée comme elle l’était avant sa démolition. César fut tué bientôt après, le quinzième de mars de l’an du monde 3960, avant Jésus-Christ 40, avant l’ère vulgaire 44.