Fils de Bathuel, et petit-fils de Nachor, frère de Rébecca, et père de Rachel et de Lia. Jacob étant arrivé en Mésopotamie (Genèse 10.13), fut fort bien reçu de Laban son oncle (Genèse 28, Genèse 29). Un mois s’étant écoulé depuis son arrivée, Laban lui dit : Faut-il, à cause que vous éles mon neveu, que vous’me serviez gratuitement ? Voyez donc quelle récompense vous voulez. Jacob lui dit : Je vous servirai sept ans pour Rachel la plus jeune de vos filles. Laban y consentit ; et Jacob s’engagea à le servir pendant sept ans. Alors Jacob dit à Laban : Donnez-moi ma femme parce que mon temps est accompli. Laban fit donc le festin des noces, et le soir il fit entrer dans la chambre de Jacob ; en sorte que Jacob ne s’aperçut de la fraude que le lendemain matin. Jacob s’en plaignit avec aigreur. Mais Laban lui répondit que ce n’était point la coutume de marier les plus jeunes filles avant leurs aînées, et que s’il voulait le servir encore sept autres années, il lui donnerait. Rachel. Jacob y consentit, et épousa Rachel, après avoir demeuré sept ans avec Lia.
Après que Jacob eut passé quatorze ans au service de Laban, il voulut s’en retourner dans la terre de Chanaan : mais Laban le retint, et le pria de continuer à le servir (Genèse 30.26-27). Il lui dit : Demandez-moi quelle récompense vous voudrez. Jacob demanda tout ce qui naîtrait dts troupeaux de Laban de noir, de tacheté et de diverses couleurs ; c’est-à-dire, tout ce qui était de n’oindre pour la laine et la toison. Laban y consentit, et sépara tout ce qui était tacheté et de diverses couleurs dans ses troupeaux, et le donna à garder à ses fils et ne laissa à Jacob que ce qui était d’une seule couleur, craignant apparemment que Jacob n’usât d’artifice pour faire naître des animaux de diverses couleurs, par, le mélange, des brebis et des chèvres tachetées avec celles qui ne l’étaient pas. Mais Jacob eut une vision, dans laquelle il découvrit un moyen très-simple et naturel pour faire naître des agneaux et des chevreaux de différentes couleurs ; qui fut de mettre devant les mères, pendant qu’elles étaient en chaleur, des branches de différentes couleurs. Ce moyen lui ayant réussi, il devint st puissant et si riche, que Laban et ses fils ne le purent voir, sans en témoigner leur jalousie.
Jacob s’étant aperçu qu’ils ne le regardaient plus du même œil, prit la résolution de partir à l’insu de Laban (Genèse 31.1-3) ; et il exécuta sa résolution dans un si grand secret, que Laban ne sut son départ que le troisième jour. Alors il se mit à le poursuivre et l’atteignit à la montagne de Galaad. Dieu apparut la nuit à Laban, et lui défendit de rien dire d’offensant à Jacob, en sorte que quand il fut trouver Jacob il se plaignit simplement de ce qu’avant son départ, il ne lui avait pas donné la consolation d’embrasser ses filles et ses petits-fils, de les conduire au son des instruments de musique. Il ne fut pas si modéré sur ce qu’on lui avait dérobé ses dieux, ou ses téraphims. Il en fit de grandes plaintes ; et Jacob y répondit avec force, disant qu’il consentait que l’on mit à mort celui qui avait commis ce larcin, ne sachant pas que Rachel les avait enlevés. Laban chercha donc dans toutes les tentes de Jacob, sans avoir rien pu trouver qui lui appartînt ; car Rachel avait eu la précaution de cacher ces figures sous le bât d’un chameau : Voyez l’article de Rachel.
Après cela Jacob à son tour fit de grandes plaintes à Laban de la conduite qu’il avait tenue avec lui, et lui reprocha d’avoir changé la récompense qui lui était due. Il ajouta : Si le Dieu de mon père ne m’al aidé, vous m’eussiez peut dire renvoyé nu chez mon père. Laban répondit : Voilà mes filles et mes petits-fils ; que pourrais-je faire contre eux ? Tout ce qui est à vous m’est aussi cher que ce qui m’appartient. Venez ; faisons alliance ensemble, et dressons ici un monument pour en conserver la mémoire. Ils se jurèrent donc réciproquement amitié et alliance ; ils burent et mangèrent ensemble sur un grand monceau de pierres, que Laban appela (Genèse 31.47) Jegar schahaddutah, le monceau du témoignage ; et Jacob Galhaad, le monceau du témoin, chacun suivant la différence de sa langue. Laban parlait chaldéen, et Jacob, hébreu ou phénicien. Et Laban dit ; Que le Seigneur soit juge entre vous et moi, si vous maltraitez mes filles, et si vous prenez d’autres femmes avec elles : que ces monceaux servent de témoins entre vous et moi, contre celui de nous deux qui les passera à mauvais dessein, pour aller dans le pays de l’autre. Que le Dieu d’Abraham, le Dieu de Nachor, et le Dieu de leurs pères soit notre juge. Et ayant immolé des victimes, il mangèrent et burent ensemble ; et le lendemain de grand matin Laban, ayant dit adieu à ses filles et à ses petits-fils, s’en retourna à Haran. C’est tout ce que nous savons de lui.
Suivant Delort de Lavaur, a quand on considère l’histoire de Latran et de Jacob (Genèse 28-31), on reconnaît, dit-il, qu’elle peut avoir donné lieu à la fable de Laomédon. Le temps auquel les poètes font descendre les dieux sur la terre pour visiter les hommes et converser avec eux est à-peu-près celui des patriarches Abraham,Isaac, Jacob et Joseph soit parce que les peuples parmi lesquels ces grands hommes avaient vécu, particulièrement les Égyptiens, les révérèrent comme des divinités, soit à cause des visites que les anges envoyes de Dieu rendaient à ces saints personnages. »
Après avoir analysé à son point de vue l’histoire de Jacob et de Laban, Delort de Lavaur continue en ces termes : Confrontons de près, dit-il, cette histoire avec la Fable. Le caractère de Laomédon est le même que celui de Laban, dans toute leur conduite ; son nom même a du rapport avec celui de Laban, qui, en hébreu, signifieune brique, et Laomédon, en grec, veut dire une pierre, Les Grecs avaient aussi donné à la fille de Laomédon le nom d’Hésione, du même sens que celui de Rachel ; chacun, en sa langue, veut dire une brebis.
Jacob était visiblement assisté de Dieu ; il en avait des communications si fréquentes, il recevait des escortes et des visites des ancres et de Dieu même si familièrement, qu’il n’est pas surprenant qu’il fût mis au nombre des divinités que les nations adoraient, comme son père, son aïeul, et son fils en ont été honorés en cette qualité ; Jacob, appelé Israël, c’est-à-dire, fort contre Dieu, après sa lutte contre l’ange, est l’original sur lequel on a copié Hercule : De ce que Jacob leva pour Rachel la grosse pierre du puits, la Fable a imaginé qu’Hésione était attachée à un rocher, et qu’Hercule la délivra. Sur ce même original a été prise la fable d’Andromède attachée à un rocher pour être exposée à un monstre et délivrée par Persée ; avec d’autant plus d’apparence, que c’est à Joppé, ou Jaffa, ville de la Palestine, que la Fable a placé cette exposition d’Andromède.
Jacob venait de Géror, capitale de la Palestine, dont le nom veut dire, Pèlerinage ; de même on fait voyager les dieux Neptune et Apollon, en pèlerins, sur ta terre.
Il se loua avec Laban pour le servir ; il garda ses troupeaux ; il établit et enrichit sa maison par de longs travaux à son service, et fut frustré de la récompense qui lui avait été promise. C’est ce que la Fable a imité dans les longs travaux de ses dieux au service de Laomédon ; l’un, dans la garde de ses troupeaux ; l’autre, occupé à bâtir et à fortifier la capitale, ot frustrés ensuite du salaire convenu.
Il fallut enfin que Laban se vit enlever sa fille Rachel, après l’avoir promise et avoir violé sa parole et ses serments :c’est la même suite dans la Fable ; Hésione promise, refusée, et enlevée.
Les troupeaux, qui naissaient toujours de la couleur que Laban avait choisie pour Jacob, sont les fléaux et les pertes dont les dieux châtiaient Laomédon. Jacob emporta ce qui lui avait été promis, et qu’il avait gagné, malgré l’injustice, la perfidie et tous les efforts de Laban pour l’en dépouiller. Laban perdit Rachel, que Jacob avait épousée, et ses troupeaux. C’est ainsi que dans la copie, Laomédon vit piller sa maison et sa ville par Hercule, emporter ses trésors, et enlever sa fille Hésione qui suivit Télamon, auquel elle fut mariée. Neptune, Apollon et Hercule se firent faire justice de tant de fraudes et de perfidies, comme Jacob l’avait fait.
Neptune, dans l’endroit de l’Iliade que nous avons cité, ajoute, parlant à Apollon des mauvais traitements qu’ils avaient reçus de Laomédon : Avez-vous encore oublié, qu’il voulait nous lier, et nous vendre en des îles éloignées ? C’est le mélange d’un trait tiré de l’histoire des enfants de Jacob, qui, après avoir attaché leur frère Joseph, le vendirent à des marchands étrangers, pour le faire transporter en des pays éloignés. Les originaux ne sont pas méconnaissables dans ces copies.
Lieu inconnu au delà du Jourdain, dans les plaines de Moab (Deutéronome 1.1).