Dans les saintes Écritures, on emploie souvent le nom de Testamentum, et en grec Diathéké pour exprimer la valeur du mot hébreu Berith, qui signifie Alliance ; d’où viennent les noms d’Ancien et de Nouveau Testament, pour marquer l’ancienne et la nouvelle alliance. La première alliance de Dieu avec les hommes, est celle qu’il fit avec Adam au moment de sa création, et lorsqu’il lui défendit l’usage du fruit défendu (Genèse 2.16). Le Seigneur mit l’homme dans le paradis terrestre, et lui fit ce commandement : Vous mangerez de tous les fruits du paradis, ou du jardin ; mais ne mangez point de l’arbre de la science du bien et du mal, car aussitôt que vous en aurez mangé, vous mourrez, ou vous deviendrez mortels. C’est là, dit saint Augustin, la première alliance de Dieu avec l’homme.
La seconde alliance est celle que Dieu fit avec l’homme après son péché, en lui promettant non-seulement le pardon, pourvu qu’il fît pénitence, mais aussi la venue du Messie, qui le rachèterait, et toute sa race, de la mort du péché et de la seconde mort qui est celle de l’éternité. Saint Paul, en plusieurs endroits, nous parle de ce pacte, par lequel le second Adam a racheté et délivré de la mort ceux que le premier Adam avait fait condamner à mourir (1 Corinthiens 15.22) Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne ; elle [la race de la femme] te brisera la tête, et tu l’attaqueras en secret [par ruse] par le talon. La postérité de la femme qui doit briser la tête du serpent, est le Messie qui, par sa mort, a fait périr le diable, qui avait l’empire de la mort (Hébreux 2.14).
Une troisième alliance est celle que le Seigneur fit avec Noé, lorsqu’il lui dit de bâtir une arche (Genèse 6.18), ou un grand vaisseau, pour y sauver tous les animaux de la terre, et pour y retirer avec lui un certain nombre d’hommes, afin que par leur moyen il pût repeupler un monde nouveau après le déluge.
Cette alliance fut renouvelée cent vingt-un ans après, lorsque, les eaux du déluge s’étant retirées, et Noé étant sorti de l’arche avec sa femme et ses enfants, Dieu lui dit (Genèse 9.8-11) : Je vais faire alliance avec vous et avec vos enfants après vous, et avec tous les animaux qui sont sortis de l’arche, en sorte que je ne ferai plus périr toute chair par les eaux du déluge ; et l’arc-en-ciel que je mettrai dans les nues, sera le gage de l’alliance que je fais aujourd’hui avec vous.
Toutes ces alliances ont été générales entre Adam et Noé, et toute leur postérité. Mais celle que Dieu fit dans la suite avec Abraham, fut plus limitée : elle ne regardait que ce Patriarche et sa race, qui devait naître de lui par Isaac (Genèse 12.1-3). Les autres descendants d’Abraham par Ismaël et par les enfants de Céthura, n’y devaient point avoir de part. La marque ou le sceau de cette alliance fut la circoncision que tous les mâles de la famille d’Abraham devaient recevoir le huitième jour après leur naissance (Genèse 17.10-12) ; les effets et les suites de ce pacte sont sensibles dans toute l’histoire de l’Ancien Testament ; la venue du Messie en est la consommation et la fin. L’alliance de Dieu avec Adam forme ce que nous appelons l’état de nature ; l’alliance avec Abraham, expliquée dans la loi de Moïse, forme la loi de rigueur ; l’alliance de Dieu avec tous les hommes, par la médiation de Jésus-Christ, fait la loi de grâce.
Dans le discours ordinaire, nous ne parlons guère que de l’Ancien et du Nouveau Testament ; de l’alliance du Seigneur avec la race d’Abraham, et de celle qu’il a faite avec tous les hommes, par Jésus-Christ, parce que ces deux alliances contiennent éminemment toutes les autres, qui en sont des suites, des émanations et des explications ; par exemple, lorsque Dieu renouvelle ses promesses à Isaac et à Jacob (Exode 2.24 ; 6.4-7), et qu’il fait alliance à Sinaï avec les Israélites (Exode 19.5-6 ; 20.1-3), et leur donne sa loi : lorsque Moïse, peu de temps avant sa mort, renouvelle l’alliance que le Seigneur a faite avec son peuple (Deutéronome 29), et qu’il rappelle devant leurs yeux tous les prodiges qu’il a faits en leur faveur ; lorsque Josué se sentant près de sa fin (Josué 24.25 ; 23), jure avec les anciens du peuple, une fidélité inviolable au Dieu de leurs pères ; tout cela n’est qu’une suite de la première alliance faite avec Abraham. Josias (2 Rois 23.1-3 ; 2 Chroniques 34.26), Esdras (Esdras 10.3), Néhémie (Néhémie 9.38), renouvelèrent de même en différents temps leurs engagements et leur alliance avec le Seigneur ; mais ce n’est qu’un renouvellement de ferveur, et une promesse d’une fidélité nouvelle à observer les lois données à leurs pères.
La plus grande, la plus solennelle, la plus excellente et la plus parfaite de toutes les alliances de Dieu avec les hommes est celle qu’il fait avec nous par la médiation de Jésus-Christ : alliance éternelle qui doit subsister jusqu’à la fin des siècles, dont le Fils de Dieu est le garant, qui est cimentée et affermie par son sang, qui a pour fin et pour objet la vie éternelle, dont le sacerdoce, le sacrifice et les lois sont infiniment plus relevées que celles de l’Ancien Testament. Voyez saint Paul dans les Épîtres aux Galates et aux Hébreux.
Il est parlé dans l’Exode (Exode 24.7) d’un livre de l’Alliance, Volumen foederis. Quel était ce livre ? Comme il ne nous en est pas venu sous ce titre, on a dit qu’il est perdu. Si on lit avec attention les chapitres 19 et suivants de l’Exode, jusqu’à l’endroit où il est parlé du livre de l’alliance, on n’aura peut-être pas trop de peine à reconnaître que sous ce titre Moïse désigne le Décalogue, qui renferme, en effet, les conditions de l’alliance. Les lois et ordonnances qu’on trouve ensuite n’en sont que le développement, l’explication, le commentaire.