Saint Luc évangéliste est nommé par quelques anciens ; Lucas, Lucius, ou Lucanus. Il était Syrien, natif d’Antioche, et médecin de profession (Colossiens 4.14). Ceux qui croient que c’est lui qui est nommé Lucius dans l’Épître aux Romains (Romains 16.21), doivent-reconnaître aussi qu’il était parent de saint Paul : Lucius et Jason… On n’est pasd’accord s’il était Juif ou païen de naissance. Ceux qui soutiennent qu’il était du nombre des septante disciples croient qu’il était aussi Juif de religion et d’origine, puisqne notre Sauveur n’en choisit point d’autres. Saint Épiphane croit qu’il fut un de ceux qui quittèrent Jésus-Christ, lui ayant entendu ces paroles : Celui qui ne mange pas ma chair, et ne boit pas mon sang, n’est pas digne de moi ; mais qu’il revint à la foi, ayant ouï les prédications de saint Paul à Antioche. Saint Grégoire le Grand et quelques autres, dans Théophylacte croient que saint Luc était le compagnon de Cleophas, et qu’il allait avec Iui à Emmaüs, lorsque Jésus-Christ se joignit à eux. On lit dans une addition qui se trouve à la fin des Hommes illustres de saint Jérôme, que saint Luc a toujours vécut vierge, n’ayant eu ni femmes, ni enfants.
Il fut le compagnon des voyages et de la prédication de saint Paul (2 Timothée 4.11 Phm 1.23-24) ; mais on ignore en quel lieu et en quel temps il commença à se joindre a lui. Ceux qui tiennent qu’il fut converti par saint Paul à Antioche croient que depuis ce temps ne le quitta plus. D’autres veulent qu’il se soit joint à lui à Troade ; et saint Luc, insinue lui-même cette opinion, lorsqu’il dit dans les Actes (Actes 16.8-10) : Nous cherchâmes aussitôt le moyen de passer de Troade en Macédoine. Il commence en cet endroit à parler en première personne, comme étant alors de la compagnie de saint Paul. On croit communément que saint Luc était peintre, et on montre en quelques endroits des portraits : de la Vierge de sa façon, ou du moins des copies prises sur des portraits de sa main. Les anciens n’ont point connu cette qualité de saint Luc, et Nicéphore est le premier auteur qui en ait fait mentian. Mais s’il n’a pas peint le visage de la Vierge et de son Fils, il nous a laissé plusieurs particularités de la sainte Vierge, et de l’enfance de Jésus-Christ, qui font juger qu’il avait pu voir et connaltre cette admirable Vierge, et qu’il avait même eu part à sa confidence.
Saint Épiphane croit qu’il annonça l’Évangile dans la Dalmatie, dans les Gaules [Voyez Gaule], dans l’Italie et dans la Macédoine. Métaphraste veut qu’il ait prêché dans l’Égypte, dans la Libye et dans la Thébaïde. On croit qu’il survécut de plusieurs années à saint Paul, étant mort en Achaïe, dans une extrême vieillesse, âgé de quatre-vingts ou de quatre-vine-quatre ans. Nicéphore dit qu’il mourut à Thèbes de Béotie, où l’on voit encore aujourd’hui un tombeau que l’on exoit être celui de saint Luc. Saint Hippolyte dit qu’il fut crucifié à Elée, dans le Péloponèse. Dorothée, dans sa Synopse, dit qu’il mourut et fut enterré à Éphèse. Bède, Usuard, Adon et le martyrologe romain disent qu’il mourut en Bithynie. On est partagé sur le genre de sa mort. Les uns croient qu’il souffrit le martyre, et les nouveaux Grecs veulent qu’il ait été crucifié à un olivier. Élie de Crête, au contraire, suppose comme constant qu’il ne mourut pas d’une mort violente, et c’est le sentiment de plusieurs modernes.
Outre l’Évangile de saint Luc et les Actes des Apôtres, on lui attribue encore quelques autres ouvrages, comme la traduction, ou même la composition, quant au style, de l’Épître aux Hébreux. Saint Clément d’Alexandrie croit qu’il est auteur de la dispute de Jason et de Papisque, que nous n’avons plus. D’autres enseignent que l’Évangile même de saint Luc était proprement l’Évangile de saint Paul, et que cet apôtre l’avait dicté à saint Luc ; et que quand saint Paul parle de son Évangile (Romains 2.16 ; 16.25 2 Thessaloniciens 2.13), il entend l’Évangile de Luc. Mais saint Irénée dit simplement que saint Luc rédigea par écrit ce que saint Paul prêchait aux nations ; et saint Grégoire de Nazianze, que l’Évangéliste écrivit, appuyé du secours de saint Paul. Il est certain que saint Paul cite ordinairement l’Évangile selon saint Luc. Comparer : (1 Corinthiens 11.23-25 Luc 22.18-20) et (1 Corinthiens 15.5 Luc 24.34) ; mais saint Luc ne dit nulle part qu’il ait été aidé par saint Paul. Il adresse l’Évangile et les Actes à un nommé Théophile, que nous ne connaissons point ; et plusieurs anciens même ont pris ce nom dans un sens appellatif, pour un homme qui aime Dieu. Les Marcionites ne recevaient que le seul Évangile de saint Luc, et encore le tronquaient-ils en plusieurs endroits, comme l’ont remarqué Tertullien et saint Épiphane.
Quant aux Actes des Apôtres, nous en avons déjà parlé ailleurs, sous l’article des actes. Le style de saint Luc est plus pur que celui des autres Évangélistes : mais on ne laisse pas d’y remarquer plusieurs expressions propres aux Juifs hellénistes, plusieurs traits qui tiennent du génie de la langue syriaque, et même de la langue latine, au jugement de Grotius. On peut voir M. de Tillemont pour la vie de saint Luc, et notre préface sur son Évangile, et sur les Actes des Apôtres.