Le mariage passe pour être d’une obligation stricte parmi les Hébreux. Ils prennent à la lettre comme un précepte ces paroles dites à nos premiers pères (Genèse 1.28) : Croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre. Ils croient que celui qui ne marie pas ses enfants prive Dieu de la gloire qui lui est due, devient en quelque sorte homicide, détruit l’image du premier homme, et est cause que le Saint-Esprit se retire d'Israël. On fait cette question dans le Talmud : Qui est celui qui prostitue sa fille ? Et on répond : C’est le père qui la garde trop longtemps à la maison ou qui la marie à un vieillard. L’âge où le mariage devient une obligation est l’âge de vingt ans. Mais d’ordinaire les Juifs marient leurs enfants de meilleure heure. Toutefois une fille mariée par son père avant l’âge de puberté, qui est douze ans et demi, peut se séparer de son mari, sur un simple dégoût qu’elle aura conçu de lui.
Le mariage d’Adam et d’Ève est le plus beau et le plus solennel qui se soit jamais célébré, soit qu’on considère le ministre, le témoin et le paranymphe, qui est Dieu même, soit qu’on envisage le mérite et la dignité des personnes qui le contractent, qui sont la tige de tons les hommes qui ont été, ou qui seront à jamais dans la suite de tous les siècles.
Dans les premiers temps les mariages entre frères et sœurs étaient non-seulement permis, mais même nécessaires, à cause du petit nombre de personnes qui étaient dans le monde. Depuis la multiplication du genre humain ils ont été illicites et même condamnés sous de graves peines. Toutefois les patriarches ont usé assez longtemps de la liberté d’épouser leurs proches parentes, même après que le monde a été assez peuplé pour qu’ils en pussent prendre ailleurs ; mais ç’a été dans d’autres vues : par exemple, de peur de s’allier dans des familles corrompues par le culte des faux dieux, ou pour conserver dans leurs propres maisons la vraie religion dont ils étaient dépositaires. C’est pour cela qu’Abraham épousa Sara, sa sœur ou sa nièce, et que ce patriarche donna des ordres si exprès à son intendant Eliézer d’aller chercher une femme à son fils parmi les filles de ses neveux, et que Jacob épousa les deux sœurs, filles de son oncle. Voyez ci-après noces.