Fille d’Alexandre, fils du roi Aristobule, et d’Alexandra, fille d’Hircan, grand sacrificateur des Juifs, fut la plus belle princesse de son temps. Elle épousa le grand Hérode, et en eut deux fils, Alexandre et Aristobule, et deux filles, Salampso et Cypros ; et encore un fils, nommé Hérode, qui mourut jeune dans les études à Rome. Nous avons déjà donné l’histoire de Mariamne, dans les articles d’Hérode le Grand, d’Alexandre, son fils, et d’Alexandra, sa mère. Nous ne la toucherons ici qu’en abrégé. Hérode avait pour Mariamne un amour extrême, mais Mariamne n’avait pour lui que peu de retour. Elle commença même à le haïr, depuis qu’il eut fait mourir Aristobule, frère de Mariamne, à qui il avait donné la grande sacrificature un an auparavant. Mariamne lui témoigna assez ouvertement son aversion ; mais Hérode, vaincu par son amour, ne pouvait se résoudre à la quitter.
Après la victoire qu’Auguste remporta sur Marc Antoine, Hérode, qui avait toujours été fort attaché à Antoine, et qui lui avait envoyé du secours contre Auguste, fut obligé de recourir à la clémence d’Auguste. En partant de Jérusalem, il donna des ordres secrets à Joseph et à Sohème, qu’il laissa pour gouverneur en son absence, de faire mourir Mariamne et Alexandra, sa mère, s’ils apprenaient qu’il lui fût arrivé quelque chose en chemin. Mariamne, ayant adroitement tiré ce secret de Sohème, conçut une haine lm placable contre Hérode ; et à son retour, an lieu de répondre à ses caresses et aux protestations d’amitié qu’il lui faisait, elle le repoussa et lui fit des reproches de son inhumanité. Enfin elle fit tant, qu’Hérode ne put souffrir davantage ses mépris, aigri d’ailleurs par les mauvais rapports qu’on lui faisait continuellement de Mariamne, et par l’accusation que Salomé, sœur d’Hérode, et ennemiejurée de Mariamne, lui suscita, eu subornant un échanson du roi, qui déposa que Mariamne l’avait sollicité de donner au roi un breuvage pour s’en faire aimer.
Hérode, ayant appliqué à la question on des eunuques de Mariamne, qu’il savait lui être très-fidèle, n’en put rien tirer au sujet du poison ou du breuvage : mais, vaincu par la force des tourments, il avoua que la haine de sa maîtresse pour le roi ne venait que de ce qu’elle avait appris de Sohème. Alors Hérode, entrant en fureur, et croyant que Mariamne n’aurait jamais tiré ce secret de Sohème s’il n’y avait eu entre eux quelque autre commerce, fit aussitôt arrêter Sohème et le fit mener au supplice. Après cela il assembla ses amis, et accusa devant eux la reine en des termes si pleins d’aigreur, que l’on vit bien qu’il voulait qu’ils la condatnnassent à mort. Ce qu’ils firent tout d’une voix. Mariamne marcha au supplice avec un air de grandeur et d’intrépidité qui étonna tous ceux qui la virent. Après sa mort, l’amour qu’Hérode avait pour elle se réveilla et devint plus fort qu’auparavant. Souvent il l’appelait par son nom, comme si elle eût encore été vivante. Il se lamentait d’une manière peu convenable à sa majesté ; et quoi qu’il pût faire pour tâcher de se divertir, il ne pouvait se l’ôter de l’esprit. Il fut même obligé d’abandonner le soin des affaires, et il se livra de telle sorte à la douleur, que quelquefois il ordonnait à ses gens de faire venir Mariamne, comme si elle eût encore été en vie. Josèphe parle d’une tour qu’Hérode fit bâtir dans Jérusalem, et à qui il donna le nom de Mariamne. C’était la plus belle et la plus ornée de toutes celles qu’il avait fait construire. Elle était haute de cinquante-cinq coudées, et large de vingt en carré.
Fille du grand prêtre. Simon, et femme du grand Hérode. Elle en eut un fils, nommé Hérode-Philippe, qui épousa en premières noces la fameuse Hérodias, laquelle prit ensuite pour époux Hérode-Antipas, qui fit mourir saint Jean-Baptiste.
Il y a plusieurs autres personnes du nom de Mariamne, dont il est parlé dans Josèphe, lesquelles, n’étant point connues dans l’Écriture, ne sont point de notre sujet. On peut voir les dictionnaires universels et Josèphe. Cet auteur donne le nom de Mariamne à Marie, sœur de Moïse, dont nous allons parler.