Ou Nemrod, fils de Chus, puissant chasseur devant le Seigneur (Genèse 10.8-9). C’est ce que l’Écriture dit de lui ll commença à se rendre puissant sur la terre, et il donna lieu à ce proverbe : Un grand chasseur devant le Seigneur, comme Nembrod. Sa chasse n’était pas seulement aux bêtes sauvages, il s’employa aussi à assujettir les hommes, à les prendre, à les faire mourir, à les réduire sous sa domination. Ézéchiel (Ézéchiel 32.30) donne le nom de chasseurs à tous les tyrans. Le commencement de l’empire de Nembrod fut Babylone. Il y a assez d’apparence qu’il fut un des plus ardents entrepreneurs du bâtiment de la tour de Babel, et qu’y étant demeuré depuis la dispersion des hommes, il bâtit Babylone au même endroit ou aux environs du lieu où était cette fameuse tour. De là il étendit sa domination sur le pays voisin, et régna à Arach, à Achad, à Chalanne, dans la terre de Sennaar. On peut voir ce que nous avons dit de chacun de ces lieux dans leurs articles particuliers.
Moïse ajoute : De ce pays sortit Assur, qui bâtit Ninive, et le lieu nommé les Rues de la ville et Chalé, et Bésen, entre Ninive et Chalé. Ce que Bochart entend encore de Nembrod. Il traduit l’hébreu de cette sorte : De ce lieu-là il sortit pour aller en Assyrie, où il bâtit Ninive, Réhobot, Chalé et Résen c’est-à-dire que Nembrod ayant établi le commencement de sa domination à Babylone et dans le pays de Sennaar, il s’avança vers l’Assyrie, et y bâtit de puissantes villes, qui étaient comme des forteresses, pour contenir les peuples sous son obéissance. L’Écriture ne nous dit rien davantage de Nembrod.
Quelques rabbins expliquent en bonne part ce qui est dit de ce monarque, qu’il était grand chasseur devant le Seigneur, eu disant qu’il avait une adresse et une force particulières pour la chasse, et qu’il offrait au Seigneur le gibier qu’il y prenait. On avoue que ces mots : Devant le Seigneur, se prennent ordinairement en bonne part, pour exagérer les bonnes qualités de quelqu’un ; mais, en cet endroit, la plupart des interprètes les prennent en mauvaise part, de même que ce qui est dit de ceux de Sodome, qu’ils étaient de grands pécheurs devant le Seigneur (Genèse 13.13), peccatores coram Domino nimis ; et de Her, fils aîné de Juda, qu’il était un très-méchant homme devant le Seigneur : Nequam in conspectu Domini (Genèse 38.7).
Quelques-uns ont confondu Nembrod avec Bélus, fondateur du royaume de Babylone, et avec Ninus, fondateur de celui de Ninive ; mais l’un et l’autre sont beaucoup plus jeunes que Nembrod. Les auteurs profanes ont embelli l’histoire de Bacchus par plusieurs caractères tirés de celle de Nembrod. Par exemple, le nom de Nebrodeus ou Nebrodus, donné à Bacchus, vient visiblement de Nembrod, quoique les Grecs le dérivent d’une peau de chevreau, dont ils prétendent que Bacchus était revêtu. Le nom de Bacchus peut aussi dériver de Bar-Chus, fils de Chus, parce que Nembrod était effectivement fils de Chus. Les Grecs donnent à Bacchus le nom de Chasseur, ainsi que Moïse le donne à Nembrod. Les expéditions de Bacchus dans les Indes sont formées sur les guerres que Nembrod fit dans la Babylonie et dans l’Assyrie. Nembrod, en hébreu, signifie un rebelle. On lui attribue la première invention du culte idolâtre rendu aux hommes.
L’histoire de Nembrod est ornée de fables, par les auteurs persans. Les uns le confondent avec Zhohac, premier roi de la dynastie de ces princes qui ont régné immédiatement après le déluge. D’autres veulent que Nembrod soit le même que Caïicaous, second roi de la seconde dynastie de Perse, nommée des Caïanides. Les historiens de Perse le font régner plus de cent cinquante ans, et disent qu’il conçut le dessein téméraire d’escalader le ciel ? Ce qui est pris de ce que l’Écriture raconte des enfants de Noé, qui entreprirent de bdtir une tour dont le sommet parvint jusqu’au ciel. L’auteur du livre intitulé Holm raconte ainsi cette histoire : Nembrod ayant vu que le feu où il avait fait jeter Abraham ne l’avait point endommagé, résolut de monter au ciel, pour y voir ce grand Dieu que Lui prêchait Abraham. En vain ses courtisans voulurent le détourner de cette entreprise ; il s’obstina à en venir à bout.
En même temps il commanda qu’on lui bâtit une tour, toute la plus haute qu’on pourrait. On y travailla pendant trois ans. Il monta tout au haut, et fut fort étonné de se voir aussi éloigné du ciel que s’il fût demeuré sur la terre. Sa confusion s’augmenta, lorsque, le lendemain, on vint lui annoncer que sa tour était renversée. Il ordonna qu’on en bâtit une plus forte et plus haute ; mais elle eut le même sort que la première. Alors il forma la résolution ridicule de se faire porter au ciel, dans un coffre de bois, par quatre de ces oiseaux monstrueux que les anciens auteurs d’Orient nomment kerkés, et dont ils font souvent mention dans leurs romans.
Nemrod fit donc dresser ces oiseaux à porter ce coffre, et s’y étant mis il erra et vola quelque temps dans les airs ; mais à la fin les kerkès le portèrent si rudement contre une montagne, qu’elle en fut tout ébranlée. Cet accident ne le rendit pas plus sage, il continua à persécuter les saints et les adorateurs du vrai Dieu ; ce qui fut cause que Dieu lui ôta, par la division qui se mit parmi ses sujets et par la confusion des langues, la plus grande partie de ceux qui lui obéissaient. Ceux qui lui demeurèrent attachés périrent presque tous par une nuée de moucherons que Dieu envoya contre eux. Lui-même fut tourmenté pendant quatre cents ans par un de ces insectes qui lui entra dans le cerveau, et qui lui causa de si grandes douleurs qu’il était obligé de se faire battre la tête avec un maillet, pour pouvoir prendre quelque repos.
On tient que Moïse fait Nemrod fils immédiat de Chus. Les Persans le font fils de Chanaan et frère de Chus. Eutychius, patriarche d’Alexandrie, dit que Nembrod est le premier auteur de la religion des mages, et des adorateurs du feu. [Voyez Abraham, Achad, Babylone, Cham, Idolâtrie, Liber, Ninive, Noé].