Montagne des Oliviers, située à l’orient de la ville de Jérusalem, et séparée de cette ville seulement par le torrent de Cédron et par la vallée de Josaphat, qui s’étend du septentrion au midi. C’est sur cette montagne que Salomon bâtit des temples aux dieux des Ammonites et des Moabites (1 Rois 11.7), pour complaire à ses femmes, qui étaient de ces nations. De là vient que le mont des Oliviers est nommé la montagne de Corruption (2 Rois 23.13). Josèphe dit que cette montagne est éloignée de Jérusalem de la longueur de cinq stades, qui font six cent vingt-cinq pas géométriques, ou de la longueur du chemin d’un jour de sabbat, dit saint Luc (Actes 1.12). Le mont des Oliviers avait trois sommets, ou était composé de trois espèces de montagnes, rangées l’une auprès de l’autre, du septentrion au midi. Le sommet du milieu est celui d’où Notre-Seigneur monta au ciel. [Voyez Ascension]. C’est sur celui du midi que Salomon bâtit des temples aux idoles. Le sommet qui est le plus septentrional est éloigné de celui du milieu de deux stades. C’est le plus élevé des trois, et on le nomme ordinairement Galilée.
Du temps du roi Osias, le mont des Oliviers fut tellement ébranlé par un tremblement de terre, que la moitié de la terre qui était du côté de l’occident s’éboula et roula jusqu’à quatre stades ou cinq cents pas de là, vers la montagne qui lui était opposée vers l’Orient ; en sorte que la terre ferma les chemins et rouvrit les jardins du roi. On peut voir les voyageurs modernes, et en particulier Jean Colovic, page 261, pour savoir l’état moderne de la montagne des Oliviers.
Cette montagne est devenue l’objet de la vénération des chrétiens, depuis que Notre-Seigneur y est monté au ciel. Eusèbe assure qu’en l’endroit de l’ascension, qui est le plus haut du mont des Oliviers, il y avait une caverne où l’on tenait, par une tradition certaine, que le Sauveur était entré pour donner à ses disciples la communication des mystères les plus sacrés ; soit que par ces paroles on entende la sainte Eucharistie, qu’il leur distribua avant de monter au ciel, ou le repas qu’il prit avec eux, et dont parlent les Actes (Actes 1.4), soit enfin qu’il entende quelques instructions particulières et secrètes qu’il leur communiqua en cet endroit. Les Pères nous apprennent que le Sauveur montant au ciel avait laissé les vestiges de ses pieds imprimés sur la terre ; qu’on les y voyait de leur temps, qu’ils y subsistaient toujours, quoique les fidèles emportassent tous les jours de la terre de cet endroit, pour la conserver par dévotion. Ainsi s’est accompli à la lettre ce que dit Zacharie (Zacharie 14.4), que ses pieds demeureront un jour sur la montagne des Oliviers.
On ajoute que l’impératrice Hélène, ayant fait bâtir la magnifique église de l’Ascension, au milieu de laquelle était cet endroit, lorsqu’on voulut le paver comme le reste, et le couvrir de marbre, on ne le put jamais ; tout ce que l’on y mettait pour l’orner quittant aussitôt : de sorte qu’il fallut le laisser en l’état où il était auparavant. On voit encore aujourd’hui l’impression du pied gauche du Sauveur enfoncée de plus de trois doigts dans le rocher, et on dit que la pierre où était l’impression du pied droit en fut enlevée du temps des croisades, et mise dans le temple, qui sert aujourd’hui de principale mosquée aux Turcs, où l’on présume qu’elle est encore à présent, les chrétiens n’ayant pas la liberté d’y entrer. Saint Jérôme, en plus d’un endroit, parle d’une grande croix qui était plantée sur le mont des Oliviers, et que l’on voyait de fort loin. Le même Père assure que, quand on voulut fermer la voûte qui répondait à la place où notre Sauveur était monté au ciel, on ne put jamais en venir à bout ; ce qui fut cause qu’on laissa cet endroit libre et découvert. Il faut que les vestiges des pieds du Sauveur aient été marqués bien profondément dans la montagne, et que les chrétiens en aient bien distinctement marqué la place, puisque la dixième légion romaine, ayant été campée sur cette montagne lors du siège de la ville par Tite, ces sacrés vestiges n’en purent être effacés, ni oubliés de la mémoire des fidèles.
Quand on veut se consoler de la tristesse de ces vallées (qui avoisinent Jérusalem), on s’en va sur la montagne des Oliviers. Que d’imposantes scènes du haut de ce mont ! Le grand livre des Écritures inspirées semble se déployer au loin sous vos yeux avec toutes ses pompeuses merveilles. Assis au sommet de la montagne, les regards attachés sur Jérusalem, j’ai quelquefois songé au spectacle magnifique que devait présenter la cité sainte, vue du mont des Oliviers, dans les beaux jours du royaume d’Israël. Aidé de mes souvenirs bibliques et d’un peu d’imagination, j’aimais à me représenter la sainte métropole dans toute sa vaste étendue, occupée par six cent mille habitants ses fortes tours et ses hautes murailles, ses palais superbes bâtis avec l’or d’Ophir et les cèdres du Liban ; surtout ce temple de Salomon, qui devait être à lui seul un si beau spectacle. Oh ! que j’ai bien compris les larmes que versa le Christ, lorsque, du haut de la montagne des Oliviers, il annonçait la ruine de la cité et du temple qu’il voyait devant lui !
De tout temps, le mont des Oliviers a frappé l’imagination des chrétiens ; dans les premiers âges de l’Église, on découvrait sur la montagne des feux miraculeux, et les pèlerins du neuvième et du dixième siècle croyaient y voir se renouveler la scène glorieuse de l’ascension du Sauveur. Quelques-uns, arrivés sur la montagne des Oliviers, se prosternaient à terre, les bras en croix et versant des larmes, et demandaient à Dieu la grâce d’être délivrés de la prison du corps dans le lieu même d’où Jésus s’était élancé vers le ciel. Le chroniqueur Glaher nous parle d’un pèlerin d’Autun nommé Lethbald, que Dieu appela dans le séjour des élus le jour même qu’il avait fait sa prière sur la montagne de l’Ascension. La procession des guerriers de la croix, avant le dernier assaut de Jérusalem, s’arrêta sur le mont des Oliviers ; le seul aspect de la ville, du haut du mont sacré, dut enflammer l’enthousiasme héroïque des compagnons de Godefroi, bien plus que les discours des clercs et des évêques. Le mont des Oliviers est resté à Jérusalem comme une dernière gloire, comme un diadème radieux qui couronne eneore la fille de Sion ; la critique et le scepticisme, qui, en passant par la Judée, se sont complus.à jeter de la confusion dans les lieux sacrés, déplaçant les uns, niant les autres, ne pourront jamais, je pense, étendre leurs ténèbres sur la montagne des Oliviers ; le doute ne viendra point se mettre devant mon soleil, et je garderai sur ce mont mes illusions religieuses et poétiques. » M. Poujoulat, Correspond d’Orient, lettr. CV, tome 4 pages 357-359.
Tout m’inspirait le nom de Jérusalem ! C’était elle : elle se détachait en jaune sombre et mat, sur le fond bleu du firmament et sur le fond noir du mont des Oliviers. Nous arrêtâmes nos chevaux pour la contempler dans cette mystérieuse et éblouissante apparition. Chaque pas que nous avions à faire, en descendant dans les vallées profondes et sombres qui étaient sous nos pieds, allait de nouveau la dérober à nos yeux : derrière ces hautes murailles et ces dômes abaissés de Jérusalem, une haute et large colline s’élevait en seconde ligne, plus sombre que celle qui portait et cachait la ville : cette seconde colline bordait et terminait pour nous l’horizon. Le soleil laissait dans l’ombre son flanc occidental, mais rasant de ses rayons verticaux sa cime, semblable à une large coupole, il paraissait faire nager son sommet transparent dans la lumière, et l’on ne reconnaissait la limite indécise de la terre et du ciel qu’à quelques arbres larges et noirs plantés sur le sommet le plus élevé, et à travers lesquels le soleil faisait passer ses rayons ; c’était la montagne des Oliviers ; c’étaient ces oliviers eux-mêmes, vieux témoins de tant de jours écrits sur la terre et dans le ciel, arrosés de larmes divines, de la sueur de sang, et de tant d’autres larmes, et de tant d’autres sueurs, depuis la nuit qui les a rendus sacrés… » M. de Lamartine, Voyage en Orient, tome 1 pages 4.21,. 4.22. Voyez Gethsemani.