Île de la mer Egée, une des Sporades, où l’apôtre saint Jean l’Évangéliste fut relégué (Apocalypse 1.9) l’an 94 de Jésus-Christ, ou de l’ère commune. C’est dans cette île qu’il a eu les révélations qui sont contenues dans son Apocalypse. La plupart des interprètes croient qu’il les écrivit au même endroit, pendant les deux années de son exil, mais d’autres croient qu’il ne les rédigea qu’après son retour à Éphèse. L’île de Pathmos est entre l’île d’Icarie et le promontoire de Milet. Elle n’a rien qui lui fasse plus d’honneur que d’avoir été le lieu de l’exil de saint Jean. On l’appelle aujourd’hui Patino, ou Pactino, ou Patmol. Son tour est de vingt-cinq ou trente milles. Il y a une ville nommée Pathmos avec un port et quelques monastères de moines grecs. On y montre une grotte, où l’on prétend que saint Jean écrivit son Apocalypse [« La montagne de Patmos se découvrait devant nous, dit M. Michaud, Correspond d’Orient, lettr. 80, tome 3 pages 454.456. Sur le sommet de cette montagne, pierreuse et aride, s’élève une cité assez bien bâtie, et près de là le monastère de Saint-Jean, qui ressemble à une forteresse. Notre pilote grec, qui a longtemps habité Patmos, nous a donné sur cette lie quelques renseignements. Patmos a deux bons ports qui ne lui servent de rien, et qui ont l’inconvénient de lui amener des corsaires. Presque tous les habitants de l’île sont dans la cité ; le peuple y est pauvre, mais il vit en pair ; l’air y est sain, et la peste, qui désole souvent les îles, n’a jamais porté ses ravages dans Patmos. Patmos a de plus un collége renommé, qu’on pourrait appeler l’université de l’Archipel : on y enseigne le grec littéral, l’italien, la rhétorique, la logique : il y vient des élèves même de la Morée. Le rocher de Patmos n’a point tenté les Osmanlis, qui ne s’y montrent point et se contentent d’un léger tribut. Jamais on n’y aperçut l’ombre d’un minaret, jamais on n’y entendit la voix d’un muezzin ; la cloche, qui retentit à toute heure sur la montagne de Patmos, annonce à la fois que la religion y fleurit, et qu’on n’y vit point dans la servitude. Tandis que dans toutes les îles on s’agite pour être indépendant, Patmos n’a rien eu à faire pour être libre, et la liberté est venue pour elle comme une plante, comme une fleur de sa montagne. Au milieu de cet archipel toujours troublé par des passions nouvelles partout armé contre Poppression, Patmos est la seule île peut-être qui soit véritablement libre, car les révolutions sont quelquefois le pénible enfantement de la liberté, mais il s’en faut de beaucoup qu’elles soient la liberté.
Ce qui a donné de la célébrité à Patmos, c’est le séjour de saint Jean l’Évangéliste ; l’apôtre nous apprend lui-même qu’il avait été exilé en ce lieu ; « J’ai été envoyé, dit-il, dans l’île appelée Patmos, pour le témoignage que j’ai rendu à Jésus. On montre, au-dessous du couvent de Saint-Jean, une grotte où le saint entendit derrière lui une voix forte et éclatante comme le son d’une trompette ; ce fut cette voix qui lui dicta l’Apocalypse qu’il envoya aux sept Églises de l’Asie, représentées sous l’emblème des sept chandeliers d’or. L’île de Patmos est la seule des îles de l’Archipel où les dieux du paganisme n’aient point eu de temple. Son illustration n’a commencé « avec le christianisme, et sa gloire est toute dans les prédications et dans les prophéties d’un apôtre de l’Église chrétienne. »]