Ville d’Égypte, située à l’embouchure du bras le plus oriental du Nil et le plus voisin de la Palestine. Péluse, autrement Damiette, était comme la clef de l’Égypte du côté de la Phénicie et de la Judée. Ézéchiel (Ézéchiel 30.15-16) en parle sous le nom de Sin, et il l’appelle la force de l’Égypte, ou le rempart de l’Égypte. L’hébreu Sin, qui signifie de la boue, revient fort bien au grec pelusium, qui dérive de pélos, et qui a la même signification. Les Septante ont lu Sais au lieu de Sin, dans l’endroit cité d’Ézéchiel. L’Écriture parle du désert de Sin, entre Elim et Sinaï (Exode 16.1 Nombres 33.11).
Voici la prophétie qu’Ézéchiel prononce contre Péluse (Ézéchiel 30.14-16) : Voici ce que dit le Seigneur : Je ferai périr les statues, et je briserai les idoles de Memphis. On ne verra plus de prince de l’Égypte, et je répandrai la terreur dans ce pays. Je perdrai la terre de Phatur es, et j’enverrai le feu sur Taphnis, et j’exercerai ma vengeance sur No-Ammon, et je répandrai mon indignation sur Sin (ou Péluse), la force de l’Égypte, etc. On croit que ces menaces regardent l’expédition de Nabuchodonosor contre ce pays. Car le Seigneur dit à Ézéchiel (Ézéchiel 29.18) : Nabuchodonosor m’a rendu un grand service au siège de Tyr… et néanmoins ni lui, ni son armée n’ont reçu aucune récompense pour le service qu’ils m’ont rendu ; c’est pourquoi je vais lui abandonner tout le pays de l’Égypte. Le prophète prédit ensuite les maux que nous avons vus. Péluse était par sa situation comme la clef, le rempart et la force de l’Égypte. Elle essuya les premiers efforts de l’armée chaldéenne.
Avant Nabuchodonosor la ville de Péluse avait déjà été attaquée par les armées de Sennachérib, roi d’Assyrie. Ce prince attaqua Sethon, autrement Sevechus, roi d’Égypte, et assiègea Péluse. Sethon était un prince dénué de prudence et peu capable de bien gouverner. Il avait aliéné l’esprit de ses soldats, et s’était vu abandonné de ceux qui étaient capables de le défendre. Cependant s’étant adressé à Vulcain dont il était prêtre, il lui fut dit qu’il allât jusqu’à Péluse à la rencontre de Sennachérib, et que Dieu lui enverrait du secours. Il se mit donc à la tête d’une armée de gens ramassés, et Dieu envoya contre l’armée de Sennachérib une multitude de rats qui rongèrent pendant la nuit les cordes des arcs et les courroies des boucliers des Assyriens, et les mirent hors d’état de se servir de leurs armes. C’est ce que racontaient les Égyptiens. Mais les livres sacrés des Hébreux nous apprennent que ce fut l’ange du Seigneur qui mit à mort dans une seule nuit quatre-vingt-cinq mille hommes de l’armée de Sennachérib (2 Rois 19.35).
On assure que Cambyse, roi de Perse, voulant porter la guerre en Égypte, et ayant résolu de se rendre maître de Péluse, qui en était comme le rempart, pour s’en faciliter la prise, s’avisa de ce stratagème. Dans un assaut qu’il donna à la ville, il mit au premier rang un grand nombre de chats, de chiens, de brebis, et de ces autres animaux que les Égyptiens tenaient pour sacrés. Ainsi les soldats qui défendaient la ville, et qui étaient tous, ou du moins la plupart, Égyptiens, n’osèrent lancer aucuns traits, ni tirer aucune flèche de ce côté-là, de peur de percer quelques-uns de ces animaux ; et Cambyse se rendit maître de la place sans aulcune opposition. An du monde 3478, avant Jésus-Christ 522 [« Péluse, qu’on a confondue avec plusieurs autres villes, dit M. Michaud (Correspond d’Orient, leur. 156, tome 6 pages 361), avait disparu dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. » « Deux ans après la délivrance de saint Louis, dit ailleurs M. Michaud (Histoire des croisades, livre 16 tome 4 pages 329), lorsque ce prince était encore en Palestine, les Mameluks craignirent une seconde invasion des Francs : pour que leurs ennemis ne pussent pas s’emparer de Damiette et s’y fortifier, ils détruisirent la place de fond en comble. Quelques années après, comme leurs craintes n’étaient point calmées et que la seconde croisade de saint Louis répandait de nouvelles alarmes en Orient, on jeta de grands amas de pierres à l’embouchure du Nil, afin d’empêcher les flottes chrétiennes de remonter le fleuve. Depuis cette époque une nouvelle Damiette a été bâtie à trois milles au-dessus de la première. J’ai visite, en 1831, le village de Lisbeth, situé à un mille et demi de l’embouchure du Nil, et à trois milles de la nouvelle Damiette : ce village est généralement regardé comme l’emplacement de l’ancienne ville. Avant d’arriver au village, on rencontre une forteresse qui a servi de caserne aux Française dans l’expédition de Bonaparte, et que le pacha Méhémet-Ali a fait rebâtir ou réparer ; nous ne doutons pas que cette forteresse ne soit très ancienne ; ses fondations et les matériaux employés à sa construction pourraient donner quelques lumières sur la cité qui s’éleva dans le voisinage. » Voyez la Correspondance d’Orient, lettr. 155, tome 6].