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Pénitence
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal

poenitentia, en grec metanoia. Ce terme se prend ordinairement pour le regret d’avoir fait quelque chose, joint à une sincère résolution de s’en imposer des peines, et principalement pour la douleur d’avoir offensé Dieu. Il se prend aussi pour les œuvres de pénitence, les jeûnes, les larmes, les aumônes, les œuvres satisfactoires et pour le sacrement de pénitence, par le moyen duquel nous obtenons le pardon des péchés que nous avons commis après le baptême. Il y a une fausse pénitence, comme celle d’Antiochus Épiphane, de Judas d’Iscarioth, de Pharaon, de Saül, d’Achab. Judas manqua de confiance et tomba dans le désespoir ; Antiochus n’eut pas une sincère douleur ; Pharaon et Saül eurent peur, mais ne furent pas touchés d’un vrai repentir ; ils demeurèrent dans l’endurcissement et ne changèrent ni de cœur ni de conduite. Achab fut touché, mais ne persévéra pas dans le bien.

Dans le Lévitique (Lévitique 5.5) il est dit que celui qui aura reconnu son péché en fera pénitence et offrira les hosties ordonnées pour cela : Agat pœnitentiam pro peccato et offerat, etc. Mais le texte original dit simplement que celui qui aura péché, qui aura reconnu sa faute et l’aura confessée, offrira les victimes marquées par la loi. Il ne parle pas expressément de pénitence ; mais reconnaître sa faute, la confesser et offrir un sacrifice pour l’expier, c’est sans doute en faire pénitence : car si l’on n’en était pas touché de repentir, on ne ferait rien de tout cela.

Dans le livre des Juges (Juges 21.6-15) les enfants d’Israël font pénitence et sont touchés de regret sur la perte d’une tribu de leurs frères ; c’est-à-dire, ils se repentent d’avoir fait la guerre à outrance à une de leurs tribus ; ils cherchèrent ensuite les moyens de réparer cette perte.

Samuel dit à Saül (1 Samuel 15.29) : Le triomphateur dans Israël ne pardonnera point : L’Hébreu : Ne mentira point et ne se repentira point ; car il n’est point un homme pour se repentir. Dieu vous a réprouvé sans retour ; il ne changera point de résolution, comme les hommes qui prennent des résolutions, qui s’en repentent et qui ne les exécutent point. Il vous a rejeté et n’en reviendra point. Saint Paul dit dans le même sens (Romains 11.29) : Les dons et la vocation de Dieu sont sans repentir ; Dieu ne révoque pas ses faveurs ; il ne nous abandonne jamais le premier : Non deserit, nisi deseratur.

L’auteur du livre de la Sagesse (Sagesse 5.3) nous représente les méchants dans l’autre vie qui font pénitence et qui gémissent ; c’est-à-dire, qui sont pénétrés de regret et de désespoir en voyant les gens de bien dans l’honneur, pendant qu’eux-mêmes sont dans l’humiliation et dans la douleur. On sait que dans l’autre vie la pénitence et les regrets sont inutiles.

Le même auteur (Sagesse 12.10-19) dit que Dieu exerçant ses jugements contre les chananéens et les châtiant petit à petit et par degrés, leur donnait lieu de faire pénitence. Il dit la même chose en parlant des Hébreux et des enfants de Dieu, pour nous faire voir que la rigueur que Dieu exerce contre les élus, de même que contre les réprouvés, n’a pour Put que de les ramener à leur devoir et de les engager à faire pénitence de leurs fautes.

Le mot de poenitentia se prend quelquefois pour la vengeance. Par exemple, l’Ecclésiastique dit qu’Élie a donné l’onction aux rois pour la pénitence (Ecclésiaste 48.8). Le Grec lit : Qui oignez lès rois pour exercer la vengeance. Élie reçut ordre du Seigneur de donner l’onction royale à Jéhu et à Hazael, pour exercer la vengeance du Seigneur contre la maison d’Achab (1 Rois 19.15-26). Mais nous ne lisons pas qu’Élie ait fait lui-même cette onction, il en chargea Élisée, son disciple.

Les écrivains sacrés représentent souvent Dieu comme un prince qui est touché de regret, ou de repentir, ou de douleur pour avoir souffert ou résolu certaines choses. Par exemple, Moïse dit que Dieu se repentit d’avoir fait l’homme (Genèse 6.6-7), voyant que sa malice et ses crimes étaient montés à l’excès.

Il est dit ailleurs qu’il se repentit d’avoir établi Saül pour roi de son peuple (1 Samuel 15.11) : n’est pas à dire que Dieu ait regret d’une chose qu’il ait mal faite, ou qu’il se repente d’une faute qu’il ait commise, ou qu’il change de sentiment, comme celui qui s’aperçoit de son erreur ; Dieu est incapable de repentir pris dans ce sens. Mais quelquefois il change de conduite envers ceux qui lui sont infidèles ; et après les avoir traités dans sa miséricorde, il les châtie dans sa rigueur, comme s’il se repentait de ce qu’il a fait autrefois en leur faveur.

On dit aussi que Dieu se repent du mal qu’il voulait faire souffrir, lorsque, touché de compassion pour les malheureux, ou fléchi par leurs prières, ou désarmé par leur pénitence, il leur remet la peine de leurs péchés, ou n’exécute pas les menaces qu’il avait faites contre eux. Ainsi il est dit dans le psaume (Psaumes 105.43) qu’il se repentit selon la multitude de ses miséricordes et qu’il fit trouver grâce à son peuple aux yeux de ceux qui les avaient réduits en servitude. Et dans Jérémie (Jérémie 18.8), le Seigneur déclare que si son peuple fait pénitence du mal dont il le reprend, il fera aussi lui-même pénitence du mal qu’il avait résolu de lui faire ; c’est-à-dire, qu’il usera d’indulgence envers son peuple, si son peuple se convertit à lui et fait pénitence de ses crimes ; et au contraire si son peuple n’écoute pas sa voix et n’obéit pas à ses commandements, il fera pénitence du bien qu’il avait résolu de lui faire.

Le baptême de pénitence (Marc 1.4 Luc 3.3 Matthieu 3.11) est celui que Jean-Baptiste prêchait aux Juifs, en les baptisant dans le Jourdain et en les exhortant à faire de dignes fruits de pénitence (Matthieu 3.8 Luc 3.8). Son baptême ne remettait pas les péchés, mais il disposait les pécheurs à en recevoir le pardon dans le baptême du Sauveur.

Pénitence des Juifs modernes. Voyez les articles Expiation et Confession.

Le sacrement de pénitence, institué par Jésus-Christ pour effacer les péchés commis après le baptême, consiste dans la contrition ou la douleur sincère de ses péchés, dans la confession des mêmes péchés et dans la satisfaction, ou dans l’exercice des œuvres satisfactoires, et principalement dans la correction de ses fautes, ou dans le changement de sa vie. Le Sauveur a établi ce sacrement en donnant à ses apôtres, et par même moyen aux évêques et aux prêtres, leurs successeurs, les clefs du royaume des cieux, pour ouvrir et pour fermer, pour lier et pour délier (Matthieu 16.19) ; il les a constitués juges de son Église pour exercer en son nom leur juridiclion sur les âmes des fidèles. Il leur a imposé en même temps l’office de médecins pour apporter aux maladies intérieures des chrétiens les remèdes que leur charité et leur sagesse pourront leur inspirer pour leur guérison. Voyez la conduite de saint Paul envers l’incestueux de Corinthe.

La pénitence des ninivites (Jonas 3.5-7) est canonisée dans l’Évangile même (Matthieu 12.41 ; Luc 11.32). Jésus dit aux Juifs que les Ninivites s’élèveront au jugement contre eux, parce qu’ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas, et que les Juifs n’ont pas voulu se convertir à la prédication de Jésus-Christ qui l’emporte si fort au-dessus de Jonas. Voici comme ce prophète parle des Ninivites Ces peuples crurent au Seigneur, et ordonnèrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis le plus petit jusqu’au plus grand. Le roi de Ninive lui-même étant informé de la chose, descendit de son trône, quitta ses habits royaux, se revétit d’un sac et s’assit sur la cendre, et il fit publier dans Ninive cette ordonnance : Que les hommes et les bêtes demeurent sans boire et sans manger ; que les uns et les autres se couvrent de sacs ; qu’ils crient au Seigneur de toute leur force, et que chacun se convertisse de sa mauvaise voie.