Dieu dit : Que la terre produise les plantes verdoyantes avec leur semence, les arbres avec des fruits, chacun selon son espèce, qui renferment en eux-mêmes leur semence pour se reproduire sur la terre. Et il fut ainsi. La terre produisit donc des plantes qui portaient leur graine suivant leur espèce, et des arbres fruitiers qui renfermaient leur semence en eux-mêmes, suivant leur espèce, et Dieu vit que cela était bon.
Le jour où s’accomplit cet acte de la volonté toute-puissante du Créateur était le troisième ; mais Dieu avait créé auparavant la terre, l’eau, la chaleur, la lumière. Or, pour que les phénomènes qui constituent la vie végétale commencent, il faut, dit le célèbre chimiste Berzelius, la réunion de toutes ces choses ; l’action immédiate des rayons solaires est nuisible à la germination. Partout dans la nature nous trouvons que les premiers phénomènes de la vie, parmi les êtres organisés, prennent leur origine dans l’obscurité, et qu’ils n’ont besoin de l’influence de la lumière du soleil et ne cherchent celle-ci qu’après être arrivés à un certain degré de développement.
M. Bertrand, d’après M. Adolphe Brongniart, confirme par la géologie le récit de Moïse touchant l’époque de la création des plantes : Tous les terrains de sédiment, dit-il, tous ceux par conséquent dont la formation est postérieure à celle des terrains primordiaux, contiennent des débris de végétaux en plus ou moins grand nombre. Ces végétaux sont le plus souvent terrestres, et l’ancienneté des terrains dans lesquels on les rencontre prouve que la vie a commencé sur la terre par Le règne végétal.
Création et propagation des plantes
Les plantes furent créées sur un seul point du globe, et leurs germes furent transportés par divers agents dans tous les autres lieux. Elles ont été créées nécessairement avant l’homme.
L’histoire naturelle apporte aussi son témoignage. C’est parmi les savants une question de savoir si les plantes furent créées dans tous les endroits du globe favorables à leur existence, ou si elles le furent dans une seule contrée pour se répandre dans les autres. Ce sont deux hypothèses ; M. Gaudichaud a adopté ou même créé la deuxième, qu’il croit conforme au récit de la Genèse. Écoutons-le ; il parle à l’académie des sciences :
D’où proviennent, dit-il, ces cellules primitives ? Comment ont-elles été engendrées ? Se sont-elles formées sur un seul point du globe pour se répandre ensuite sur toute sa surface ? Ou bien ont-elles été créées simultanément sur tous les points connus qui se montrent encore aujourd’hui favorables à leur existence, à leur développement, à leur propagation ?
Ce sont des questions qui sous d’autres formes ont sans doute été bien des fois soulevées sans être résolues, et que l’on peut soumettre encore aux générations futures.
Je m’en suis déjà occupé de 1819 à 1825 ; c’est sous l’empire ne mes premières et fortes impressions de jeunesse que j’ai surtout cherché à les résoudre d’après des principes qui jusqu’à ce jour ont peut-être été mal interprétés.
Ces principes consistent à admettre avec la Genèse un seul point originel de création pour chaque espèce de plante, et à supposer que tous les moyens physiques ont pu servir à la dissémination des germes de cette plante primitive et à ses modifications. Ainsi, au nombre des causes qui ont pu coopérer à cette dissémination, j’ai fait intervenir l’action de la mer, de l’air, des vents, des ouragans, des hommes, des oiseaux, et surtout celle des nuages électrisés.
Depuis, en procédant par exclusion, en considérant que les plantes ont nécessairement précédé les hommes, et que la mer, en admettant qu’elle ait peuplé les plages, n’a pu apporter les germes de la végétation des hautes montagnes, qui diffère totalement de celle des plaines, dans les îles volcaniques, il n’est plus resté de plausible pour moi que les phénomènes aériens, les vents, les orages et les nuages, pour le transport des germes reproducteurs.
Enfin, conduit par l’étude et mes propres recherches, ainsi que par des suppositions, à reconnaître que les moindres fragments de plante et même de simples cellules isolées sont également des germes reproducteurs, toutes mes suppositions se fortifièreet et devinrent presque des réalités à mes yeux.
En vain je voulus avec quelques philosophes modernes admettre que les mêmes causes avaient pu produire les mêmes effets, et par conséquent reconnaître plusieurs centres de création spontanée, je ne pus jamais arriver qu’à ceci : certaines conditions de chaleur, de lumière et d’humidité étant nécessaires à la végétation de quelques plantes, les corpuscules de ces végétaux enlevés d’un point quelconque du globe, et transportés dans toutes les directions par les agents météoriques, n’ont prospéré que là ou ils ont trouvé leurs conditions de vie, leurs zones, leurs régions.
De là, selon moi, la dissémination presque générale de certaines espèces qui se rencontrent partout où existent ces mêmes conditions de viabilité ; ce qui a fait dire à plusieurs botanistes voyageurs que quelques plantes font le tour du monde sous des régions données. Je suis allé, on peut le dire aussi loin que possible dans cette difficile voie d’exploration méditative.
Conduit de fait en fait et de supposition en supposition jusqu’au point de dérouter tout le tableau des phénomènes de la vie végétative ; ayant surtout étudié sous cent climats différents tout ce qui a trait aux faits mystérieux de la vitalité, de la fécondation et de lamultiplierition des végétaux ; ayant enfin passé pendant mes voyages et à la suite de mes longues études dix années au moins à réfléchir sur les causes de la vie et de la mort, je me trouve aujourd’hui plus que jamais convaincu de cette vérité éternelle, qu’il n’y a jamais eu qu’une période de création pour les végétaux, tout en reconnaissant que la Puissance suprême e bien pu, pour les plantes qui nous paraissent nouvelles, en avoir retardé ta manifestation.
Ceci ne peut en aucune façon contredire l’opinion des savants qui ont démontré par les fossiles que l’air et les végétaux ont changé à certaines époques à la surface du globe.
L’auteur fait ensuite une supposition, la développe, en prouve la légitimité, la considère comme admise et s’exprime en ces termes :
Les difficultés soulevées, relativement à la dissémination des plantes à la surface du globe, vont cesser.
En effet, dès que nous admettons qu’une partie végétale quelconque, que le moindre fragment de feuille, par exemple, peut donner naissance à un nouvel être, tous les obstacles vont s’aplanir et disparaître aussitôt.
Rien ne s’opposera plus à ce que nous fassions voyager tous les végétaux d’une limite à l’autre de la terre, puisque toutes les forces atmosphériques nous viendront en aide, et qu’il est démontré physiquement que, dans certaines conditions, les corps pesants peuvent être supportés par les corps rares, et qu’un fragment de plante, enveloppé de vapeurs nuageuses, peut voguer dans l’espace comme un corps poreux et pénétré d’air flotte dans l’eau.
La force impulsive des nuages électrisés et des vents réguliers ou irréguliers expliquera le reste. Il ne faudra plus à la parcelle végétale, jetée sur une terre éloignée, que les conditions favorables précitées de lumière, de chaleur, d’humidité et d’électricité, pour enfanter de nouveaux individus typiques. M. Gaudichaud, Recherches générales sur la physiologie et l’organogénie des végétaux, mémoire inséré dans le recueil des comptes rendus des séances de l’académie des sciences, séance du 27 juin 1842. Tom. 14.