Scriba ; en hébreu, sopher ; en grec, grammateus. Le nom de scribe est fort commun dans l’Écriture, et il a plusieurs significations.
1° Un écrivain, un secrétaire. Cet emploi était très-considérable dans la cour des rois de Juda, dont l’Écriture nomme assez souvent les secrétaires, comme des premiers officiers de la couronne. Saraïa était scribe ou secrétaire de David (2 Samuel 8.17). Siva et Séméïas exercèrent le même emploi sous le même prince (2 Samuel 20.25 1 Chroniques 24.6). Sous le règne de Salomon, nous connaissons Elihoreph et Ahia, secrétaires du roi (2 Samuel 4.3) ; Sobna, sous Ézéchias (2 Rois 19.2), et Saphan, sous Josias (2 Rois 22.8-9). Comme il y avait peu de gens, en ce temps-là, qui sussent bien écrire, le nom et la qualité de scribe et d’écrivain étaient considérables.
2° Scriba se met pour un commissaire d’armée, qui fait la revue des troupes, qui en tient registre, qui en fait le dénombrement. Par exemple, il est dit que dans la guerre que Barach fit à Sisara, il y vint de Zabulon des scribes habiles à manier le stylet (Juges 5.14) ou le roseau à écrire. On marque, sous le règne d’Ozias, roi de Juda (2 Chroniques 26.11), Jéhiel, secrétaire, qui avait sous sa main les armées du roi. Jérémie (Jérémie 52.25) parle d’un scribe qui était prince ou chef des soldats, et qui faisait faire l’exercice aux jeunes soldats. L’Hébreu porte : L’écrivain, prince de l’armée, qui fait aller à la guerre le peuple du pays. Dans les livres des Machabées (1 Machabées 5.42), Judas dit aux scribes de se tenir sur le bord du ruisseau que l’armée devait passer, et leur ordonne de ne laisser aucun homme au delà de l’eau, mais de les faire tous marcher à la guerre.
3° Scriba se met pour un homme labile, un docteur de la loi, un homme savant, et qui entend les affaires. Jonathan, oncle paternel de David, était scribe et fort habile (1 Chroniques 27.32). Baruc, disciple et secrétaire de Jérémie est aussi nommé scribe, de même que Gamarias, fils de Saphan, et Jonathan, qui vivaient sous le règne de Josias (Jérémie 26.10-26). Jésus, fils de Sirach, dit (Ecclésiaste 10.5) que le bonheur de l’homme est dans la main de Dieu, et que c’est lui qui comble d’honneurs le visage du scribe. On sait les éloges que l’Écriture donne à Esdras, qui est loué comme un écrivain habile dans la loi de son Dieu (Esdras 7.6). Les scribes du peuple, dont il est parlé assez souvent dans l’Évangile, étaient des écrivains publics et des docteurs de profession, qui lisaient et expliquaient la loi et les saintes Écritures.
Quelques-uns mettent l’origine des scribes sous Moïse ; mais leur nom ne paraît, pour la première fois, que sons les Juges (Juges 5.14). D’autres croient que David les institua, lorsqu’il établit les classes des prêtres et des lévites (1 Chroniques 24.26). Saint Épiphane met leur origine du temps où commença la secte des Saducéens. Il est parlé, dans les Actes, des scribes du parti des Pharisiens (Actes 23.9) ; ce qui a fait croire à quelques-uns que les scribes étaient tous de la secte des Pharisiens. Mais ils n’étaient attachés à aucune secte particulière, et il y en avait de toutes les sectes.
Scribes et docteurs de la loi, dans l’Écriture, ne veulent-dire que la même chose. Et celui qui, dans saint Matthieu (Matthieu 22.35), est appelé docteur de la Loi, dans saint Marc (Marc 12.28), est nommé scribe, un des scribes ; et comme toute la science des Juifs, en ce temps-là, consistait printipalement dans les traditions pharisiennes et dans l’usage qu’on en faisait pour expliquer l’Écriture, le plus grand nombre des docteurs de la loi, on des scribes,. étaient pharisiens, et on les voit presque toujours joints ensemble dans l’Évangile. Les uns et les autres se piquaient de savoir la loi, de l’étudier, de l’enseigner ; ils avaient la clef de la science (Matthieu 22.52), et étaient assis sur la chaire de Moïse (Matthieu 23.2). Saint Épiphane et l’auteur des Récognitions, attribuées à saint Clément, comptent les scribes parmi les sectes des Juifs ; mais il est certain qu’ils ne faisaient point de secte à part, seulement ils se distitignaient par leur étude de la loi.