Ce nom latin a la même signification que le nom grec hoeresis, quoiqu’il ne soit pas aussi odieux. L’on connaissait parmi les Juifs quatre sectes particulières, qui se distinguaient par la singularité de leurs pratiques ou de leurs sentiments, et qui demeuraient unies de communion entre elles, et avec le corps de leur nation. Ces sectes sont celles des pharisiens, des saducéens, des esséniens et des hérodiens, dont nous avons parlé sous leurs articles particuliers.
Au commencement du christianisme, on voulait faire passer la religion de Jésus-Christ comme une secte du judaïsme. Tertulle, avocat des Juifs, accusant saint Paul devant Félix (Actes 24.5), dit qu’il est chef de la secte séditieuse des nazaréens ; et les Juifs de Rome disaient à saint Paul, lorsqu’il fut arrivé dans cette ville (Actes 28.22) : Ce que nous savons de cette secte, c’est qu’on la combat partout. Saint Pierre, dans sa seconde Épître (2 Pierre 2.1-10), prédit aux fidèlès qu’il y aura parmi eux de faux docteurs, qui y introduiront de pernicieuses sectes, et renonçant au Seigneur, qui les a rachetés, attireront sur eux une soudaine ruine. Il ajoute que ces gens, trop amoureux d’eux-mêmes, blasphèment la saine doctrine et ne craignent point d’introduire de nouvelles sectes. Mais, dans ce dernier passage le nom de secte se prend dans le sens d’hérésie.
Ce qui a donné naissance aux différentes sectes qui ont paru parmi les Juifs est apparemment ce que l’on vit parmi les Grecs, où les philosophes étaient partagés en différentes sectes ; par exemple, des académiciens, des stoïciens, des péripatéticiens, des cyniques, des épicuriens ; etc. Les Juifs, à l’imitation des Grecs, commencèrent à se partager en différentes sectes, vers le temps des Machabées. Il semble que les Corinthiens avaient envie d’introduire quelque chose de pareil dans le christianisme (1 Corinthiens 1.12 ; 3.22), lorsqu’ils disaient : Pour moi, je suis disciple de Pierre, moi de Paul, et moi d’Apollon : abus que saint Paul réprima si fortement dans sa première Épître aux Corinthiens. Encore aujourd’hui, dans l’Église chrétienne et catholique, on souffre des espèces de sectes en philosophie, et même en théologie, à l’égard des questions que l’Église n’a pas décidées, et qu’elle laisse à la liberté des écoles. Ainsi nous voyons en philosophie des péripatéticiens, des stoïciens, des nominaux, des cartésiens, des gassendistes, etc., et en théologie, des thomistes, des augustiniens, des scotistes, des molinistes, des congruistes.