Hérétiques, sectateurs de Simon le Magicien. Ils étaient dans tous les principes de leur maître que nous avons exposé plus haut ; et pour la pratique ils vivaient, autant qu’ils pouvaient, dans toutes sortes de débordements, qui surpassaient, dit Eusèbe, tout ce que l’on en pourrait dire, et ils avouaient dans leurs livres que ceux qui entendraient parler pour la première fois de leurs mystères les plus secrets seraient surpris d’étonnement et d’effroi. Outre l’impudicité, ils s’adonnaient encore à toutes sortes de sorcelleries ; et quoiqu’au dehors ils fissent en quelque sorte profession du christianisme, ils ne laissaient pas d’adorer Simon et Hélène, représentés sous la figure de Jupiter et de Mars, et de leur offrir des victimes et des libations de vin. Ils regardaient même le culte commun des idoles comme une chose indifférente, en sorte qu’ils ne s’exposaient point aux persécutions et aux tourments, comme les chrétiens, pour ne pas offrir de l’encens aux idoles ; et les païens les laissaient en repos, pendant qu’ils persécutaient le plus ouvertement les catholiques.
Il y a beaucoup d’apparence que saint Jean, saint Pierre et saint Paul, lorsque dans leurs Épîtres ils attaquent les hérétiques, les faux apôtres, ces gens qui corrompaient la saine doctrine par leurs profanes nouveautés de paroles, qui se vantaient faussement d’avoir une lumière et une science particulières sur les choses divines, ces ennemis de la croix de Jésus-Christ, ces hommes qui faisaient leur Dieu de leur ventre, et qui mettaient leur gloire dans ce qui devait les charger de confusion, entendent parler des disciples de Simon, de Corinthe et de quelques autres hérétiques du premier siècle. La peinture que saint Paul en fait en plusieurs endroits de ses Épîtres (2 Corinthiens 5.10 Colossiens 2.4-5 2 Timothée 2.14-16) fait voir que la corruption de leurs mœurs était extrême, et que leur doctrine n’était pas plus pure que leurs sentiments.
La secte des simoniens dura jusqu’au quatrième siècle. Saint Justin dit que de son temps, c’est-à-dire vers l’an 150, presque tous les Samaritains et encore quelque peu d’autres en divers pays reconnaissaient Simon pour le plus grand des dieux. Saint Clément d’Alexandrie dit que ses sectateurs l’adoraient et tâchaient de se rendre semblables à lui. Saint Irénée dit qu’on les appelait simoniens, et Origène assure qu’on leur donnait aussi le nom d’héléniens, à cause d’Hélène. Le même auteur dit en un endroit que la secte des simoniens était réduite a environ trente personnes. Ailleurs il assure qu’il n’y en avait plus aucun. Mais on sait par d’autres témoignages qu’il y en eut jusqu’au commencement du cinquième siècle. Un auteur, qui a écrit sur le baptême contre saint Cyprien vers l’an 256 dit que quelques hérétiques descendus de Simon faisaient paraître du feu au-dessus de l’eau en donnant le baptême. Eusèbe parle encore des simoniens qui se mêlaient aux catholiques et recevaient le baptême dans l’église, répandant ensuite en secret le venin de leur doctrine parmi les fidèles. Plusieurs furent découverts et chassés de l’Église vers le commencement du quatrième siècle.