Officier d’Antiochus Épiphane que Grotius croit avoir été gouverneur de la Mysie. Il est nommé dans le grec (2 Machabées 5.24) Mysarchès, qui peut avoir ce sens, ou qui peut marquer chef des scélérats et des méchants. Antiochus Épiphane ayant résolu de tirer de grandes sommes de Jérusalem, envoya Apollonius peur exécuter ce dessein ; il y vint à la tête d’une armée de vingt-deux mille hommes (1 Machabées 1.30-31 ; 2 Machabées 5.24-25) ; il feignit d’y vouloir demeurer en paix, et attendit, sans rien dire, jusqu’au jour du sabbat. Alors il fit main basse sur le peuple et en tua un très-grand nombre ; la ville fut brûlée et pillée, et il prit dix mille personnes, qu’il emmena captives, pour les vendre au profit du roi. Deux ans après, Judas Machabée ayant ramassé une armée de six mille Juifs, qui étaient demeurés fidèles au Seigneur, Apollonius, qui était alors à Samarie, marcha contre lui, et lui livra la bataille (1 Machabées 3.10-12). Mais Judas remporta la victoire, défit Apollonius, le tua, dissipa son armée, remporta de riches dépouilles, et prit l’épée d’Apollonius pour s’en servir dans les comiats. [Voyez ma note sur l’article suivant].
Gouverneur de la Coelé-Syrie, et général des armées de Démétrius Nicanor, fils de Démétrius Soter, ayant quitté le parti d’Alexandre Ballès, pour se donner à Démétrius Nicanor, se mit à la tête d’une puissante armée, pour obliger les Juifs de se déclarer pour Démétrius. Il vint se camper à Jamnia, et écrivit à Jonathas Machabée, prince des Juifs, pour le défier de descendre dans la plaine, lui reprochant qu’il ne demeurait dans les montagnes et dans les rochers, que parce qu’il ne se sentait pas assez fort pour combattre en pleine campagne. Jonathas, piqué de ces reproches, prit avec lui son frère Simon et dix mille hommes de troupes choisies, et vint se présenter devant Joppé. La garnison, qui était composée des troupes d’Apollonius, lui ferma les portes ; mais les bourgeois, voyant que Jonathas se disposait à les forcer, lui ouvrirent les portes, et le reçurent dans la ville.
Apollonius ayant appris que Jonathas s’était rendu maître de doppé, s’avança jusqu’à Azoth avec trois mille chevaux, et huit mille hommes de pied ; ayant outre cela laissé mille chevaux en embuscade dans un torrent, pour prendre les Juifs par derrière. Mais Jonathas, en ayant été informé, rangea ses troupes de manière qu’elles pouvaient faire face aux ennemis de tous côtés, et leur défendit de sortir de leurs rangs, mais il leur ordonna de demeurer de pied ferme et de soutenir tout l’effort des ennemis. La cavalerie d’Apollonius fut tout le jour à se fatiguer, et à lancer des dards et des flèches contre les troupes de Jonathas, qui, les recevant sur leurs boucliers, n’en étaient que très-peu incommodées. Sur le soir, Jonathas fit charger l’armée ennemie, la cavalerie prit la fuite, et l’infanterie fut entièrement défaite. Quelques-uns de ceux qui s’étaient sauvés, s’étant jetés dans le temple de Dagon, près d’Azoth, Jonathas les y poursuivit et les brilla avec le temple. Il prit aussi la ville d’Azoth, la pilla et y mit le feu ; il périt dans cette journée huit mille hommes de l’armée d’Apollonius. Cette victoire de Jonathas lui attira de nouvelles grâces et de nouvelles louanges de la part d’Alexandre Ballès ; il lui envoya une agrafe d’or, comme en portaient les parents du roi, et lui donna en propre la ville d’Accaron.
Observations sur la victoire de Jonathas contre Apollonius (1 Machabées 10). L’action de Jonathas est très-hardie et très-profonde, tant par sa conduite, que par, l’excellence de la disposition de ses troupes, et fait voir ici qu’un corps d’infanterie sur une grande profondeur, les rangs et les files serrés, est toujours dans son avantage, dans quelque situation de pays où il se trouve obligé de combattre, soit contre la cavalerie, qui semble si redoutable dans les plaines, soit contre l’infanterie, si l’antagoniste n’attaque dans un ordre semblable : Jonathas, persuadé de cette vérité et de l’ignorance d’Apollonius, général de l’armée du roi Démétrius, dont il méprisait le nombre et les forces, lui fit voir dans cette action qu’il soutiendrait l’effort de la cavalerie qu’il lui faisait si redoutable, car il lui fit dire (1 Machabées 10.73), touché de la hardiesse de Jonathas à vouloir tenir la campagne : Comment pourrez-vous soutenir présentement l’effort de nia cavalerie et d’une si grande armée, dans une campagne où il n’y a ni pierres, ni rochers, ni aucun lieu pour vous enfuir ? On peut lire dans l’auteur sacré les éloges que ce général se donne, qui sentent fort le fanfaron. Le brave Israélite le tira d’erreur, et lui fit voir que le petit nombre vaut mieux que le grand, lorsqu’un habile homme se mêle de le conduire.
Jonathas se mit en campagne avec un corps de dix mille hommes, auquel Simon, son frère, se joignit apparemment avec les troupes qu’il avait à ses ordres (1 Machabées 10.7) : Occurrit ei Simon frater ejus in adjutorium. Ces mots ne doivent pas s’entendre de sa seule personne, mais de l’union de ses troupes avec celles de son frère. Ils marchèrent contre la ville de Joppé, qu’ils emportèrent d’emblée. Apollonius, à cette nouvelle, marcha comme pour aller vers Azot, et il se jeta tout d’un coup vers la plaine, parce qu’il avait beaucoup de cavalerie, en qui il se fiait principalement. Jonathas, qui n’en avait point, le suivit vers Azot, et là, ils donnèrent bataille.
Apollonius qui connaissait la hardiesse audacieuse du général juif, lui tendit un piège, ayant laissé mille chevaux, qui, dans la marche de Jonathas, se trouvèrent sur ses derrières ; il en fut averti, sans qu’il en tint pour cela grand compte ; de sorte qu’il se vit tout d’un coup au milieu de l’ennemi, attaqué de front, à dos et de toutes parts. Circuierunt castra ejus : ces mots m’embarrasseraient beaucoup pour ce qui me reste à dire, si le commentateur bénédictin ne m’apprenait que castra signifie l’armée ; car l’on voit assez, par ce que dit l’auteur sacré, que les Juifs ne campèrent pas, puisque le combat s’engagea dès que les armées furent en présence : cela est démonstratif. Dom Calmet, dans son commentaire, cite Josèphe, qui explique autrement le texte de cet endroit, je crois qu’il a raison ; c’est aussi sur a foi de cet historien célèbre et vrai, que je règle la disposition des deux armées. Josèphe dit donc, que Jonathas ayant aperçu les ennemis qui venaient par derrière, n’en fut pas troublé ; mais qu’ayant rangé ses troupes en bataillon carre (à la lettre, comme une tuile, selon la forme de la phalange Macédonienne), il leur ordonna de faire face de tous côtés. Cela prouverait qu’il forma un carré oblong sur une très-grande profondeur, c’est-à-dire une phalange doublée. Apollonius, craignant que sa phalange ne rebouchât contre cette masse impénétrable d’infanterie, tenta de l’enfoncer avec sa cavalerie, en l’attaquant de toutes parts, pour ensuite la tailler en pièces par son infanterie, si la cavalerie l’avait une fois rompue ; il fut trompé, car il trouva une égale force et une valeur égale dans cette masse énorme de combattants, malgré les traits dont elle se voyait accablée, ce qui ne me laisse aucun doute qu’on avait disposé les archers de tous côtés. Ces mots, comme une tuile, marquent évidemment que les Juifs se servirent de leurs boucliers, comme l’infanterie d’Antoine dans sa retraite contre les Parthes, c’est-à-dire, qu’ils formèrent comme un bois de cette arme défensive ; c’est la tortue au pied de la lettre, sans qu’on puisse la contester, et le mot de tuile prouve encore que c’était un carré oblong.
Il y a ici une difficulté assez considérable, dont il est difficile de se tirer : l’on en fera peut-être un sujet de critique pour la planche que l’on a fait graver ; on pourrait avoir raison, car l’auteur de ce livre ne dit pas un mot de l’endroit où Simon était avec ses troupes : il s’était donc détaché de son frère, où était-il donc alors ? Toute l’armée juive n’était-elle pas environnée ? et cependant Simon fait avancer ses troupes, et attaque l’infanterie, ou la phalange des ennemis, parce que la cavalerie était déjà fatiguée ; et l’ayant rompue, elle prit la fuite. Démêlons un peu ceci, car il n’est pas possible qu’il fût séparé de son frère ; la vérité du fait est que cette infanterie, aussi lasse que la cavalerie qui l’environnait, perdit patience, qu’elle s’ébranla, et quittant son premier poste, elle marcha à une autre phalange ; et tombant de tout son poids dessus, elle l’enfonça, et la mit en fuite ; et comme Simon avait doublé à la queue de l’infanterie de son frère, il se trouva en face de la phalange ennemie, qu’il chargea pendant que Jonathas faisait front à la cavalerie et aux archers. Je crois que je raisonne juste, et’que ma conjecture est plus que probable ; c’est tout ce que je puis faire de mieux. Si l’auteur du livre eût rapporté cette affaire un peu moins obscurément, nous eussions parlé plus pertinemment.
1. Fils de Thraséas ; 2. fils de Mnesthée ; 3. fils de Gennée. Voyez ma note sur l’article précédent.