Fille d’Helcias (Daniel 13.1-3), et femme de Joakim, de la tribu de Juda. Élie demeurait à Babylone, y ayant été menée en captivité avec son mari, apparemment dans le même temps que Daniel, c’est-à -dire, l’an du monde 3398, avant Jésus-Christ 602, avant l’ère vulgaire 606. Or Susanne était d’une rare beauté, et avait beaucoup de piété, et decrainte de Dieu. Les Juifs captifs qui étaient à Babylone, s’assemblaient chez Joakim, pour la décision de leurs affaires, et l’on établissait chaque année deux juges, pour terminer les difficultés qui survenaient parmi eux. Susanne avait accoutumé tous les jours d’aller sur le midi se promener dans le jardin de son mari. Les juges dont on a parlé, qui s’assemblaient chez Joakim, l’y voyant entrer, conçurent une ardente passion pour elle. Ils demeurèrent quelque temps sans se découvrir leur dessein : mais enfin s’étant tous deux rencontrés au même lied pour observer le temps de voir Susanne, ils se déclarèrent leur passion, et convinrent des moyens de surprendre cette femme seule dans son jardin. Ils allèrent donc s’y cacher ; et Susanne y étant entrée, et voilant se baigner, envoya ses servantes dans la maison, pour lui aller chercher des parfums et des pommades.
Alors les deux juges accoururent à Susanne, lui avouèrent leur passion, et la menacèrent, si elle n’y voulait pas consentir, de l’accuser d’avoir introduit un jeune homme dans son jardin, pour se divertir avec lui. Susanne jeta un profond soupir, et leur dit : Je ne vois que périls de toute part ; car si je fais ce que vous désirez, je suis morte ; et suie ne le fais point, je n’échapperai pas de vos mains ; mais il vaut mieux que je tombe entre vos mains, sans avoir commis le mal, que de pécher en la présence du Seigneur. Aussitôt elle jeta un grand cri, les vieillards crièrent aussi contre elle ; et l’un d’eux courut à la porte du jardin, et l’ouvrit. On y accourut ; et les deux juges ayant dit qu’ils avaient surpris Susanne avec un jeune homme, tous les serviteurs de la maison de Joakim en furent extrêmement surpris, parce qu’on n’avait jamais rien dit de semblable de Susanne.
Le lendemain le peuple s’étant assemblé chu Joakim, à l’ordinaire, les deux juges envoyèrent querir Susanne, afin qu’elle comparût devant eux. Elle vint accompagnée de son pare, de sa mère, de ses enfants, et de toute sa famille. Alors les deux juges se levèrent, mirent leurs mains sur sa tête, et assurèrent qu’ils l’avaient vue dans son jardin’avec un jeune homme, qu’ils les avaient surpris en flagrant délit ; et qu’ayant voulu arrêter le jeune homme, il s’était sauvé ; mais que, pour Susanne, il l’avaient prise, et qu’ils attestaient par serment tout ce qu’ils venaient de dire. Toute l’assemblée les crut, comme étant anciens et juges du peuple ; et Susanne fut condamnée à mort. Elle adressa sa prière à Dieu, le prit à témoin de son innocence, et le conjura de la manifester.
Le Seigneur exauça sa prière ; et comme on la conduisait au supplice, un jeune homme nommé Daniel cria à haute voix : Je suis innocent du sang de cette femme. À ces paroles tout le monde s’arrêta, et Daniel leur ayant fait des reproches de leur trop grande facilité à condamner sans une exacte information, il leur dit : Retournez pour la juger de nouveau, parce qu’ils ont porté un faux jugement contre elle.  Le peuple étant donc retourné à la maison de Joakitn, Daniel dit : Séparez les anciens l’un de l’autre, et je les jugerai. Après cela, ayant fait venir le premier, il lui dit : sous quel arbre les avez-vous vus parler ensemble ? Il répondit (Daniel 13.54-58) : Sous un lentisque. Daniel lui dit : C’est justement que votre mensonge vu retomber sur vous, car voilà l’ange du Seigneur qui est prêt à vous scier en deux. Après cela, il fit venir l’autre vieillard, à qui il fit la même demande ; il répondit : Je les ai vus sous une yeuse. Daniel lui dit : Vous allez recevoir la juste peine de votre calomnie, car l’ange du Seigneur est tout prêt pour vous couper par le milieu du corps. Alors tout le peuple jeta un grand cri ; et ils firent souffrir aux deux vieillards la même peine qu’ils avaient voulu faire souffrir à Susanue, c’est-à -dire qu’ils les lapidèrent.
L’histoire que nous venons de raconter ne se lit pas dans l’Hébreu de Daniel, mais seulement dans le Grec. Plusieurs autrefois ont contesté sa canonicité, et ont prétendu que ce n’était qu’une fable pieuse inventée pour donner un modèle d’une épouse chaste et fidèle jules Africain ayant attaqué la vérité de cette histoire, elle fut fort bien défendue par Origène ; et saint Jérôme, qui, dans quelques endroits, ne lui paraît pas favorable, et la traite même de fable, dit ailleurs qu’il n’a prétendu autre chose dans ces endroits que proposer le sentiment des autres ; et que non-seulement les Grecs et les Latins, mais aussi les Syriens et les Égyptiens, la lisaient et la recevaient. Voyez notre Préface sur Daniel, et ci-devant l’article Daniel. Et quant à l’objection que l’on tirait des allusions entre les mots schinon et chisei, prinon et prisei, voyez ci-devant ces mots sous leurs articles, et ici un peu plus haut la note a.
Plusieurs interprètes ont cru que ces deux juges ou vieillards, qui furent convaincus de faux par Daniel, étaient Achab et Sédécias, faux prophètes de Babylone, que le roi Nabuchodonosor fit brûler dans une poêle ardente, à cause de leurs impudicités. Mais l’histoire que nous venons de lire fait voir que les deux accusateurs de Susanne furent condamnés et mis à mort par le peuple, et apparemment lapidés, comme l’aurait été Susanne si Daniel n’eût découvert leur malice, et que le roi de Babylone n’eut aucune part à tout cela.
Était une sainte femme qui suivait Jésus-Christ avec quelques autres femmes, comme Marie Madeleine et Jeanne, femme de Chusa, lesquelles l’assistaient de leurs biens et fournissaient aux besoins de Jésus-Christ et à ceux des apôtres (Luc 8.2-3). Cela se pratiquait communément par les femmes pieuses parmi les Juifs, sans que personne en prit sujet de scandale. On ne sait rien davantage de cette Susanne ; car tout ce que l’on dit de son arrivée à Marseille avec Lazare, Marthe et Marie est absolument apocryphe.