Natif de Pont, dans l’Asie Mineure, fut converti avec sa femme, Priscille, par saint Paul à la religion chrétienne (Actes 18.2). Comme le métier d’Aquila était de faire des tentes, aussi bien que celui de saint Paul, l’apôtre, logea chez lui à Corinthe. Aquila. était venu depuis peu d’Italie dans cette ville, ayant été obligé de sortir de Rome, par un édit de l’empereur Claude, qui en bannissait tous les Juifs. Saint Paul quitta ensuite le logis d’Aquila pour aller demeurer chez Juste près de la synagogue des Juifs de Corinthe (Actes 18.7), apparemment à cause qu’Aquila était juif converti et que Juste était converti du paganisme ; que les Gentils pussent le venir entendre avec plus de liberté. Lorsque l’Apôtre sortit de Corinthe, il fut accompagné par Aquila et Prisca. Ils allèrent ensemble à Éphèse, où il les laissa pour soutenir cette Église par leur exemple et leurs instructions, pendant qu’il allait à Jérusalem. Ils lui rendirent de très-grands services dans cette ville, jusqu’à exposer leur tête pour lui sauver la vie (Romains 16.4). Ils étaient retournés à Rome lorsque saint Paul écrivit l’Épître aux Romains, dans laquelle il les salue avec de grands éloges. Enfin ils étaient revenus à Éphèse lorsque saint Paul écrivit sa seconde épître à Timothée ; dans laquelle il le prie de les saluer de sa part (2 Timothée 4.19). L’on ne sait pas distinctement ce qu’ils firent jusqu’à leur mort. Les Grecs donnent à Aquila les titres d’évêque et d’apôtre et font en son honneur leur grand office le 14 de juillet. Les martyrologes marquent la fête d’Aquila et de Prisca, sa femme, le 8 du même mois.
Célèbre traducteur des Écritures de l’Ancien Testament d’hébreu en grec. Ayant été établi par l’empereur Adrien pour avoir l’inspection sur le rétablissement de la ville de Jérusalem, à qui cet empereur donna le nom d’Elia, il eut occasion d’y voir les premiers disciples de Jésus-Christ, et touché de la pureté de leur vie et des grands exemples de vertus qu’il leur voyait pratiquer, embrassa le christianisme, demanda le baptême et l’obtint. Mais comme il était fort attaché à l’astrologie judiciaire et que les chefs de l’Église lui remontraient l’incompatibilité de cet art curieux et inutile avec la profession du christianisme, voyant qu’il ne le voulait pas quitter, ils le chassèrent de l’Église. Aquila, ne pouvant souffrir la honte de cette excommunication, renonça au christianisme et passa dans la religion des Juifs en recevant la circoncision. Alors il se mit à étudier la langue hébraïque et, en ayant acquis une connaissance exacte, il entreprit de traduire l’Ancien Testament d’hébreu en grec et, dans la vue de cacher la honte de son apostasie, il s’appliqua, dit saint Épiphane, de qui nous apprenons ces particularités, à détourner le sens des passages qui regardent notre Sauveur et à les interpréter dans un sens tout différent de celui des Septante. Ce qu’il exécuta, comme l’on croit, du temps même de l’empereur Adrien.
Aquila travailla d’abord à une traduction de l’Écriture, dans laquelle il s’attachait à rendre le sens du texte, mais d’une manière plus libre et plus dégagée ; après cela il en entreprit une autre plus scrupuleuse, et dans laquelle il s’appliquait servilement à rendre la signification littérale des moindres termes : et c’est cette dernière traduction que les Juifs appelaient la version exacte, et dont ils faisaient plus de cas que d’aucune autre traduction : Aquila contentiosus interpres, qui non solum verba, sed etymologias quoque verborum transferre conatus est, dit saint Jerôme, dans son épître à Pammachius. Cependant, en d’autres endroits, le même Père loue l’exactitude scrupuleuse et littérale d’Aquila : Aquila qui non contentiosius, ut quidam putant, sed studiosius verbuminterpretatur ad verbum. Et au lieu que la plupart des anciens l’accusaient d’avoir altéré le sens des passages qui favorisent le christianisme, saint Jérôme, écrivant à Marcella, dame romaine, lui dit, qu’examinant continuellement la version d’Aquila, il y trouve tous les jours plusieurs choses qui sont favorables à notre créance : Ut amicoe menti fatear, quoe ad nostram, fidem pertineant l’oborandam plura reperio.
On ne sait pas certainement si Aquila était juif d’origine ou s’il était gentil avant qu’il embrassât le christianisme. Saint Épiphane ne doutait point qu’il ne fût gentil de naissance ; mais d’autres forment sur cela des doutes qu’il n’est pas aisé de, résoudre. On dispute aussi si c’est le même qu’Onkélos, célèbre paraphraste du Pentateuque. Il y a des rabbins et des auteurs chrétiens pour l’affirmative comme pour la négative. Ce qui est certain, c’est que la plupart des Juifs font Onkélos plus ancien qu’Aquila dont nous parlons, et qu’il y a beaucoup d’endroits très-différemment traduits dans Onkélos et dans Aquila. On peut voir le R. P. D. Bernard de Montfaucon, à la tête de ses Hexaples, page 51. On peut voir aussi les Prolégomènes de Valton et de Serrarius.