Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Targum
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Au pluriel Targumim, c’est-à-dire exposition ou explication. C’est le nom que l’on donne aux paraphrases chaldaïques des livres de l’Ancien Testament. On les appelle paraphrases ou expositions, parce que ce sont plutôt des explications que des traductions littérales du texte. Elles sont écrites en langue chaldéenne, qui devint familière aux Juifs depuis la captivité de Babylone, et qui leur était plus connue que la langue hébraïque : en sorte que, quand on lisait le texte hébreu de l’Écriture dans le temple ou dans la synagogue, on y joignait d’ordinaire une explication en langue chaldéenne, en faveur du peuple, qui n’entendait plus que très-imparfaitement la langue hébraïque. Il y a quelque apparence que, dès le temps d’Esdras, on en usait ainsi, puisque ce savant scribe, lisant la loi au peuple dans le temple (Néhémie 7.8-9), l’exposait avec les autres prêtres qui étaient auprès de lui, et la faisait entendre aux assistants, soit qu’ils l’expliquassent en langue hébraïque, soit, ce qui nous paraît plus probable, qu’ils l’exposassent en chaldéen ou en syriaque : car ces deux langues étaient alors très-semblables (Esdras 4.7 ; 2 Rois 18.26 Daniel 2.4) et presque entièrement les mêmes, et encore aujourd’hui elles ont entre elles beaucoup de conformité ; soit, dis-je, qu’ils exposassent en syriaque ou en chaldéen ce qu’ils lisaient en hébreu.

Mais quoique l’usage de faire ces sortes d’expositions en langue chaldéenne, soit si ancien parmi les Juifs, ils n’ont toutefois des paraphrases ou des targumims écrites que depuis Onkélos et Jonathan, que l’on croit avoir vécu vers le temps de Notre-Seigneur. On met même Jonathan environ trente ans avant Jésus-Christ, sous le règne du grand Hérode. Onkélos est un peu plus récent. Le Targum d’Onkélos est le plus estimé de tous, et on trouve encore des exemplaires où il est inséré verset par verset après le texte hébreu. Il est si court et si simple, qu’on ne peut pas le soupçonner d’avoir été corrompu. Voyez ci-devant l’article d’Onkélos. Ce pasaphraste n’a écrit que sur les cinq livres de Moïse, et son style approche assez de la pureté du chaldéen que l’on trouve dans Daniel et dans Esdras. Ce Targum est cité dans la Misne ; mais ni Eusèbe, ni saint Jérôme, ni Origène n’en ont point eu de connaissance.

Le targum de Jonathan, fils d’Uziel, est sur les grands et les petits prophètes. Il est beaucoup plus diffus qu’Onkélos, et surtout sur les petits prophètes, où il se donne de grandes libertés et se répand en allégories. Son style est assez pur et approche assez du chaldéen d’Onkélos. On croit que des docteurs juifs qui ont vécu plus de sept cents ans après lui y ont fait quelques additions. Voyez ci-devant l’article de Jonathan-Benuziel. On lui attribue une paraphrase sur le Pentateuque ; qui n’est point de lui.

Le targum de Joseph L’aveugle est sur les agiographes. Cet auteur est beaucoup plus récent et moins estimable que ceux dont nous venons de parler. Il a écrit sur les psaumes, Job, les Proverbes, le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste, Ruth et Esther. Son style est un chaldéen fort corrompu et mêlé de mots de langues étrangères. Voyez l’article de Joseph l’Aveugle.

Le targum de Jérusalem n’est que sur le Pentateuque ; encore n’est-il pas entier, ni parfait. Il y a des versets entiers qui manquent ; d’autres sont transposés ; d’autres sont mutilés : ce qui fait croire à plusieurs que ce n’est qu’un fragment d’une ancienne paraphrase que l’on a perdue.

On peut voir sur cette matière les Prolégomènes de Wallon, prolegomen. 12 ; le P. Morin dans ses Exercitations bibliques, et le P. Le Long, Bibliot sacr chapitre 2 sect. 2, page 132, etc. On n’a point de Targum sur Daniel, ni sur les deux livres d’Esdras et de Néhémie. On a publié depuis peu celui qui est sur les Paralipomènes. Les éditions des paraphrases chaldaïques qui sont dans les Polyglottes de Complute, d’Anverset de Paris, et même dans les Bibles rabbiniques imprimées à Venise par Bomberg, sont mutilées ; celles de Bâle et celles de la Polyglotte d’Angleterre sont plus entières.