Fils de Zuri et de Sarvia (J’ignore où dom Calmet a trouvé que le père d’Abisai s’appelait Zuri. Ce nom n’est pas dans l’Écriture, qui, à l’occasion d’Abisai, de Joab et d’Azaël, ne nomme que Sarvia leur mère : (2 Samuel 2.18 ; 1 Chroniques 2.16), et ailleurs. Simon avait dit avant dom Calmet que le mari de Sarvia se nommait Sur ; mais je n’ai encore rien trouvé qui me fasse pencher à croire que cela soit sûr), sœur de David, était un des plus vaillants hommes de son temps, et un des premiers généraux des armées de David. Abisaï vainquit Jésbi-Bénob, géant de la race des Réphaïm, qui portait une lance dont le fer pesait huit livres et quelques onces. Ce géant était près de tuer David, si Abisaï ne l’eût prévenu en lui donnant la mort (2 Samuel 21.16). Le même Abisaï étant un jour entré avec David dans la tente de Saül qui dormait, voulait percer ce prince, mais David l’en empêcha, et se contenta de prendre la lance du roi, pour montrer qu’il aurait pu le tuer s’il eût voulu (1 Samuel 26.7).
Lorsque David, fuyant Absalon, fut obligé de se sauver de Jérusalem, Abisaï voulut tuer Séméï, qui outrageait le roi par des paroles injurieuses, mais David réprima son zèle en lui disant que le Seigneur permettait que cela arrivât pour l’humilier, et qu’il espérait que Dieu aurait égard à sa patience et à son humilité (1 Rois 16.9-12). Abisaï commandait la troisième partie de l’armée de David contre Absalon (2 Samuel 18.2). Il commandait aussi une partie de l’armée, lorsque Joab, son frère, livra la bataille aux Ammonites (2 Samuel 10.10). L’Écriture dit qu’il leva sa lance contre trois cents hommes, et qu’il les tua tous (2 Samuel 23.18), mais on ne sait pas dans quelle occasion cela arriva. On ignore le temps et le genre de sa mort [L’ordre chronologique n’est pas observé dans cet article, qui d’ailleurs est incomplet. L’histoire d’un homme tel qu’Abisaï, neveu de David, et aussi fidèle que vaillant, devait être mieux traitée. Je ne puis ici que remédier à quelques-uns des défauts que j’y ai remarqués, et si je me borne à indiquer les faits, je tâcherai de les caractériser. Saül, à la tête de trois mille hommes, était venu pour surprendre David, réfugié dans le désert de Ziph. Instruit de ce dessein, David, accompagné d’Achimélech et d’Abisaï, se rend sans bruit près du camp de Saül, il en observe les dispositions, il remarque la tente du roi ; la nuit arrive, le silence règne dans le camp, Saül et son armée sont livrés sans défiance au sommeil. David conçoit un projet audacieux : Qui veut venir avec moi, dit-il, dans le camp de Saül ? Moi, répond aussitôt Abisaï, j’irai avec vous. Ils vont, et trouvent Saül couché et dormant dans sa tente ; à son chevet était sa lance fichée en terre, et autour de lui dormaient Abner, général de son armée, et ses officiers. Abisaï dit à son oncle que c’était une belle occasion de se délivrer d’un si cruel ennemi, et qu’il ne la fallait point manquer. Il lui propose de le tuer avec sa lance : un seul coup suffira, dit-il ; cet ardent jeune homme croyait servir en ce cas son oncle et sa patrie ; il ne savait pas encore que l’honneur militaire, comme la conscience, exige l’examen des moyens et des circonstances, il ne se doutait pas qu’il allait commettre une lâcheté. Son oncle le lui apprit (1 Samuel 26.1-12).
Saül était mort, mais son parti vivait encore à la faveur de son fils Isboseth, grâce aux intrigues d’Abner. Après deux ans de paix, Abner recommença la guerre civile, et Abisaï contribua avec Asaël, son frère, sous les ordres de Joab, son frère aussi, à la ruine du parti d’Isboseth (2 Samuel 2.18-24). Il est dit qu’il contribua aussi avec Joab à la mort d’Abner qui, témérairement poursuivi par Asaël, l’avait tué dans l’affaire de Gabaon (2 Samuel 3.30) ; mais sa participation au crime de Joab n’était sans doute que passive, ce qui explique pourquoi il n’est point compris dans les malédictions dont David chargea Joab (2 Samuel 3.29).
Après avoir coopéré aux conquêtes de David dans la Syrie, Abisaï fut envoyé à la tête d’une armée contre les Iduméens, qu’il vainquit dans la vallée des Salines : il leur tailla en pièce dix-huit mille hommes, fixa des garnisons dans les villes de l’Idumée, força les habitants à lui payer une capitation, et leur imposa l’obligation d’un tribut annuel (2 Samuel 8.13-14). Il fut chargé par Joab du commandement d’un corps d’armée contre les Ammonites, qui prirent la fuite (2 Samuel 10.10, 14 ; 2 Chroniques 19.11, 15).
Lorsque David était sur le point de quitter Jérusalem, pour se soustraire aux périls dont la révolte d’Absalom le menaçait, Abisaï fut un des fidèles qui lui répondirent : À tout ce qu’il vous plaira de choisir, Ô roi notre seigneur (la fuite ou le combat), nous sommes prêts (2 Samuel 15.14, 15). La fuite parut à David le parti le plus sage ; Séméi, parent de Saül, le rencontre et lui jette des pierres et des imprécations. Abisaï veut aller couper la tête a ce furieux, et David ne retient qu’à peine la juste indignation de son neveu (2 Samuel 16.9-12). Investi par le roi du commandement d’un corps d’armée, il contribue à la défaite du rebelle Absalom (2 Samuel 18.1-8) ; bientôt après il trouve, dans une démarche de Séméi, l’occasion de demander à David la punition de ce misérable, et David lui répond qu’il est roi et a le droit de faire grâce (2 Samuel 19.22-23). La paix ne se rétablissait pas, une nouvelle révolte, celle de Séba, continuait de la troubler ; Abisaï est envoyé contre ce factieux (2 Samuel 20.6).
Dans une des guerres philistines, il a le bonheur de sauver la vie au roi, qui allait périr sous les coups du géant Jesbi-Bénob (2 Samuel 21.16-17). Abisaï était le quatrième des trente braves de David ou le premier des trois seconds ; il mérita ce titre et ce rang lorsque, armé de sa lance, il combattit seul et tua trois cents ennemis dans une affaire dont nous ignorons les circonstances et dont les historiens sacrés ne mentionnent que cet exploit (2 Samuel 23.18-19 ; 1 Chroniques 11.20-21). Disons en terminant que, plus heureux que Joab, il laissa une gloire sans tache].