Ce terme se trouve dans l’Exode et dans le Deutéronome (Exode 23.16 ; Deutéronome 6.8 ; 11.18). Saint Jérôme l’a traduit par appensum quid, un pendant ; et ailleurs un signe. Plusieurs commentateurs croient que totaphoth est un nom égyptien, et qu’il signifie une sorte d’ornement qui ne nous est pas bien connu. Les Septante le traduisent ordinairement par des choses immobiles, Aquila, des pendants. Les paraphrastes chaldéens le traduisent tantôt par théphilim, des préservatifs, et tantôt par une tiare, une couronne, un bracelet, faisant apparemment attention à l’usage des Juifs de leur temps, qui prenaient les totaphoth pour des bandes de parchemin qu’ils portaient sur le front. Le Syriaque, un mémorial devant vos yeux. Pagnin, des bandeaux devant les yeux.
Quelques rabbins veulent que totaphot signifie un miroir ; plusieurs savants prétendent qu’en égyptien il signifie des lunettes. Scaliger et Lightfoot l’expliquent par amulete, des phylactères, des préservatifs ; Samuel Petit par des figures obscènes que les païens portaient en forme de préservatifs. Saint Jérôme a conçu que c’étaient des bandes de parchemin qui étaient mobiles devant ou entre les yeux des Juifs (Deutéronome 6.8 ; 11.18 Exode 23.16) ; et dans son commentaire sur saint Matthieu, chapitre 23. Quoiqu’il cite les Septante, qui traduisent totaphoth par des choses immobiles, il ne laisse pas de dire que les pharisiens expliquant trop à la lettre les paroles de Moïse, écrivaient le Décalogue sur des bandes de parchemin, les pliaient et les mettaient sur leur front, et s’en faisaient comme une couronne qui était en mouvement sur leurs yeux. Il remarque que les Juifs des Indes, de la Babylonie et de la Perse le pratiquaient encore de son temps, et que ceux qui portaient ces bandes passaient pour les plus dévots.
Pour conclusion, je croirais que le terme totaphoth signifie des pendants qu’on niellait sur le front et qui pendaient entre les yeux, Voyez Genèse (Genèse 24.22), et que Moïse veut que la loi de Dieu soit toujours présente au cœur et à l’esprit des Israélites, comme ces ornements du front sont toujours devant les yeux de celles qui les portent. Le terme totaphoth pourrait bien être égyptien. Je remarque dans la plupart des figures des prêtres représentés dans le tableau d’Isis un petit ornement relevé sur le front, attaché à leur bonnet. Cet ornement ne paraît pas flottant sur le front, mais comme une feuille recourbée ; par les termes de Moïse, ce devait être un ornement propre aux hommes, parce qu’il exhorte les hommes à ne pas oublier les commandements de Dieu, et à ne les point quitter de vue non plus que les Iotaphoths qui s’ont entre leurs yeux.