Ce terme est fort équivoque.
Il se prend,
1° Pour là vertu qui nous rend agréables à Dieu et aux hommes, et qui répond : au grec aretè ;
2° Pour puissance, valeur, et répond au grec dynamis ;
3° Pour miracle ou vertu surnaturelle ;
4° Pour les vertus ou les puissances célestes ; il faut donner des exemples de toutes ces significations.
1° Virtus, dans le sens de vertu morale, se trouve rarement dans l’Écriture. Je ne connais point de nom hébreu qui lui répondu en ce sens, et même aretè, dont les Grecs se servent pour exprimer la vertu morale, se met souvent pour marquer la force, même dans le Nouveau Testament ; par exemple (1 Pierre 11, 9). Le grec aretas signifie visiblement en cet endroit la puissance, de même que (2 Pierre 1.3) : Qui vocavit nos propria gloria et virtute. Mais au v. 5 du même chapitre virtus se prend pour la vertu : Ministrate in fide vestra virtutem, in virtute autem scientiam.
2° Rien n’est plus commun dans l’Ancien, et le Nouveau Testament que le nom de vertu ; pour puissance, valeur, force, armée ; ce terme répond aux noms hébreux, on, ail, gebourah, chaïl, et coah, et au grec, dynamis et aretè (Ruth 3.11) : une femme de force une brave femme [lisez femme brave]. Et (2 Chroniques 9.6) : la force et la puissance sont entre vos mains (Judith 2.7) : les armées des Assyriens (1 Machabées 1.4) : il assembla une armée, il mit sur pied de grandes forces.
3° Virtus se prend pour miracles (Matthieu 7.22) N’avons-nous pas fait plusieurs merveilles en votre nom ? et (Matthieu 13.58) : Non fecit ibi virtutes multas ; et (Actes 19.11) Virtutes non quaslibet faciebat Deus per manum Pauli.
4° Le nom de vertus, virtutes, pour marquer les puissances célestes, se trouve dans saint Paul (Romains 8.38) : Certus sum quia neque virtutes, neque instantia, neque futura… neque creatura alia poterit nos separare a charitate Dei. Et saint Pierre (1 Pierre 3.22) : Jésus-Christ montant au ciel a soumis à sa majesté les anges, les puissances et les vertus.