Ce terme est générique, pour signifier une fille d’honneur, une demoiselle suivante, la servante d’une femme de condition. L’Écriture donne ce nom aux filles de la suite de Rebecca (Genèse 24.61), à celles de la fille de Pharaon, roi d’Égypte (Exode 2.5), à celles de la reine Esther (Isaïe 2.9 ; 4.4-15) ; et enfin à la servante de Judith (Judith 8.32). On dit qu’Abra signifie proprement une coiffeuse, une paresseuse [Quelques-uns ont fait de ce mot un nom propre et avancé que c’était celui de la demoiselle qui accompagna Judith dans le camp des Assyriens ; et M. Simon, qui dit avec raison qu’ils se trompent, prétend que cette demoiselle était fille ou femme de qualité, de même âge à-peu-près que sa maîtresse et d’une égale vertu. Elles vivaient toutes deux, ajoute-t-il, dans les exercices d’une piété solide, et Judith ne la regardait pas comme sa servante ou son inférieure, mais comme son égale et sa compagne, la voulant à sa table, et qu’elle mangeât du même pain ; cette demoiselle prenait soin des affaires de Judith, et était comme la gouvernante de sa maison. M. Simon ne dit pas où il a pris ces curieux détails ; mais que ce soit dans sa tête ou dans un livre, l’auteur de l’histoire de Judith nous donne le moyen de les apprécier à leur juste valeur. Le terme d’abra se trouve cinq fois dans cette histoire (Judith 7.32 ; 10.2-5, 10 ; 16.28) mais on y trouve aussi des textes qui en fournissent l’interprétation, tant il est vrai que le meilleur commentaire de l’Écriture c’est l’Écriture elle-même. Nous voyons d’abord (Judith 8.7) que le mari de Judith avait laissé en mourant des serviteurs et des servantes, et que cette vertueuse veuve s’était retirée avec ses servantes, dit le texte de la Vulgate, dans un appartement au haut de sa maison. Enfin, il est écrit qu’elle donna la liberté à sa servante.
Ainsi, abra n’est qu’un mot qui exprime l’état d’une femme qui en sert une autre et lui est assujettie, non, il est vrai, comme une esclave, mais comme une servante chez les peuples libres].