Sorte de serpent dont le venin est si prompt et si dangereux, qu’il tue, presque dans le moment qu’il a mordu, sans qu’on y puisse apporter de remède. Il court si vite, qu’il semble voler. On dit qu’il est fort petit. L’Écriture en parle souvent. L’endroit où elle parle de l’aspic sourd, qui se bouche l’oreille pour ne pas entendre la voix de l’enchanteur, est des plus fameux. On assure que cet animal se bouche les oreilles pour ne pas entendre celui qui le veut charmer ; et c’est à quoi le Psalmiste fait allusion lorsqu’il dit (Psaumes 57.5) que la fureur du méchant est semblable à celle du serpent et de l’aspic sourd, qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre la voix de l’enchanteur.
Nous avons parlé au long des enchantements des serpents dans une dissertation faite exprès à la tête du premier volume sur les Psaumes, et nous y avons rapporté trois manières diverses d’expliquer le passage du Psaume que nous venons de citer. Les uns croient qu’il y a une sorte d’aspic réellement sourd, qui est le plus dangereux de tous, et que c’est de celui-là que parle ici le Psalmiste ; d’autres veulent que l’aspic, étant vieux, devienne sourd d’une oreille, et se bouche l’autre avec de la terre pour ne pas entendre la voix de l’enchanteur ; d’autres, enfin, prétendent que l’aspic, de même que les autres serpents, a l’ouïe très-fine, mais que, quand on veut l’enchanter, il se bouche les oreilles par artifice en appliquant l’une fortement contre terre et se bouchant l’autre avec le bout de sa queue. On peut voir Bochart et notre Dissertation [Le hakschoub s’entend généralement de l’aspic, dit un auteur copié, par M. Glaire ; mais, comme il y a plusieurs espèces de ces reptiles, il est difficile de déterminer quelle est celle qu’a eue en vue l’Écriture, qui du reste n’emploie ce mot qu’une selle fois, et pour dire que le venin des aspics est sous la langue des méchants (Psaumes 140.4). L’aspic se roule et fait de son corps divers plis du milieu desquels il lève la tête et combat ses ennemis ; c’est de là qu’il tire son nom aspis, qui, en latin, signifie une sorte de bouclier rond : Les interprètes expliquent aussi de l’aspic le mot péthen. Les écrivains sacrés parlent surtout du venin du péthen. Or, on sait que le poison de l’aspic est extrêmement subtil, et qu’il attaque en un instant le fluide vital. Lorsque le Psalmiste parle d’un aspic qui est sourd et qui se bouche les oreilles, il veut dire seulement que les enchantements ne font pas plus d’effet sur lui que s’il était réellement sans oreilles ou qu’il les bouchât. Il est incontestable que les magiciens possédaient l’art d’enchanter les serpents, et, par ce moyen, de les empêcher de piquer ; c’est pourquoi, lorsque l’Écriture veut parler de serpents redoutables, elle les appelle des serpents qui ne se laissent point enchanter, ou qui sont sourds à la voix des enchanteurs (Psaumes 58.5-6) ; Compar (Jérémie 8.17).