Ce terme vient du grec Biblos, qui signifie un livre. Nous donnons au Recueil des saintes Écritures le nom de Bible ou de Livre par excellence ; et les Hébreux lui donnent celui de Mikra, qui signifie lecture ou écriture. Ils ne reconnaissent pour canoniques que vingt-deux livres de la Bible, et voici l’ordre qu’ils leur donnent.
Ordre des livres de la Bible, selon les Hébreux.
La loi.
1. La Genèse, en hébreu Bereschit : In principio. Ce sont les premiers mots du livre.
2. L’Exode, en hébreu Véellé Schemoth El hoec sunt nomina.
3. Le Lévitique, en hébreu Vai-ikra : Et vocavit.
4. Les Nombres, en hébreu Bammidbar : In déserto.
5. Le Deutéronome, en hébreu Elle addebarim : Hoec sunt verba.
Les premiers Prophètes.
6. Josué.
7. Les Juges.
8. Lepremier et le second Livres de Samuel, qui n’en font qu’un chez les Hébreux.
9. Le premier et le second Livres des Rois, qui n’en font qu’un chez les Hébreux.
Les derniers Prophètes.
10. Isaïe.
11. Jérémie et Baruc.
12. Ézéchiel.
13. Les douze petits prophètes ne font qu’un livre, savoir : Osée, Joël, Amos, Abdias, Nahum, Jonas, Michée, Abacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie Les livres sacrés ou les Hagiographes.
14. Les Psaumes. Les Hébreux les partagent en cinq livres.
15. Les Proverbes,
16. Job.
17. Le cantique des cantiques. Les Juifs mettent les Lamentations et le livre de Ruth après le Cantique des cantiques.
18. L’Ecclésiaste.
19. Esther.
20. Daniel.
21. Esdras et Néhémie.
22. Les deux Livres des Paralipomènes ou des Chroniques.
Voici un catalogue des livres sacrés selon les Hébreux, tiré d’Origène, t. I ; éd. Huet, page 47.
1. La Genèse.
2. L’Exode.
3. Le Lévitique.
4. Les Nombres.
5. Le Deutéronome.
6. Josué.
7. Les Juges et Ruth.
8. Le premier et le second de Samuel.
9. Le premier et le second des Règnes.
10. Le premier et le second des Paralip,
11. Le premier et le second d’Esdras.
12. Les Psaumes.
13. Les Proverbes,
14. L’Ecclésiaste.
15. Le Cantique des cantiques.
16. Isaïe.
17. Jérémie et les Lamentations et l’Épître aux captifs.
18. Daniel.
19. Ézéchiel.
20. Job.
21. Esther.
22. Les petits Prophètes.
Ordre et division des livres de la Bible, tant de l’ancien que du Nouveau Testament, suivant la décision du concile de Trente, session 4 décret 1.
La Genèse. L’Exode. Le Lévitique. Les Nombres. Le Deutéronome. Josué. Les Juges, et Ruth. Le premier Livre des Rois. Le second Livre des Rois. Le troisième Livre des Rois. Le quatrième Livre des Rois. Le premier Livre des Paralipomènes. Le second Livre des Paralipomènes. Le premier Livre d’Esdras. Le second Livre d’Esdras, ou Néhémie. Judith. Esther. Job. Les Psaumes. Les Proverbes. L’Ecclésiaste, Le Cantique des Cantiques. La Sagesse. L’Ecclésiastique. Isaïe. Jérémie, et Baruc. Ézéchiel, Daniel. Osée. Joël. Amos. Abdias. Nahum. Jonas. Michée. Abacuc. Sophonie. Aggée. Zacharie. Malachie. Le premier Livre des Machabées. Le second Livre des Machabées.
Les livres du Nouveau Testament sont :
L’Évangile de saint Matthieu. L’Évangile de saint Marc. L’Évangile de saint Luc. L’Évangile de saint Jean. Les Actes des Apôtres.
Les Épîtres de saint Paul.
L’Épître de saint Paul aux Romains. La première Épître de saint Paul aux Corinthiens. La seconde Épître aux Corinthiens. L’Épître aux Galates.l’Épître aux Éphésiens. L’Épître aux Philippiens, l’Épître aux Colossiens. La première Épître aux Thessaloniciens. La seconde Épître aux Thessaloniciens. La première Épître à Timothée. La seconde Épître à Timothée. L’Épître à Tite. L’Épître à Philémon. L’Épître aux Hébreux.
Épîtres Canoniques (ou Catholiques).
Épître de saint Jacques. Lamentations 1ère Épître de saint Pierre. Lamentations 2e Épître de saint Pierre. Lamentations 1ère Épître de saint Jean. Lamentations 2e Épître de saint Jean. Lamentations 3e Épître de saint Jean. Épître de saint Jude. L’Apocalypse de saint Jean.
Des Livres apocryphes de la Bible.
Les livres apocryphes de l’Ancien Testament, sont : le Livre d’Hénoch, les troisième et quatrième Livres d’Esdras, les troisième et quatrième Livres des Machabées, l’Oraison de Manassé, le Testament des douze Patriarches, le Psautier de Salomon, et, quelques autres pièces de cette nature.
Les Livres perdus, cités dans l’Ancien Testament, sont : le Livre des Justes (Josué 10.13, 1 Samuel 17.18) ; le Livre des Guerres du Seigneur, cité (Nombres 21.14) ; les Annales des Rois de Juda et d’Israël, citées si souvent dans les Livres des Rois et des Paralipomènes. Ces Annales avaient pour auteurs les prophètes qui vivaient dans les royaumes de Juda et d’Israël. Nous n’avons aussi qu’une partie des trois mille Paraboles de Salomon, et de ses mille cinq Cantiques (1 Rois 4.32) ; et nous avons entièrement perdu ce qu’il avait écrit sur les plantes, sur les animaux, sur les oiseaux, sur les poissons, et sur les reptiles (1 Rois 4.33). L’on n’a plus l’écrit du prophète Jérémie (2 Machabées 2.1), par lequel n’ordonna aux captifs qui allaient en Babylone de prendre le feu sacré et de le cacher ; et les préceptes qu’il leur donna, pour se garder de l’idolâtrie. Enfin on doute que l’on ait les Lamentations qu’il composa sur la mort de Josias, roi de Juda ; car celles que nous avons de ce prophète paraissent avoir pour objet la prise et la ruine de Jérusalem par Nabuchodonosor.
Les Livres apocryphes du Nouveau Testament, sont : l’Épître de saint Barnabé, l’Épître prétendue de saint Paul aux Laodicéens, plusieurs faux Évangiles, plusieurs faux Actes des Apôtres, et plusieurs fausses Apocalypses ; le Livre d’Hermas, intitulé : Le Pasteur ; la Lettre de Jésus-Christ à Abgare ; les Épîtres de saint Paul à Sénèque, et diverses autres pièces de pareille nature, que l’on peut voir dans le Recueil des Pièces apocryphes du Nouveau Testament, ramassé par M. Fabricius.
De la langue en laquelle ont été écrits les livres de la Bible.
Les livres de l’Ancien Testament ont été écrits en hébreu, pour la plus grande partie. Il y a quelques endroits d’Esdras (Esdras 4.7-8 ; 5 ; 6.1-19 ; 7.12-27) et de Daniel, qui sont écrits en Chaldéen. Tobie, Judith, les Machabées et l’Ecclésiastique ont aussi été écrits en cette langue, ou en syriaque. Mais pour le livre de la Sagesse, il n’a jamais été écrit autrement qu’en grec. On peut vair nos préfaces sur tous ces livres en particulier.
Les livres du Nouveau Testament ont tous été écrits en grec, à l’exception de saint Matthieu, qui a écrit en hébreu, c’est-à-dire en syriaque, qui était la langue que l’on parlait de son temps dans la Judée. On dispute si saint Marc a écrit en latin ou en grec, et si l’Épître aux Hébreux n’a pas d’abord été écrite en hébreu. Mais nous croyons avoir bien montré, dans les préfaces sur ces ouvrages, qu’ils ont été composés originairement en grec.
Des traductions des livres de la Bible.
Les Hébreux furent d’abord assez réservés à se communiquer aux étrangers. Comme ils n’avaient que du mépris et de l’éloignement pour les Gentils, ils ne daignaient pas leur faire part des trésors cachés dans les saintes Écritures ; et réciproquement les peuples voisins des Juifs, comme les Égyptiens, les Arabes et les Phéniciens, n’étaient pas fort curieux de connaître les lois et l’histoire d’un peuple qu’ils haïssaient, ou qu’ils méprisaient. Ce ne fut qu’après les différentes captivités des Juifs, que les étrangers admirant la singularité des lois et des cérémonies de cette nation, voulurent les connaître plus à fond.
Josèphe, qui a étudié les antiquités de sa nation avec une diligence presque incroyable, n’a su trouver que quelques légères traces de l’histoire des Juifs, mêlées dans l’histoire égyptienne, chaldéenne et phénicienne ; et il n’y a remarqué aucune notion de leurs lois et de leur religion, si ce n’est dans des temps fort modernes, comparés à l’antiquité des Hébreux.Cet auteur est même Obligé de chercher la raison de ce silence des écrivains étrangers : c’est, dit-il, qu’ils n’avaient point lu les livres des Hébreux. Il ajoute que si Démétrius Phaléréus, Philon l’ancien, et Eupolème ont parlé des Juifs avec si peu de succès et d’exactitude, c’est qu’ils n’étaient point en état de s’appliquer avec tout le soin nécessaire À la lecture de leur histoire. Et d’où vient qu’ils ne pouvaient pas s’y appliquer, sinon parce que les saints livres n’étaient pas encore traduits en grec, ni contins aux écrivains de cette nation ?
Il est vrai qu’Aristée dit qu’avant Démètrius de Phalère, il y avait une traduction, quoique imparfaite, des livres saints des Juifs, et que Théopompe en ayant voulu insérer quelque chose dans ses vers, en avait perdu l’esprit ; usais Aristée dit cela sans preuve, et sans aucune vraisemblance. Pour qui aurait-elle été cette version ? Était-ce pour les Grecs païens ? Mais il n’y en avait point dans l’Orient qui s’intéressassent à cela. Il y avait encore moins de Juifs qui eussent besoin qu’on traduisît pour eux les saintes Écritures. Ce ne fut donc que depuis Alexandre le Grand, et assez tard, que les Juifs qui demeuraient dans les provinces en grand nombre, et qui n’entendaient plus assez l’hébreu, souhaitèrent que l’on mît leurs Écritures en grec. On peut joindre à cela la curiosité des philosophes et des savants du paganisme, et, si l’on veut, l’envie que les rois d’Égypte, eurent d’embellir et d’enrichir leur bibliothèque, qui produisirent les premières traductions de l’Écriture. Voilà les vraies raisons qui firent penser à traduire d’hébreu en grec les Écritures des Juifs.
Bibles grecques des Septante.
Nous examinerons, sous l’article des Septante, l’histoire d’Aristée et ce qu’il dit de la version procurée par Démétrius Phaléréus, bibliothéraire de Ptolémée Philadelphe. En attendant ; nous déclarons ici que nous voulons bien ne pas croire la version grecque attribuée aux Septante beaucoup plus récente que le règne de Ptolemée Philadelphe, mais aussi que nous ne croyons pas qu’il y en ait eu aucune plus ancienne, et nous avons peine à nous persuader que d’abord on ait traduit en grec toute la Bible. Ce qui est bien certain, c’est que les versions des autres livres de l’Écriture ne sont pas, à beaucoup près, si correctes et si exactes que l’est celle des cinq livres de Moïse ; et que les critiques remarquent, dans les autres livres, des différences considérables pour le style, et pour les manières de parler et de traduire le même terme [D. Calmet oublie la version grecque faite sur le texte samaritain à l’usage de ces sectes. Voyez sur cette version les Nouveaux Eclaircissements sur le Pentateuque samaritain ; Fabricy, des Titres primitifs de la révélation. Les Samaritains ont encore une version en leur propre langue (S)].
Versions chaldéennes.
Les versions chaldéennes de l’Écriture passent pour anciennes, et il y a des critiques qui les croient antérieures au temps de Jésus-Christ ; mais il est certain qu’elles sont plus récentes. On peut voir sur cela les Exercitations bibliques du P. Morin, livre 2.Exercit. 8, chapitre 2. Elles ne sont pas de simples traductions littérales du texte hébreu, ce sont plutôt des paraphrases ou explications. Nous en parlerons plus au long sur l’article de Targum ou de Paraphrases chaldaiques.
Bible en syriaque.
Les Syriens ont en leur langue une traduction de l’Ancien Testament, faite sur l’Hébreu, qu’ils donnent pour très-ancienne. Ils prétendent qu’une grande partie de cette version fut faite du temps de Salomon et l’autre du temps d’Abgare, roi d’Edesse. Hiram, roi de Tyr et ami de Salomon, pria, disent-ils, ce prince de communiquer aux Syriens l’usage des Lettres et de l’Écriture, et de leur traduire en syriaque tous les livres sacrés des Hébreux qui existaient alors, savoir : le Pentateuque, Josué, les Juges, Ruth, les deux premiers Livres des Rois, les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques et Job. Salomon accorda volontiers à Hiram la grâce qu’il lui demandait, et, depuis le règne de ce prince jusqu’au temps de Jésus-Christ, les Syriens n’eurent point d’autres livres de l’Écriture que ceux que nous venons de nommer. Mais depuis la prédication de saint Thadée, différent de l’apôtre de même nom, qui leur fut envoyé après l’ascension de Jésus-Christ, ils reçurent tous les autres livres de l’Écriture, qui furent alors traduits en syriaque par les soins d’Abgare, roi d’Edesse, qui embrassa le christianisme, après avoir connu Jésus-Christ, même avant sa passion. Voilà quelle est la tradition des Maronites sur le sujet de leur version de l’Écriture faite sur l’Hébreu.
Mais on regarde comme fabuleux tout ce qu’ils avancent de leur version faite du temps d’Hiram et de Salomon. On ne convient pas même que la traduction syriaque que nous connaissons soit du temps, d’Abgare, quoi qu’on avoue qu’elle est très-ancienne, puisque les Pères grecs la citent assez souvent. On ne sait qui en est l’auteur ni en quel temps précisément elle a été faite. Pocok cite une version syriaque faite par un certain Thomas d’Héraclée ; mais il avoue qu’avant ce Thomas il y en avait une beaucoup plus ancienne. M. l’abbé Renaudot dit que ce Thomas était évêque d’Héraclée, de la secte des jacobites ou de Dioscore, et qu’étant venu eu Égypte, il travailla à confronter les Bibles syriaques sur les exemplaires [grecs] anciens, qui se conservaient dans le monastère de saint Antoine : de sorte que, depuis ce temps, on collationne et on corrige tous les livres sacrés des Syriens sur cette édition de Thomas d’Héraclée, qui passe pour la plus correcte et la plus exacte de toutes. Mais on n’a aucune preuve qu’il ait jamais composé de traduction de son chef.
Outre cette version syriaque ancienne faite sur l’Hébreu, qui est imprimée dans les Polyglottes de Paris et d’Angleterre, les Syriens en ont encore une autre faite sur le Grec. On n’en sait pas distinctement l’origine. Masius dit qu’il avait en main le Deutéronome, Josué, les Juges, les Rois, les Paralipomènes. Esdras, Judith et Tobie traduits sur le Grec, l’an de Jésus-Christ 615, d’après les exemplaires grecs corrigés par Origène, dans laquelle on avait mis avec une diligence incroyable les obéies et les astérisques d’Origène. Mais ces versions dont parle Masius n’ont jamais paru ; et on ne peut même s’empêcher de former quelques doutes sur cela, quand on considère l’extrême différence des langues grecque et syriaque, et l’impossibilité de mettre toutes les obéies et les astérisques d’Origène, dans une langue où l’on ne trouve ni les articles ni les autres particules qui sont dans la grecque. On connaît une version syriaque faite sur le Grec, et ou sait qu’elle est d’un nommé Mar-Abba.
Bibles lalines.
La version latine de la Bible est toute des plus anciennes, mais elle ne passe pas le commencement du christianisme. Les Juifs lui demeuraient dans l’empire romain ne s’avisèrent pas de mettre l’Ancien Testament en latin, parce qu’ils entendaient tous le Grec ou l’Hébreu, et qu’étant venus d’Asie ou de Grèce, le Grec était très-connu parmi eux. Mais, dès l’origine du christianisme, plusieurs païens, qui ne savaient pas la langue latine, ayant embrassé la foi de Jésus-Christ, on fut obligé de leur procurer une version de l’Écriture en cette langue l’auteur, ou plutôt les auteurs, car il y en a plusieurs qui y ont travaillé, ne sont pas connus ; et la manière dont ils ont traduit le grec en latin fait juger, ou qu’eux-mêmes ne possédaient pas toute la finesse de la langue latine, ou que ceux pour qui ils travaillaient étaient des gens grossiers, simples et sans lettres : et en effet il y en eut beaucoup de cette sorte dès l’origine du christianisme. Or, il n’y avait guère que ceux-là qui eussent besoin d’une traduction latine, car les personnes de condition, ceux qui avaient étudié et qui tenaient quoique rang dans le monde, savaient le Grec et n’allaient pas consulter les traducteurs. De plus, les premiers chrétiens en général méprisaient les charmes de l’éloquence mondaine ; ils allaient au solide et au vrai ; ils cherchaient dans les livres saints de quoi s’édifier et devenir meilleurs, et non pas de quoi se divertir et s’amuser par la beauté des paroles et l’arrangement du discours.
La première version latine de l’Ancien Testament fut faite sur le grec des Septante, qui était le seul qui fût connu par les traducteurs latins. On ne songea à traduire l’Ancien Testament sur l’Hebreu que du temps de saint Jérôme. Entre plusieurs éditions latines qui eurent cours avant saint Jérôme, on distingue toujours l’ancienne ou l’italique, comme étant la plus claire et la plus littérale. Mais depuis que saint Jérôme eut achevé sa traduction sur l’Hebreu, toute l’Église latine insensiblement abandonna l’ancienne italique et adopta celle de ce Père, qui est atiourd’hui dans nos Bibles imprimées et manuscrites.
L’ancienne italique ne se trouve plus entière en aucun endroit que l’on sache ; mais on en a conservé quelques morceaux dans nos Bibles ordinaires, par exemple : le Psautier, le livre de la Sagesse, l’Ecclésiastique, et les additions de Daniel et du Livre d’Esther, Baruch, les Machabées et l’Épître de Jérémie. Quant au Nouveau Testament, le même saint Jérôme le traduisit entièrement sur le Grec, et c’est sa version dont l’Église se sert aujourd’hui, et qui a été déclarée authentique dans le concile de Trente.
L’ancienne italique du Nouveau Testament n’est pas entièrement perdue, et il ne serait pas impossible de la rétablir. Nous avons trouvé les quatre Évangiles suivant cette ancienne version dans un très-ancien manuscrit de Corbie, coté 195, et nous en avons donné les diverses leçons dans notre supplément imprimé à la fin de l’Apocalypse. Le R. P. Martianay a donné l’Évangile de saint Matthieu sur d’autres anciens manuscrits, aussi bien que l’Épître de saint Jacques. Luc de Bruges dit qu’il a eu en main un vieux manuscrit latin de l’abbaye de Malmedy, qui contenait l’ancienne italique, qui était en usage avant le temps de saint Jérôme. Ajoutez le manuscrit grec et latin des Épîtres de saint Paul, dont il y a un exemplaire dans la bibliothèque du roi, et un autre dans celle de Saint-Germain-des-Prés, dont la cotonne latine comprend l’ancienne Vulgate. Je ne doute pas que si on voulait exactement chercher dans les bibliothèques, on ne trouvât toute cette ancienne version. Mais il ne faut pas s’imaginer qu’elle dût être toute uniforme, puisque saint Jérôme et saint Augustin nous apprennent que les anciens exemplaires étaient assez différents entre eux.
Nous aurons de nouveau occasion de parier de la version latine de la Bible sous l’article de la Vulgate.
Bibles arabes.
Pocok et Vallon remarquent qu’il y a deux versions arabes de l’Ancien Testament usitées chez les chrétiens d’Orient l’une est en usage dans l’Église d’Antioche, et, l’autre dans celle d’Alexandrie et dans les Églises qui dépendent de ces deux principales métropoles d’Orient. Cornelius à Lapide croyait avoir découvert des exemplaires de l’une et de l’autre dans la bibliothèque du grand duc de Toscane, mais M. l’abbé Renaudot assure que l’Église grecque d’Alexandrie se sert dans son office de la langue grecque et de la version des Septante, et que hors de l’église elle emploie dans le particulier une version arabe faite sur les Septante. Mais l’Église cophte, ou égyptienne hérétique du même pays, se sert dans l’office public de la langue cophte, quoiqu’elle ne soit plus commune dans l’Égypte.
Que les Grecs d’Antioche ou les Syriens melchites, qui suivent le rite des Grecs, font l’office et administrent tous les sacrements en grec ; mais que les Syriens jacobites ou nestoriens se servent dans leur office public de la version syriaque, et dans le particulier d’une version arabe faite sur le Syriaque, et par conséquent assez approchante de l’Hébreu, sur lequel la syriaque elle-même a été faite, c’est ce que Vallon et Pocok ne savaient pas exactement. Le même M. Renaudot remarque que, quoique les Syriens aient aussi une version syriaque faite sur le Grec, ils ne s’en servent jamais ni dans l’office ecclésiastique, ni dans les questions théologiques.
Outre la version arabe faite sur le Syriaque, il y en a une autre faite sur les Septante par Hareth, fils de Sénan. La diversité qui se remarque entre les divers exemplaires de cette version est si grande ; qu’il est impossible de la concilier l’usage de cette version n’est pas général dans l’Orient, il est borné à quelques Églises de Melchites ou de Grecs orthodoxes, qui font l’office en grec, et qui dans le particulier lisent l’Écriture en arabe, suivant la version des Septante. Les Cophtes ont aussi une version arabe qui est faite, ou immédiatement sur le Grec, ou sur le Couille même qui est traduit sur le Grec car la chose paraît encore douteuse à M. l’abbé Renaudot, qui nous fournit ces remarques.
Les versions arabes imprimées dans les Polyglottes de Paris et de Londres n’ont rien de commun avec les traductions arabes qui sont en usage dans l’Orient, et, ce qui est assez particulier, il n’y a aucune Église orientale qui doive reconnaître sa version dans celles dont nous venons de parler. La version arabe du Pentateuque imprimée dans les Polyglottes est prise sur le fond de cette que Saadias Gaon, Juif d’Égypte, avait faite en faveur de ses confrères, sur le texte hébreu. Mais, les chrétiens l’ayant interpolée et ajustée à leur usage particulier, Gabriel Sionite, qui présida à l’édition de l’arabe des Polyglottes de Paris, se servit de cette version ainsi altérée et interpolée. Les livres de l’Écriture sont pris tantôt d’un côté, tantôt d’un autre ; et les versions arabes sont faites tantôt sur le Grec, et tantôt sur le Syriaque : ceux qui ont eu soin de cette édition ne s’étant niis en peino que de fournir une version arabe d’un tel livre, sans se mettre en peine d’en faire une exacte critique et de l’examiner. En sorte que ces versions arabes ne sont d’aucune autorité parmi les chrétiens d’Orient.
Les Juifs ont aussi diverses traductions arabes de l’Écriture, dont on trouve quelques-unes dans les bibliothèques ; mais elles ne sont pas fort anciennes et n’ont par elles-mêmes aucune autorité. Les unes sont écrites en caractères arabes, et les autres en caractères hébreux. Celle de Saadias Gaon est peul-être la meilleure de celles qui sont faites sur l’Hébreu, mais il faudrait l’avoir entière et dans sa pureté.
Bibles éthiopiennes.
La version éthiopienne de l’Ancien Testament est prise immédiatement sur le texte grec, ou sur le texte cophte ou arabe, lesquels sont eux-mêmes traduits du grec des Septante. M. Ludolf remarque que cette version a un rapport très-sensible avec le manuscrit alexandrin ; l’ordre des chapitres, les inscriptions des psaumes, et tout le reste, s’y rencontrent tout semblables. Les Éthiopiens attribuent leur version de l’Écriture à Salama, que l’on croit être le même que Frumentius apôtre d’Éthiopie, envoyé en ce pays par saint Athanase. Le martyrologe des Abyssins la lui attribue. Mais d’autres croient que c’est l’ouvrage des neuf premiers apôtres de cette nation et qu’elle a été faite sur l’Arabe. On trouve dans les livres des Éthiopiens certains vers qui font mention de cette version des livres sacrés faite sur l’Arabe. Mais M. Ludolf croit que sous le nom de livres sacrés il faut entendre les constitutions et les canons attribués aux apôtres, qui sont en effet traduits d’arabe en éthiopien.
Mais M. l’abbé Renaudot et M. Simon soutiennent que la version éthiopienne de toute l’Écriture, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, est faite sur le Cophte, c’est-à-dire sur l’Égyptien. Ainsi la version égyptienne étant faite sur les Septante et sur d’anciens exemplaires conformes au manuscrit alexandrin, il n’est pas étonnant que l’on remarque tant de conformité entre la version éthiopienne et celle des Septante de ce manuscrit. Il est certain que depuis la domination des mahométans dans l’Égypte, l’Église d’Éthiopie a toujours été soumise à l’Église des jacobites d’Égypte, et ainsi il n’est pas étrange qu’elle ait pris d’elle le texte des Écritures, sur lequel elle a fait sa traduction éthiopienne.
Bibles cophtes ou égyptiennes.
Le nom de cophte est formé de celui d’Égyptos ou Aiguptos, et la version cophte est la traduction faite en langue égyptienne. Les savants conviennent que cette version est formée sur le Grec des Septante, qu’elle exprime à la lettre le sens de ces interprètes ; et M. l’abbé Renaudot remarque une chose fort particulière à ce sujet, qui est que les Égyptiens ont été si ponctuels à conserver l’ancienne version grecque des Septante, dont leur Église d’Alexandrie s’est-servie dès les commencements, qu’ils n’ont pas voulu profiter des travaux d’Origène et des autres qui ont travaillé à confronter la version grecque avec le texte hébreu ; et on lit même dans la Vie de Démétrius, archevêque d’Alexandrie, qu’Origène avait anéanti les anciennes prophéties qui regardaient le Messie et qu’il s’était retiré chez les Juifs, après avoir été excommunié par son évêque. Voilà l’idée que les Égyptiens ont d’Origène.
On dispute sur l’antiquité de la version égyptienne. Quelques-uns croient que dès le commencement du christianisme il y avait une traduction de l’Écriture en cette langue ; faite par saint Marc en faveur des chrétiens qui n’entendaient pas le grec. Saint Athanase remarque que saint Antoine, qui ne savait que l’égyptien, ayant un jour entendu lire ces mots dans l’église : Allez, vendez ce que vous avez et le donnez aux pauvres, il prit ces paroles comme ayant été dites à lui seul, et résolut sur-le-champ de les mettre en pratique. On conclut de cet endroit qu’il y avait donc dès lors une traduction de l’Écriture en égyptien, que l’on lisait publiquement dans l’Église. Mais d’autres croient que saint Antoine entendit ces paroles de la bouche du prêtre, qui expliquait en égyptien ce qu’il avait lu en grec dans l’office public ; car il est certain que, dès le commencement, la liturgie se célébrait en grec dans l’Égypte, comme le montrent encore certaines parties de l’office qui se récitent en grec : ce qui n’empêche pas que d’assez bonne heure on ne célébrât la liturgie en cophte dans la haute Égypte, où le grec était plus commun, pendant qu’on continuait à la célébrer en grec dans Alexandrie et dans la basse Égypte.
Quoi qu’il en soit, on ne sait pas l’origine de la version cophte, ni si celle que nous avons aujourd’hui est la toute ancienne que l’on présume avoir été en usage dès le temps de saint Antoine et dans les siècles suivants, où nous voyons, dans les conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, quelques évêques qui signent en égyptien, ne sachant pas écrire en grec, et où il y avait plusieurs abbés et plusieurs solitaires qui ne savaient que l’égyptien. Or, il n’est pas croyable que-ces évêques et ces religieux eussent vécu sans lire et sans expliquer les Écritures. Il y en avait donc dès lors une traduction égyptienne. Mais, comme je l’ai dit, on a des raisons de douter si celle que l’on a aujourd’hui est la même que cette ancienne, ou si elle est plus récente. Je croirais plus volontiers que c’est l’ancienne : car pourquoi en faire une nouvelle, si l’on en avait déjà une autre ? Si l’on avait travaillé à une version depuis les septième et huitième siècles, on en connaîtrait apparemment l’auteur et on en saurait l’époque ; mais comme on ne sait ni l’un ni l’autre, il est très-probable que celle que nous avons est la même que l’ancienne.
La langue cophte, dans laquelle est faite la version égyptienne, est la langue égyptienne primitive, du moins quant au fond ; mais elle est mêlée de beaucoup de mots et de manières de parler imitées du grec ; le caractère même est imité du grec. Quoique le cophte ne soit plus commun dans l’Égypte et que le peuple n’entende plus cette langue, on ne laisse pas de continuer à célébrer la liturgie en cophte, mais on explique l’évangile et l’épître en arabe, qui est la langue vulgaire du pays.
Bibles persanes.
Il y a plusieurs versions persanes, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, composées par différents auteurs, la plupart inconnus, qui en ont fait les uns une partie, les autres une autre. Mais on n’en a aucune qui soit entière d’un seul auteur et reconnue pour authentique par tous ceux qui se servent de la langue persane. Entre celles qui se voient dans les bibliothèques, les unes sont en caractères hébreux ; apparemment celles qui ont été faites pour l’usage des Juifs ; les autres en caractères persans. La plupart sont encore manuscrites.
On a une version des Psaumes en persan par un carme, nommé le père Jean ; et une autre du même livre, faite sur le latin, par des pères jésuites. On trouve aussi les Évangiles en persan, copiés en 1388 sur un plus ancien original. Valton a fait imprimer dans les polyglottes de Londres les Évangiles traduits sur le syriaque par un chrétien perse, nommé Simon, fils de Joseph, qui vivait en 1341. Vallon donna cette version comme la plus ancienne et la meilleure de toutes celles que l’on connût en cette langue. Vélochus, en 1657, fit imprimer une version persane de l’Évangile, qui est différente de celle de Simon, fils de Joseph de Tabriz ; mais elle est faite sur le Grec, de même que celles qu’on a imprimées dans les polyglottes de Londres ; à l’exception toutefois de la version du Pentateuque, qui a été faite sur l’Hébreu, par un juif nommé Jacob, fils de Joseph de Tavas.
Bibles en langues turque, arménienne et géorgienne.
L’on a quelques traductions manuscrites de l’Écriture en langue turque. Par exemple, Jean Vugnadius fit traduire toute la Bible en cette langue, comme le dit M. de Thou, sous l’an 1564, Albert Bobavins, renégat polonais, nommé, depuis son abjuration, Ali-Beg, lit aussi une version de l’Écriture en turc, à la prière de Levinus Varnerius. Nous ne connaissons rien d’imprimé en cette langue sur l’Ancien Testament ; mais on imprima à Londres, en 1666, une version du Nouveau, en langue turque, qui est différente de l’arabe pur et du persan.
Les Arméniens ont leur version de la Bible, assez ancienne, faite en leur langue sur le grec des Septante. Grégoire, évêque d’Alexandrie, qui vivait en 620, dit que saint Chrysostome étant en exil à Cucuse, ville d’Arménie, et y ayant trouvé heureusement quelques personnes qui entendaient le Grec, les engagea à traduire le Nouveau Testament et le Psautier en arménien, pour l’usage du peuple. Mais on doute de la vérité de ce fait et de la sincérité de Grégoire d’Alexandrie, que Photius accuse d’avoir quelquefois avancé des faits contre la vérité ale l’histoire.
On assure que les premières traductions de l’Erriture en langue arménienne, que l’on ait vues sont du temps de l’empereur Arcade et de saint Jean Chrysostome. Ce furent trois savants arméniens qui s’y employèrent : savoir, Moïse, surnommé le Grammairien ; David le philosophe et Mamprœus ; et qui traduisirent de grec en arménien la plupart des livres de l’Écriture, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament.
D’autres en attribuent l’honneur au saint abbé Mesrope, aidé de deux de ses disciples ; Jean et Joseph, du temps de Théodose le Jeune. Grelsérus cite un fragment grec, qui porte que du temps de Théodose le Grand, et de Bahram, roi d’Arménie, qui vivait vers l’an 380, quelques-uns firent une traduction des psaumes en arménien ; ce qui fut trouvé fort mauvais par Théodose, qui se plaignit que l’on eût abandonné la tradition que les Arméniens avaient reçue de Grégoire, leur apôtre. Voyez Gretser. Defens. Bellarm., chapitre 16, col. 881. Mais on doute fort de la vérité de tout ce récit. Les Orientaux ne sont pas toujours fort exacts ni fort scrupuleux en fait d’histoire.
On dit aussi que Barthélemy le Petit, et Jean l’Ange, de l’ordre des frères Prêcheurs, avec deux Arméniens, nommés Jean et Jacques, firent une traduction du Latin en Arménien de toute la Bible, l’an de Jésus-Christ 1316 ; mais on révoque encore en doute ce fait, qui ne se trouve attesté par aucun auteur ancien.
Les À rrnéniens, en 1666, firent imprimer à Amsterdam une Bible en leur langue, par les soins d’un évêque arménien, qui présida à cette édition. Elle fut faite sur le grec des Septante, et ne fut pas du goût des Arméniens. On en imprima encore une autre à Anvers, en 1670, par les soins de Théodore, Pétrœus ; et le Nouveau Testament séparément, en 1668 et en 1698. M. Piques, docteur de Sorbonne, croyait la version arménienne très-ancienne et très-propre à réformer le texte grec, sur lequel elle a été faite.
Les Géorgiens ont aussi une version de la Bible en langue ancienne géorgienne ; mais comme cette langue n’est entendue que de peu de personnes, et que le peuple du pays est extrêmement ignorant, on ne trouve presque personne qui la Iise ni qui l’entende ; si ce n’est quelques femmes, qui en savent par cœur quelques histoires de l’Évangile.
Bibles françaises.
Nous ne nous étendrons pas beaucoup sur les versions françaises de la Bible. Il y a déjà beaucoup d’ouvrages imprimés sur cette matière, que l’on pourra consulter si l’on veut s’en instruire à fond. La première Bible française dont on ait une connaissance distincte et certaine, est celle de Pierre de Vaux, chef et auteur des Vaudois, qui vivait vers l’an 1160. On ne sait s’il s’en trouve encore quelques exemplaires dans les anciennes bibliothèques.
Innocent III écrivant à Bertram, évêque de Metz, témoigne que plusieurs personnes laïques, poussées du désir de lire les saintes Écritures, avaient fait traduire en français les Évangiles, les Épîtres de saint Paul, le Psautier, les Morales de Job, et plusieurs autres livres. Cette Épître d’Innocent III est de l’an 1200.
Plusieurs nouveaux écrivains ont attribué à Nicolas Oresme une ancienne traduction française de la Bible ; mais le P. Le Long soutient qu’Oresme n’est point du tout auteur de la Bible traduite en français sons Charles V roi de France ; mais Raoul de Presle, qui avait reçu ordre du roi d’y travailler, connue il le marque expressément dans son Épître dédicatoire à ce prince, surnommé le Sage. Cette traduction fut faite Vers l’an 1380.
Et par conséquent elle est postérieure à celle de Guiard des Moulins, qui fut achevée en 1294, comme il le dit lui-même dans son prologue. Cette traduction se trouve en manuscrit dans plusieurs bibliothèques. Guiard déclare qu’il a inséré dans le texte de la Bible plusieurs apostilles, et plusieurs remarques tirées de l’Histoire scholaslique de Pierre le Mangeur, et qu’il y a omis différentes choses qu’il n’était pas nécessaire de traduire ; comme des détails de généalogies, et choses pareilles. Cette Bible de Guiard des Moulins a été imprimée plus d’une fois sous ce titre : Bible historiale, ou historiée.
Outre ces versions, qui comprennent toute la Bible, il y en a d’autres anciennes du quelques parties de l’Écriture, comme du Nouveau Testament. On en peut voir la liste dans la Bibliothèque sacrée du P. Le Long, livre 2 page 21, 22, 23.
Guillaume le Ménard fit imprimer vers l’an 1484 une Bide française, suivant la version latine de Pierre le Mangeur. Peut-être n’est-ce que celle de Guiard des Moulins, retouchée et rhabillée.
Jean de Rely lit aussi une révision de la la Bible de Des Moulins, sous le règne de Charles 8.
Jacques le Fèvre d’Etaples traduisit de latin en français toute la Bible, et la fit imprimer à Paris en 1528. Le Nouveau Testament avait été imprimé en 1523, et le Psautier en 1525. Elle a été imprimée plusieurs fois depuis en différents endroits du royaume.
Les docteurs de Louvain ayant traduit la Bible de latin en français, par l’ordre de l’empereur Charles V ils la firent imprimer à Louvain en 1550. Le privilége de Charles V est de 1546 ; et cette Bible a été très-souvent réimprimée. On a reproché aux docteurs de Louvain de n’avoir fait autre chose, dans leur traduction, que copier presque partout, et corrigé en quelques endroits la version de Genève, faite par Olivélan. Mais M. Simon remarque que dès l’an 1530 ou plutôt 1534, Martin l’Empereur avait imprimé à Anvers une Bible française de la traduction de Nicolas de Leuse, docteur de Louvain, et que cette Bible est la même, quant au fond, que celle qui parut quelques années après, sous le nom des docteurs de Louvain, imprimée principalement par les soins du même Nicolas de Leuse, qui avait travaillé à la première traduction. Et c’est sur cette version de Leuse, qu’Olivétan lui-même fit la sienne, qui fut imprimée à Genève en 1535.
René Benoît publia à Paris, en 1566, une Bible française, avec des notes marginales sur certains endroits difficiles. Cette édition fut censurée par la factité de théologie de Paris en 1567, comme n’étant autre que la version de Genève, que René Benoît croyait avoir suffisamment purgée, mais que l’on trouva encore toute pleine de fautes. Le P. Véron, dans sa Préface du Nouveau Testament qu’il avait traduit en français, avance que les versions françaises qui parurent ensuite sous le nom de Pierre Frizon et de Pierre de Besse, ne sont autres que celle de René Benoît, ou plutôt celle de Genève, qui sont encore remplies d’une infinité de fautes,
Jacques Corbin fit imprimer, en 1643, une Bible française qu’il avait traduite par l’ordre de Louis XIII ; mais on la trouve trop barbare et trop servilement attachée au texte latin, dont elle imitait jusqu’au tour et aux manières de parler.
Le cardinal de Richelieu avait commencé à faire travailler à une nouvelle traduction de la Bible en français ; mais la mort ayant prévenu le cardinal, cet ouvrage ne fut point exécuté.
Michel de Maroles ayant traduit la Bible en français et y ayant joint des notes d’Isaac La Peirère, en avait déjà fait imprimer jusqu’au chapitre 23 dit Lévitique, avec privilége du roi, lorsque l’impression en fut arrêtée tout d’un coup par M. le chanvelier Séguier, vers l’an 1671. J’en ai vu des feuilles imprimées dans la bibliothèque du roi. Le public n’a rien perdu à cette supression.
Isaac Le Maitre de Sacy, ayant fait imprimer, en 1672, sa version de la Bible avec des explications du sens littéral et spirituel, cet ouvrage fut reçu avec de grands applaudissements et un succès merveilleux. Depuis ce temps, on y a fait beaucoup de corrections et elle a été imprimée très-souvent en différentes formes. Celui qui à procuré l’édition de Broutart, en 1701, l’a revue et corrigée, en plusieurs endroits. Nous l’avons aussi retouchée dans l’édition de ce texte qui est à la tête de notre commentaire.
Pour les Nouveaux Testaments qui ont été imprimés à part et par des auteurs particuliers, ceux qui ont fait le plus de bruit et qui méritent le plus de consideration, sont relui du P. Amelotte de l’Oratoire, composé par l’ordre de quelques prélats de France, et imprimé avec des notes à Paris, dans les années 1666, 1667 et 1670 ; savoir : les Évangiles et les Actes en 1666, les Épîtres de saint Paul en 1667, les Épîtres canoniques et l’Apocalypse, en 1670. Cet auteur, dans sa préface, dit que, pour rendre sa traduction plus parfaite et pour s’assurer que le texte latin de la Vulgate est très-conforme aux plus anciens originaux grecs, il a fait chercher dans toutes les bibliothèques de l’Europe les plus amiens manuscrits qui y fussent, et dont quelques-uns sont de douze ou treize cents ans ; qu’il en a tiré des extraits ; qu’il a eu en main vingt manuscrits de France et tous ceux de la bibliothèque Vaticane et des autres bibliothèques ; seize manuscrits d’Espagne, sans compter ceux dont le cardinal Ximenès s’est servi dans son édition de la Bible polyglotte de Complute ; enfin qu’il s’est servi de plusieurs manuscrits d’Angleterre et des pays septentrionaux, et de plusieurs autres que l’on a trouvés dans la Grèce, etc. Mais quand on examine les notes du R. P. Amelotte, on remarque que hors trois ou quatre manuscrits qu’il a consultés et qui n’ont pas plus de quatre ou cinq cents ans d’antiquité, il n’a produit aucune variété de leçons tant soit peu considérables, qui n’eussent déjà paru, soit dans la Bible polygotte de Londres, ou ailleurs ; et lorsqu’on fa pressé sur cela, il n’a pas fait difficulté d’avouer que tout ce qu’il en avait dit, n’était qu’une espèce de figure de discours qu’il avait employée pour donner un certain relief à son ouvrage.
Le Nouveau Testament de Mons, qui fut imprimé en 1665 avec la permission de monsieur l’archevêque de Cambray et le privilége du roi d’Espagne, a fait tant de bruit, qu’il mérite une attention particulière. Le premier auteur de cet ouvrage est M. Le Maître, qui, ayant traduit en français les quatre Évangiles, M. Antoine Arnaud et M. le maître de Sacy y firent beaucoup de corrections. M. de Sacy en composa la préface ; aidé de M. Nicole et de M. Claude de Sainte-Marthe. Mais M. Arnaud seul est désigné dans le privilége, qui porte que la traduction est l’ouvrage d’un docteur de Sorbonne. Le manuscrit, de la main de M. Le Maître, avec des corrections à la marge de la main de M. Arnaud et de M. de Sacy, fut donné à M. Toynard par un des Elzévirs qui l’avaient imprimé ; car, quoiqu’au frontispice on lise qu’il a été imprimé à Mons chez Gaspard Migeot, il est vrai qu’il n’y en eut jamais aucun de ses exemplaires imprimé à Mons. Ce fut M. de Cambout, abbé de Pont-Château, qui alla exprès à Amsterdam, pour l’y faire imprimer par les Elzévirs.
Ce livre a souffert de grandes contradictions qui ne sont point de mon sujet. Il fut condamné par les papes Clément 9 en 1668, et Innocent XI en 1679, et en différents évêchés de France, en différents temps. Ce qui n’a pas empêché qu’il ne s’en soit fait une infinité d’éditions et que la plupart de ceux qui, depuis ce temps, se sont appliqués à traduire le Nouveau Testament en français, ne se soient servis de cette version, comme d’un fond sur lequel ils ont travaillé et qu’ils ont essayé de corriger et de purger de tout ce qui n’était pas de leur goût et qui avait pu lui attirer la censure du pape et des évêques ; car, et la version qui est dans la Bible de M. de Sacy et celle qui accompagne les réflexions du P. Quesnel, et celle qui est dans le Nouveau Testament de M. Huré, ne sont autres, quant au fond, que la version de Mons que l’on a retouchée et corrigée dans tous les endroits qui avaient fait de la peine aux censeurs.
M. Antoine Godeau, évêque de Vence, fit imprimer à Paris, en 1668, une version du Nouveau Testament qu’il avait faite ; mais elle n’est proprement ni une version littérale, ni une paraphrase ; elle tient le milieu entre les deux, et ajoute au texte certains mots qui en expliquent le sens.
Le Nouveau Testament français que M. Simon publia en 1702, à Trévoux, avec des notes littérales et critiques sur les endroits difficiles, fut condamné par messieurs les évêques de Paris et de Meaux, qui en défendirent l’usage dans leurs diocèses en 1702 et 1703.
Le R. P. Bouhours, jésuite, publia à Paris, eu 1697, la version du Nouveau Testament qu’il avait composée conjointement avec ses confrères les RR. PP. Michel Tellier et Pierre Besnier. Pendant l’impression de cet ouvrage. Monseigneur l’archevêque de Paris nomma des réviseurs pour l’examiner et pour le corriger. La version en est d’ordinaire un peu dure et obscure, parce que l’auteur a voulu attacher trop scrupuleusement au texte latin qu’il traduisait. Le P. Lallentant, jésuite, a adopté cette traduction dans les explications du Nouveau Testament qu’il a données depuis quelques années.
Le révérend Père dom Jean Martianay a a aussi donné une nouvelle version du Nouveau Testament, imprimée à Paris en 1712 ; avec des notes et des explications littérales, qu’il dit avoir tirées uniquement des pures sources de l’Écriture.
Enfin M. l’abbé Fleury, ci-devant précepte leur des enfants de France et depuis confesseur du roi Louis XV a fait, par l’ordre du roi Louis XIV et de Monseigneur le cardinal de Noailles, une traduction française du Nouveau Testament qui n’a pas encore été imprimée. Voilà les principales traductions de l’Ancien et du Nouveau Testament faites par des auteurs catholiques.
Versions françaises de la Bible, faites par les protestants.
La première Bible française donnée par les protestants est celle de Robert-Pierre Olivétan, imprimée à Genève en 1535, et réimprimée souvent depuis avec des corrections de Jean Calvin et de quelques autres. Mais les premières éditions d’Olivétan furent très-défectueuses, parce que l’auteur ne parlait pas bien français et ne savait pas les langues originales de l’Ancien ni du Nouveau Testament. On prétend même que cette version d’Olivétan n’est autre chose que la Bible de Nicolas de Leuse, docteur de Louvain, imprimée à Anvers, par Martin l’Empereur, en 1534 ; et en effet quand on les compare ensemble, on remarque qu’elles ne diffèrent que dans les lieux où Olivétan a cru devoir abandonner la Vulgate, pour s’attacher à l’hébreu de l’Ancien Testament, traduit par Pagnin, et au grec du Nouveau, traduit par Erasme. Ainsi il était aisé à Olivétan de se vanter d’avoir traduit, dans l’espace d’un an, toute la Bible en français ; l’Ancien Testament sur l’Hébreu ; et le Nouveau sur le Grec ; comme il fait dans l’édition faite à Neufchâtel, par les frais des Vaudois, l’an 1535.
Sébastien Castalion ou Châteillon, fit imprimer à Bâle, en 1555, une traduction française de l’Ancien Testament sur l’Hébreu, et du Nouveau sur le Grec ; mais cette traduction n’eut aucun succès et ne fit point d’honneur à son auteur, parce qu’il ne savait pas le français. Il se rendit ridicule par des manières de parler entièrement éloignées du bel usage de cette langue. Par exemple, au lieu de transgresser, il met très passer ; au lieu de circoncision, il dit rognement ; au lieu de prépuce, il se sert du mot avant-peau. Voici la traduction des versets 25, 26 et 27 du chapitre 11 de l’Épître aux Romains, selon Châteillon : Si tu viens à très passer la loi, ton rognement devient avant-peau. Que si un empellé (il veut dire un homme qui n’est point circoncis) garde les ordonnances de la loi, certes son avant-peau lui sera compté pour rognement. Et celui qui de nature est empellé et garde la loi, te condamnera, toi qui as la lettre et rognement, et si très passes la loi.
Jean Diodati donna une Bible française traduite sur le Grec et l’Hébreu, avec des notes de sa façon, imprimée à Genève en 1644. Les prétendus réformés l’approuvèrent fort ; et ils s’en servent encore autant, et peut-être plus volontiers, que de celle d’Olivetan, si souvent retouchée, et pour le sens et pour les expressions, par les plus habiles théologiens protestants. Mais on trouve à redire à la méthode de Diodati, qu’il n’est point assez attaché à la lettre, et que, pour se rendre plus intelligible à tout le monde, il paraphrase plutôt le texte qu’il ne le traduit ; et qu’il insère souvent des mots dans sa traduction, pour lui donner une plus grande clarté.
On assure que M. Charles Le Cène et M. Le Clerc ont aussi composé, l’un et l’autre, une version entière de la Bible ; mais ni l’une ni l’autre n’ont pas encore paru.
À l’égard du Nouveau Testament, imprimé à part par les soins des auteurs protestants, les principales versions sont celles de Jean Le Fèvre d’Etaples, retouchée et accommodée à l’usage des églises prétendues réformées du Piémont, et imprimée en 1534.
Le Nouveau Testament traduit en français par Pierre Dolet parut avant l’an 1545, qui est l’année où l’auteur fut brûlé.
Jean Daillé le fils, et Valentin Conrat, avaient fait imprimer à Paris, en 1671, un Nouveau Testament français, compilé des versions de Mons et du P. Amelotte ; mais à peine l’édition fut-elle achevée, qu’elle fut entièrement supprimée.
M. Jean Le Clerc fit aussi imprimer à Amsterdam chez De Lorme, en 1703, un Nouveau Testament français, avec des notes tirées pour la plupart de Grotius et d’Helmond. M. Bayle dit que cette édition fut défendue et proscrite en Hollande, par l’ordre des États Généraux et par les décrets de plusieurs synodes des églises protestantes ; et en Prusse, par l’ordre du consistoire de Berlin, comme un ouvrage propre à renouveler les erreurs de Sabellins, et à fomenter celles de Socin.
Bibles italiennes.
Sixte de Sienne, et après lui Antoine Possevin, parlent d’une traduction de la Bible en italien, faite par Jacques de Voragine, qui vivait en 1270. Mais on doute avec raison que cette Bible ait jamais existé, puisque Jacques de Voragine lui-même n’en dit rien dans le catalogue de ses ouvrages, qu’il donna dans son histoire de Gènes, en l’an 1292, et qu’on ne trouve aucun exemplaire de traduction de la Bible qui porte son nom dans les bibliothèques d’Italie. Les Bibles italiennes qui sont en manuscrit dans les bibliothèques ne portent point de nom d’auteur.
La première Bible italienne qui ait paru par les soins des catholiques est celle de Nicolas Malerme ou Malherbe, moine bénédictin de l’ordre des Camaldules, imprimée à Venise en 1471, au mois d’août. Il en parut une autre sous le nom du même auteur, la même année 1471., au mois d’octobre, toute différente de la première, quant à l’Ancien Testament, mais presque la même pour le Nouveau. On n’y trouve ni le nom de l’imprimeur ni le lieu de l’impression. La Bible de Malerme a été imprimée plusieurs fois en Italie. Elle est faite sur la Vulgate latine.
Antoine Brucioli en fit une autre de l’Ancien Testament sur l’Hébreu, et du Nouveau sur le Grec, qui fut imprimée à Venise en 1532. Mais cette Bible fut mise au rang des livres défendus par le concile de Trente. Le Nouveau Testament de cetté version avait été imprimé dès l’an 1530.
Sontes Marmochinus retoucha l’édition de Brucioli, et la fit imprimer, comme une nouvelle traduction, à Venise, en 1538, et on en a fait plus d’une édition.
Grégoire Léti avance que Sixte V fit faire une traduction italienne de toute la Bible en 1590 ; mais que le roi d’Espagne, Philippe II et les cardinaux lui ayant fait sur cela des remontrances, il voulut bien la supprimer. Il dit que l’on trouve encore des exemplaires de cette version dans les bibliothèques du grand duc de Toscane, dans l’Ambrosienne à Milan, et dans celle de Genève. Mais on s’inscrit en faux contre tout ce récit, et on soutient qu’il n’y eut jamais de pareille version, et qu’on ne voit en aucune bibliothèque des exemplaires d’une Bible italienne, qui ait été publiée par les ordres de Sixte V.
Les calvinistes ont aussi leurs Bibles italiennes. On imprima à Genève, en 1562, une Bible italienne à leur usage traduite sur l’Hébreu de l’Ancien Testament, et sur le Grec du Nouveau. C’est la traduction de Brucioli retouchée, et beaucoup plus pure et plus élégante. Le Nouveau Testament est plutôt pris sur l’édition de Fabius Tudesque, faite en 1560, que sur celle de Brucioli.
Jean Diodati donna d’abord, en 1607, puis en 1641, une édition de la Bible en italien, selon la même méthode qu’il avait suivie dans sa version française, c’est-à-dire qu’il est plutôt paraphraste que traducteur littéral. Son Nouveau Testament a paru à part à Genève en 1608, à Amsterdam et à Harlem en 1665.
Maxime Théophile fit aussi imprimer à Lyon, en 1551, le Nouveau Testament traduit en italien, et dédié à François de Médicis, duc de Toscane.
Les Juifs d’Italie n’ont point de version entière de la Bible en italien, les inquisiteurs de la foi ne leur ayant jamais voulu accorder la permission d’en imprimer. Léon de Modène, pour suppléer en quelque sorte à ce qui leur manque à cet égard, publia en 1612 un dictionnaire hébreu italien, dans lequel il explique en italien tous les endroits les plus difficiles de la Bible. De sorte que cet ouvrage peut tenir lieu d’une traduction entière de la Bible en italien.
Bibles espagnoles.
Jacques P., roi d’Aragon, qui mourut en 1276, fit une constitution qui ordonne que quiconque aura les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament en langue romance, ou en langue vulgaire du pays, et ne les apportera pas à l’évêque du lieu pour être brûlés, sera tenu pour suspect d’hérésie, soit qu’il soit laïque, ou clerc. Ces livres étaient apparemment de la traduction des Albigeois.
Alphonse, roi de Castille, fit traduire en castillan les livres de l’Écriture, si l’on en croit Mariana. Gesnère dit que Jean II roi de Léon et de Castille, fit aussi traduire en sa langue les saintes Écritures. Il ajoute que ces livres sont encore existants. On trouve en effet des traductions espagnoles manuscrites de diverses parties de la Bible, dans différentes bibliothèques ; mais on n’en dit pas les auteurs.
Mais la première Bible espagnole imprimée que l’on connaisse, est celle dont parle Cyprien de Valère, et qu’il dit avoir été publiée vers l’an 1500. Cet auteur dit l’avoir vue. On n’en connaît pas l’auteur ; mais ou croit qu’il vivait vers l’an 1420, et qu’il traduisit toute la Bible en espagnol, tel qu’on le parle dans le royaume de Valence.
Le même Cyprien de Valère fit imprimer à Amsterdam, en 1602, la Bible qu’il avait traduite en espagnol sur l’Hébreu, qui n’est autre que la Bible de Cassiodore de Reyna, calviniste, qu’il retoucha et qu’il fit imprimer sous son nom.
Ambroise de Montésin publia en 1512 les Épîtres et les Évangiles de toute l’année, qu’il avait traduites en espagnol. Je ne parle pas ici des Psaumes et autres petites parties de la Bible traduites en cette langue par des auteurs catholiques. Ce détail mènerait trop loin.
Cassiodore de Reyna, calviniste, donna sa traduction de la Bible en espagnol, sur l’Hébreu de la version de Santés Pagninus, et la fit imprimer à Bâle en 1569. Cyprien de Vatère, comme nous l’avons dit, la retoucha et la fit réimprimer en 1602.
François Enzinas, autrement Driander, publia à Anvers, en 1543, le Nouveau Testament en espagnol traduit sur le Grec, et le dédia à l’empereur Charles V.
Les Juifs d’Espagne ont à leur usage l’Ancien Testament en espagnol, traduit sur l’Hébreu. Gilbert Voëlius, et après lui Henry Hottinger, avancent que David Kimchi, fameux rabbin, qui vivait au treizième siècle, avait fait une version espagnole de la Bible ; mais on doute de ce fait, et on ne connaît pas cette version, à moins que ce ne soit celle dont le Pentateuque fut imprimé à Constantinople en caractères hébreux, en 154.6.
La première Bible à l’usage des Juifs qui ait paru en espagnol, est celle qui fut imprimée à Ferrare en 1553, en caractères gothiques, dédiée à Hercule d’Est, duc de Ferrare, et avec son privilége. Le Pentateuque de cette édition est presque entièrement semblable à celui qui fut imprimé en 1566 à Constantinople, en espagnol, mais en caractères hébreux. On ne doute pas que cette version ne soit assez ancienne, et apparemment en usage parmi les Juifs d’Espagne, avant que Ferdinand et Isabelle, en l’an 1492, les eussent chassés de leurs États. Et lorsque les Juifs, dans la préface de leur Bible de Ferrare, témoignent qu’ils ont suivi la traduction de Santés Pagnin, dominicain, ils ne le font que pour éviter les poursuites des inquisiteurs, qui sont fort attentifs à leur défendre la publication de la Bible de leur traduction en langue vulgaire. La Bible espagnole de Ferrare a été réimprimée en 1630 à Amsterdam par les soins de Manassé Ben Israël, et en 1661, par les soins de Samuel de Cazéres.
Bibles allemandes.
Comme la langue allemande est très-étendue par les divers dialectes qu’elle a enfantés, et qu’elle a produit un très-grand nombre de versions différentes, nous ne nous engageons point ici à les rapporter toutes exactement, mais seulement les principales. Ceux qui auront besoin de s’en informer plus à fond, pourront consulter les livres qui en ont traité exprès.
La première et la plus ancienne traduction de la Bible en langue tudesque ou allemande que nous ayons, est celle que fit Ulphilas, évêque des Goths ; vers l’an 360. Mais cet évêque ne jugea pas à propos de traduire les livres des Rois, qui traitent de la guerre, parce que les Goths n’avaient déjà que trop de penchant à cet exercice, et qu’il craignait d’exciter encore leur humeur martiale, par le récit des guerres de l’Écriture. Il ne reste de cette ancienne version que ce qui en a été trouvé dans l’abbaye de Verden, près de Cologne, dans un manuscrit écrit en lettres d’argent, ce qui lui a fait donner le nom de Codex argenteus. Ce monument étant tombé entre les mains de M. de la Gardie, chancelier de Suède, qui l’acheta cinq cents ducats, il en laissa tirer une copie à François Junius, qui la fit imprimer en 1665, avec les notes de M. Maréchal, et un dictionnaire pour l’expliquer. Ce manuscrit se conserve encore aujourd’hui dans la bibliothèque d’Upsal, et il contient les quatre Évangiles, non pas toutefois entiers, mais avec plusieurs lacunes, à cause que l’ancien exemplaire a été gâté par le temps et parla négligence de ceux qui l’on possédé.
Quelques auteurs écrivent que Charlemagne fit traduire en langue franque ou allemande les livres du Nouveau Testament ; mais ces écrivains ne nous citent aucun garant ancien de ce qu’ils avancent. On sait que l’empereur Charlemagne travailla à corriger la Vulgate latine, et que pour mettre le Nouveau Testament dans sa pureté, il se servit des textes grecs et syriaques. Cela paraît par les historiens de son temps. Mais ils ne disent pas qu’il ait fait traduire le Nouveau Testament en langue franque de ce temps-là, qui n’était aùtre que la tudesque.
D’autres avancent que Louis le Débonnaire fit faire une traduction de l’Écriture en langue saxonne, mais ce fait n’est pas fondé sur de bonnes preuves historiques. On trouve dans les bibliothèques des versions allemandes manuscrites de la Bible assez anciennes, mais on ne peut pas assurer qu’elles soient du temps de Charlemagne, ni de Louis le Débonnaire. On conservait dans la bibliothèque de Saint-Gal qui, depuis quelques années, a été dissipée par les Suisses protestants, un Psautier et le livre de Job, traduits par Notkar Labéon, abbé de cette abbaye, qui vivait sous l’empereur Arnoud, vers l’an 890. Et Goldast assure qu’il avait en main, lorsqu’il écrivait, un Psautier allemand, écrit de la main d’Ekkehardus le Jeune vers l’an 1004, à l’usage de l’impératrice Cunegonde, femme de Henri II empereur. Voilà ce que l’on connaît de plus ancien pour les manuscrits.
Quant aux Bibles allemandes imprimées, on en voit de fort anciennes, mais dans la plupart on ne lit pas l’année de l’impression, sinon ajoutée à la main, ce qui rend ces dates suspectes. La plus ancienne dont l’année soit bien connue est celle de Nuremberg, imprimée en 1477, et celle d’Augsbourg de la même année. On en a fait diverses autres éditions dans les mêmes villes, avant que Luther parût, et à Strasbourg en 1485. Mais on ne sait qui sont les auteurs de cette ancienne traduction.
Jean Dietembereer fit une traduction de la Bible en allemand sur la Vulgate, qui fut imprimée à Mayence en 1534, et réimprimée plusieurs fois depuis. Les critiques remarquent que le traducteur suivit presque en tout la version allemande du Nouveau Testament, qui avait été faite par Jérôme Emser, chapelain de George, duc de Saxe. Emser avait entrepris sa traduction pour l’opposer à celle de Luther, lorsque cet hérésiarque commença à paraître.
Jean Eckius traduisit l’Ancien Testament sur la Vulgate, mais il déclare dans son épître dédicatoire qu’il y a joint le Nouveau Testament d’Ernser, dont nous venons de parler, ne voulant pas imiter l’injustice de ceux qui ont mis son ouvrage sous leur nom, sans en faire honneur à celui qui en est le véritable auteur. Cette Bible d’Eckius fut imprimée en 1537.
Ferdinand, duc de Bavière et électeur de Cologne, procura une nouvelle traduction de la Bible, par les soins de Gaspard Membergius. Elle fut imprimée à Cologne en 1630. Mais comme Membergius était de Westphalie, et qu’il ne possédait pas toute la pureté de la langue allemande, les théologiens de Mayence retouchèrent sa version et én procurèrent une nouvelle édition en 1662. Voilà les principales versions allemandes faites par les catholiques.
Martin Luther donna la sienne de l’Ancien Testament, faite sur l’Hébreu, et celle du Nouveau sur le Grec, en l’ezpace de onze ans. Le Pentateuque parut en 1522, les livres historiques de l’Ancien Testament en 1524, aussi bien que le Psautier. On croit que les livres de Salomon furent imprimés en 1527, Isaïe en 1529, les Prophètes en 1531 et 1532, les autres livres de l’Ancien Testament en 1530, le Nouveau Testament en 1522. Depuis ce temps, on a fait un très-grand nombre d’éditions de la Bible entière suivant la traduction de Luther. Les savants conviennent que le langage en est pur, la version claire et débarrassée, mais aussi souvent l’auteur est plutôt paraphraste que véritable interprète.
La Bible de Luther a été retouchée plus d’une fois, et par lui, pendant qu’il vivait, et par d’autres, après sa mort. Mais ces détails ne sont pas de notre sujet en ce lieu-ci. La plupart des Bibles allemandes que l’on a fait imprimer en Saxe en Suisse, ou ailleurs, sont presque toutes prises du fond de celle de Luther. Par exemple, celle de Zurich, qui est la plus fameuse et la plus travaillée, exprime presque par tout l’Ancien Testament selon l’interprétation de Léon de Juda, ministre allemand, qui avait traduit en latin la Bible sur l’Hébreu, et toutefois elle suit en plusieurs endroits les expressions que Luther avait employées dans les livres de la Bible qu’il avait alors mis en lumière ; car toute sa Bible n’était pas encore imprimée.
En 1604, Jean Piscator publia une nouvelle traduction de la Bible en allemand, faite sur la version latine de Junius et Tremellius. Il s’attacha tellement à exprimer le sens de ces auteurs, que l’on se plaignit qu’il avait rempli sa version de tours latins et qui ne sont nullement du génie de la langue allemande.
Les anabaptistes ont aussi leur Bible allemande, imprimée à Worms en 1529, de la traduction de Louis lielzérus, aidé de Jean Denkius. On prétend que ces traducteurs se sont beaucoup servis de la version de Zurich.
Jean Crellius fit paraître à Racovie en 1630, le Nouveau Testament, qu’il avait traduit en allemand, et Felbinger en fit imprimer une traduction à Amsterdam en 1660.
Les Juifs d’Allemagne ont quelques versions de la Bible en leur langue, les unes, imprimées en caractères hébreux et les autres en caractères allemands. On reproche à leurs versions d’être trop littérales, et de rendre servilement le texte hébreu en allemand mot pour mot.
Bibles flamandes.
Les Bibles flamandes à l’usage des catholiques qui sont en grand nombre, ne portent point de nom d’auteur pour la plupart, avant celle de Nicolas de Vingh, imprimée, à Louvain en 1548, et à Cologne la même année l’auteur reconnaît qu’il a été aidé dans son travail par deux théologiens de Louvain, dont il ne dit pas les noms.
Les versions flamandes dont se sont servis les calvinistes jusqu’en 1636 ou 1637 ont été faites sur celle de Luther, ou sur celle de Zurich de Suisse. Mais leur Synode de Dordrecht, en 1618 et en 1619, ayant ordonné que l’on travaillerait à une nouvelle traduction de la Bible en flamand, on nomma des députés pour cet ouvrage, qui ne fut achevé qu’en 1636 et 1637. Depuis ce temps on en a fait un grand nombre d’éditions.
Bibles danoises.
La première édition de la Bible danoise, imprimée en 1550, fut faite par Pierre Palladius, Olaüs Chrysostome, Jean Synningius et Jean Machabée, en suivant la première version allemande de Luther. Cette édition fut retouchée et réimprimée en 1589.
Jean-Paul Résénius, évêque de Seeland, fit aussi paraître en 1605 une nouvelle traduction de la Bible en danois, sur l’original hébreu. Le traducteur, pour s’être trop servilement attaché à rendre son original à la lettre, s’est rendu presque inintelligible en sa langue ; sa version est dure et obscure. Mais en 1633, Christian IV roi de Danemark, la fit corriger et mettre dans un meilleur style.
Jean Michel fit imprimer le Nouveau Testament qu’il avait traduit en langue danoise, à Leipsick, en 1524, et à Anvers, en 1529, et Christian, fils de Pierre, chanoine de Landen, en donna aussi une traduction en 1531. Cette version parut d’abord assez barbare dans sa première édition, mais elle fut châtiée dans les éditions suivantes.
Bibles suédoises.
L’auteur de la Vie de sainte Brigitte dit que cette sainte, qui vivait au quatorzième siècle, lisait, assidûment la sainte Bible, qu’elle s’était fait traduire en sa langue naturelle, qui était la suédoise. On dit que ce fut Matthias, chanoine de Lincoln, confesseur, de la sainte, qui fit cette traduction. Mais on n’en trouve plus aucun exemplaire que l’on sache.
En 1534, Olatis et Laurent, fils, de Pierre, firent imprimer : une Bible suédoise qu’ils avaient traduite sur la version allemande de Martin Luther. Gustave-Adolphe, roi de Suède, la fit retoucher vers l’an 1617, en sorte que dans la suite elle fut presque généralement suivie ; car, quoiqu’on l’ait souvent corrigée encore depuis, c’est toujours la même quant au fond.
Bibles anglo-saxonnes et anglaises modernes.
On assure qu’Adelme, évêque de Schirebury, qui vivait en 709, fit une version anglo-saxonne des Psaumes, et qu’Eadfride ou Ecbert, évêque de Lindisfarne, qui vivait vers l’an 730 traduisit divers livres de l’Écriture en la même langue. On prétend aussi que le vénérable Bède, qui mourut en 735, traduisit toute la Bible en saxon ; mais Cutbert, disciple de Bède, dans le dénombrement des ouvrages de son maître, parle seulement de la traduction qu’il fit de l’Évangile en sa langue, et ne dit rien du reste de la Bible.
On veut qu’Alfrède, roi d’Angleterre, qui vivait en 890, ait aussi traduit une grande partie de l’Écriture en sa langue ; du moins qu’il y ait travaillé, surtout à traduire le Psautier, qu’il ne put achever, ayant été prévenu par la mort. Baléus cite aussi Guillaume de Malmesbury, qui dit que le roi Ethelstane fit traduire l’Ancien Testament d’hébreu en anglo-saxon, apparemment par quelque Juif converti au christianisme.
On trouve une version ancienne en cette langue de plusieurs livres de la Bible, faite par Ælfric abbé de Malmesbury. Guillaume l’Isle, Anglais, fit imprimer à Londres, en 1638, les fragments de la Bible traduite par Ælfric ; mais Edmond de Thwats publia la vraie traduction d’Ælfric à Oxford ; en 1699. On voit dans les bibliothèques d’Angleterre quantité de traductions de livres particuliers de l’Écriture manuscrites en cette langue, mais sans noms d’auteurs.
Matthieu Parker fit paraître à Londres, en 1571, les quatre Évangiles en langue anglosaxonne, d’une très-ancienne traduction, dont l’auteur est inconnu. Thomas Maréchal les fit réimprimer, en 1665, en caractères anglo-saxons, avec des remarques de sa façon.
M. Mille remarque que cette ancienne version est faite sur un exemplaire latin de l’ancienne Vulgate qui était en Usage dans tout l’Occident, avant que saint Jérôme eût donné sa nouvelle traduction ; ce qui fait juger que l’auteur en doit être très-ancien.
Pour ce qui est des Bibles anglaises, on croit que le premier auteur des versions de la Bible en cette langue est Jean Trévisa, qui acheva sa traduction en l’an 1357. Le second auteur que l’on connaisse, qui ait travaillé à cette sorte d’ouvrage est Wiclef, dont la traduction anglaise, se trouve manuscrite dans plusieurs bibliothèques d’Angleterre ; mais elle n’a jamais été imprimée que l’on sache. On y en trouve encore diverses autres manuscrites, la plupart sans noms d’auteurs.
La première Bible anglaise, imprimée à l’usage des catholiques, est celle qui parut à Douai en 1609 et 1610, et à Paris en 1635. Cette Bible ne contient que l’Ancien Testament, et elle est traduite sur la Vulgate, avec des notes de quelques théologiens de Douai. Le Nouveau Testament parut à Reims en 1582, avec des notes des théologiens anglais de Reims.
La Bible anglaise à l’usage des protestants a été traduite par Guillaume Tyndall, et partie par Milésius Coverdal. Elle parut à Londres en 1535. Ce livre a eu une fortune assez bizarre ; aussi bien que ses auteurs ; mais enfin, après bien des contradictions, elle passa, et le roi Henri VIII ordonna qu’elle serait imprimée et mise dans toutes les églises d’Angleterre pour y être lue publiquement.
La version de Thomas Matthieu ou de Jean Roger, publiée Londres, en 1537, ne diffère presque en rien de celle dont on vient de parler. Celle qui parut à Londres, en 1541, par l’autorité du roi Henri 8 avait été revue et çorrigée par Cutbert Tonstal et Nicolas Heath : premier, évêque de Dunelme, le second, évêque de Glocester l’année suivante, cette même version fut défendue par arrêt du parlement et par ordonnance du roi ; en sorte que, pendant tout le reste du règne de Henri 8 il n’y eut en Angleterre aucune version de l’Écriture en langue vulgaire, autorisée et approuvée publiquement. Mais aussitôt qu’Édouard fut monté sur le trône, Craminer procura une nouvelle édition de la Bible traduite par Tonstal et Heath, et y mit une préface de sa façon. Elle parut à Londres en 1549.
Sous le règne de là reine Marie, plusieurs Anglais qui avaient été ailés à Genève entreprirent une version anglaise de la Bible sur celle de Genève. Elle parut en 1561, dédiée à la reine Élisabeth. Elle fut ensuite réimprimée plusieurs fois ; mais elle ne plut pas à tous les Anglais ce qui fut cause que l’on réimprima, en 1568, la Bible de Matthieu Parker, qui fut nommée la Bible des épiscopaux.
Enfin, en 1612, sons le règne de Jacques parut la Bible, dite la Bible royale, traduite sur le Grec et l’Hébreu par André, évêque de Vinton, Ovéral ; évêque de Norvich, et plusieurs autres théologiens, au nombre de quarante-sept, qui se partagèrent l’ouvrage et y travaillèrent avec grand soin. Voilà les principales éditions de la Bible en anglais.
Bibles esclavones.
On a cru que saint Jérôrne, qui était Dalmate de nation, avait traduit en sa langue la sainte Écriture de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais cette opinion n’est pas soutenue de bonnes preuves car, premièrement, saint Jérôme était de Dalmatie, et non d’Esclavonie ; et 2° lorsque ce saint, dans sa lettre à Sophronius, dit qu’il a traduit l’Écriture aux personnes de sa langue : Suce linguoe hominibus, il faut l’entendre de-la langue latine, qui lui était toute familière et comme naturelle.
D’autres croient que la version esclavons est l’ouvrage de saint Cyrille et de saint Méthode, qui travaillèrent à la conversion des Esclavons, vers l’an 880. Ce sentiment se trouve appuyé par deux historiens de Bohême, dont l’un vivait en 993 et l’autre en, 1200. Cette-ancienne version fut imprimé par les Moscovites en 1581.
La première Bible imprimée en cette langue est celle qui fut traduite par Jean de Glogov, et imprimée à Cracovie.Cet auteur mourut en 1507, et on n’a pas la Bible entière de sa traduction, mais seulement plusieurs livres imprimés, comme nous l’avons dit, à Cracovie. Nous ne croyons pas même qu’il y ait une version entière de toute la Bible imprimée en cette langue, mais seulement le Psautier, les Épîtres et Évangiles de toute l’année.
Bibles bohémiennes, polonaises, russiennes ou moscovites.
Les Thaborites, sorte d’hérétiques de Bohême, firent imprimer à Venise, en 1506, une Bible en leur langue, qu’ils avaient eux-mêmes traduite sur la Vulgate ; elle fut réimprimée phis d’une fois ; mais comme le texte sur lequel elle était faite ne plaisait point aux nouveaux réformés, leurs confrères firent imprimer, en 1579, la Bible entière traduite sur le Grec et l’Hébreu par huit de leurs docteurs qu’ils avaient envoyés exprès aux écoles de Vittemberg et de Bâle, pour y étudier les langues originales. Cette Bible fut imprimée au château de Cralitz, en Moravie. La première partie ou le premier tome parut en 1579, et le sixième et dernier ne parut qu’en 1593.
La première version de la Bible polonaise que l’on connaisse est, dit-on, celle que composa Hedvige, femme de Jagellon, duc de Lithuanie, lequel embrassa le christianisme en 1390. On parle aussi d’une version de la Bible en polonais, faite par André de Jassovitz, et écrite en 1455 par l’ordre de Sophie, femme de Jagellon, roi de Pologne ; mais ces Bibles ne sont que manuscrites.
En 1599, on vit paraître à Cracovie la traduction de la Bible en polonais, faite par quelques théologiens de cette nation, surtout par Jacques Wieck, jésuite. Il en parut encore une autre à Hanovia, apparemment Hayin, dans la Bohême, dans la province de Silésie, en 1608, traduite par Jérôme de Léopole, ou, comme l’appelle Sixte de Sienne, Jean de Léopole.
Les protestants publièrent en 1596 une Bible en polonais faite sur la version de Luther. Elle fut réimprimée en 1632, dédiée à Uladislas IV roi de Pologne.
Les sociniens ont aussi leur Bible en cette langue. Elle fut traduite sur l’Hébreu et sur le Grec, et imprimée à Brestia, ville de Lithuanie, en 1562. Quelque temps après, savoir en 1572, il en parut une autre de leur part à Casino, ville de Lithuanie, revue et corrigée par Simon Budnéus. Ils ont encore à leur usage le Nouveau Testament de la traduction de Martin Czechovic, et un autre traduit par Valentin Smalcius.
Les Russiens ou Moscovites firent paraître à Ostrovie, en 1581, la Bible en leur langue, traduite sur le Grec par saint Cyrille, apôtre des Sclaves. Mais comme cette ancienne traduction était trop obscure, Ernest, Gliik, qui avait été emmené captif à Moscou après la prise de Nerva, commença à travailler à une nouvelle traduction de la Bible en esclavon ; et Gliik étant mort en 1705, le czar de Moscovie, aujourd’hui régnant ; fait continuer son ouvrage par des théologiens qu’il a désignés pour cela. Mais cette nouvelle traduction d’a pas encore, vu le jour ; que nous sachions.
Je n’entrerai pas en cet endroit dans un plus grand détail des Bibles traduites en langue vulgaire. Ceci doit suffire pour un dictionnaire. Ceux qui voudront être instruits plus à fond pourront consulter les auteurs qui ont écrit exprès sur cela ; par exemple, les Œuvres critiques de M. Simon sur l’Ancien et le Nouveau Testament, et la Bibliothèque Sacrée du R. P. Lelong, duquel nous avons tiré presque tout ce que nous avons rapporté ici.
À l’égard des auteurs de chaque livre de la Bible, du temps auquel ils ont été écrits, de leur canonicité et des autres questions que l’on a coutume de former sur chacun d’eux, on peut voir nos préfaces et chercher dans ce Dictionnaire les articles où se trouvent les noms de ces livres ou de leurs auteurs.