Ville au couchant d’Haï (Genèse 12.5), sur les confins des tribus d’Ephraïln et de Benjamin. Le patriarche Jacob fuyant la colère de son frère Ésaü (Génèse 28.10-12), et allant en Mésopotamie, arriva après le coucher du soleil, en un certain lieu où il voulut passer la nuit ; et ayant pris une des pierres qui étaient là, et l’ayant mise sous sa tête, il s’y endormit. Alors il vit en songe une échelle, dont le pied était appuyé sur la terre, et le haut touchait du ciel ; et des anges de Dieu qui montaient et qui descendaient par cette échelle. Il vit aussi le Seigneur, appuyé sur le haut de l’échelle, qui lui dit : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac, je vous donnerai et à vos descendants, la terre où vous dormez. Votre race sera nombreuse comme le sable de la mer, et toutes les nations seront bénies dans vous et dans celui qui sortira de vous. Je serai votre conducteur partout où vous irez, et je vous ramènerai dans ce pays. Jacob, s’étant éveillé après cette vision, dit : Le Seigneur est vraiment en ce lieu, et je ne le savais pas ; et, tout saisi de crainte, il ajouta : Que ce lieu est terrible ! Certes ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
S’étant donc levé de grand matin, il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, l’érigea en monument, répandant de l’huile par dessus, et donna le nom de Bethel à la ville, qui auparavant s’appelait Luza (Genèse 28.19), c’est-à-dire qu’il donna le nom de Bethel au désert où il passa la nuit, lequel était auprès d’une bourgade nommée Luza, à qui les Hébreux donnèrent le nom de Bethel, lorsqu’ils se furent rendus maîtres du pays de Chanaan. Eusèbe dit que Bethel était à douze milles ou quatre lieues de Jérusalem, sur le chemin de Sichem.
Les rabbins disent que la pierre sur laquelle Jacob reposa sa tête à Bethel, fut mise dans le sanctuaire du temple bâti depuis le retour de la captivité, que l’on plaça sur cette pierre l’arche d’alliance, et que longtemps, depuis la ruine du temple, les Juifs avaient accoutumé d’aller pleurer leur malheur sur cette pierre. Les mahométans croient que leur temple de la Mecque est fondé sur cette même, pierre, et ils ont pour elle beaucoup de vénération. C’est de l’onction que Jacob donna à la pierre de Béthel, qu’est venue la superstition des Anciens pour les béthules, qui étaient des pierres que l’on oignait et que l’on consacrait à la mémoire des grands hommes, après leur mort. Sanchoniaton, ou plutôt Porphyre, auteur du fragment qu’Eusèbe nous a conservé sous le nom de Sanchoniaton, attribue l’invention de ces béthules à Saturne. Damascius, cité dans la Bibliothèque de Photius, dit que l’on consacrait de ces béthules aux dieux des païens, à Saturne, au soleil et aux autres dieux. Et Hésychius assure que les Anciens donnaient le nom de béthule à la pierre que Saturne avait engloutie, croyant manger son fils Jupiter. Asclépiade, cité dans Damascius, raconte quantité de Choses surprenantes des béthules de la déesse Vénus Aphacbite [D. Calmet, le géographe de la Bible de Vence et Barbié du Bocage ne comptent qu’une ville de Bethel nommée auparavant Luza. Le premier la place sur les confins des tribus d’Éphraïm et de Benjamin ; le second dit seulement, mais d’après (Josué 28.12), qu’elle se trouva dans le partage de la tribu de Benjamin ; le troisième, qui la reconnaît dans cette même tribu, dit qu’elle était située au nord de Jérusalem, sur une montagne qui avait reçu de là son nom d’autres croient qu’il y avait deux villes de Bethel ; par exemple, Hure en trouve une dans la tribu de Benjamin, d’après (Genèse 22.8, Genèse 23.3-28.19, Genèse 35.6-7, Genèse 35.15), laquelle, d’après ces mêmes textes conférés, est la même que l’antique Luza ; et l’autre dans la tribu d’Ephraïtn, près de Sichem, et où Jéroboam fit dresser le veau d’or, d’après (1 Rois 22.29, 32, 33 ; 23.1), etc., laquelle, ajoute-t-il, fut nommée Bethaven, à cause du culte idolâtrique qu’on y pratiquait. Il cite Amos (Amos 5.5) : Ne cherchez point Bethel, c’est-à-dire le veau d’or qui y est adoré, et ajoute : C’est pourquoi Bethel a été appelée Bel haven, maison de Vanité, pour maison de Dieu (Osée 4.15 ; 5.8 ; 10.5). Il observe en outre qu’on confond ordinairement ces deux Bethel en une, comme étant sur les confins de l’une et de l’autre tribus. Enfin il croit que la Bethel de Benjamin est la même que Bether] [Voyez Bethaven et Bether. Voilà sur les villes de Béthel et de Béthaven, des opinions qui sont loin de s’accorder. Pour décider entre elles, il faudrait avant tout examiner et discuter les faits à l’occasion desquels ces villes ont été nommées].