Roi de Juda, fils de Joathan, est célèbre par ses impiétés et par ses crimes ; il y a quelques difficultés sur l’âge qu’il avait lorsqu’il commença à régner. Le texte porte qu’il avait vingt ans (An du monde 3262, Avant. Jésus-Christ 738, Avant l’ère vulgaire 742) ; mais comment accorder cela avec ce qui est au même endroit, qu’il ne régna que seize ans, d’où l’on conclut nécessairement qu’il ne vécut que trente-six ans. Cependant, on sait qu’Ézéchias son fils, avait vingt-cinq ans lorsqu’il commença à régner ; il faut donc dire qu’Achaz son père l’engendra n’ayant encore que onze ans, et c’est en effet ce que prétendent plusieurs bons commentateurs. Ceux qui ne peuvent embrasser ce sentiment, cherchent, différentes manières de se tirer de cet embarras. On peut les voir dans les commentaires sur le deuxième Livre des Rois.
Achaz marcha dans les voies des rois d’Israël ou de Samarie, c’est-à-dire, qu’il se livra aux désordres et à l’idolâtrie ; il consacra un de ses fils, en le faisant passer et consumer par le feu, en l’honneur du faux dieu Moloch, suivant l’idolâtrie des nations que le Seigneur avait détruites à l’entrée des enfants d’Israël dans la terre de Chanaan (2 Rois 21.1-3). Il immolait des victimes et offrait de l’encens sur les hauts lieux, sur les collines et sous les arbres chargés de feuillages. Sur la fin du règne de Joathan, roi de Juda, le Seigneur avait commencé d’envoyer contre Juda Razin, roi de Syrie, et Phacée, roi d’Israël (2 Rois 15) ; mais ce fut principalement sous Achaz que ces deux rois vinrent dans le pays, et y ayant commis mille hostilités, battirent les troupes d’Achaz (2 Rois 16.5 ; 2 Chroniques 28.5) et assiégèrent Jérusalem ; n’ayant pu s’en rendre maîtres (Isaïe 7.1), Razin et Phacée partagèrent leur armée et commencèrent à piller partout, et à faire des prisonniers. Celle de Razin emporta à Damas tout le butin qu’elle avait fait, mais celle de Phacée ayant tué dans une seule bataille cent vingt mille hommes des troupes d’Achaz, prit outre cela dans le pays deux cent mille personnes, tant hommes que femmes et enfants. Comme ils menaient tous ces captifs à Samarie, le prophète Oded, avec les principaux de la ville, vinrent au-devant d’eux et les portèrent par leurs remontrances à relâcher ces prisonniers. On les mit donc en liberté, on leur donna à manger, on rendit le butin qui avait été pris et on conduisit sur des montures jusqu’à Jéricho, ceux qui ne pouvaient pas marcher (An du monde 3283, Avant. Jésus-Christ 757, Avant l’ère vulgaire 741).
Vers le même temps, les Philistins et les Iduméens (2 Chroniques 28.17-18) se répandirent dans les terres d’Achaz, y commirent mille désordres, y tuèrent bien du monde et emportèrent beaucoup de dépouilles. Ce fut dans ces tristes circonstances et avant le siège de Jérusalem, que le prophète Isaïe (Isaïe 7.1-5) fut trouver Achaz, et lui prédit la délivrance de son pays et la perte de ses ennemis ; pour preuve de sa prédiction, il lui donna le choix de tel prodige qu’il voudrait, Achaz le refusa et dit qu’il ne tenterait point le Seigneur ; alors Isaïe lui dit : Écoutez donc, maison de David ; ne vous suffit-il pas d’être à charge aux hommes, sans vous rendre encore odieux à Dieu ? Voici le signe que le Seigneur veut vous donner : Une vierge concevra et enfantera un fils, dont le nom sera Emmanuel. Cet enfant mangera le beurre et le miel, jusqu’à ce qu’il soit dans l’âge où les enfants discernent le bien et le mal. En même temps Isaïe lui donna pour preuve de la ruine prochaine de Razin et de Phacée, Chash-Bas (Isaïe 8) son fils, et il l’assura qu’avant que cet enfant sût nommer son père et sa mère, les deux rois ligués contre Juda seraient mis à mort.
Mais comme Achaz ne changea point de vie, Dieu permit que les ennemis revinrent de nouveau l’année sui vante du monde 3263, et désolèrent tout le royaume de Juda. Alors, Achaz ne voyant plus de remède à ses affaires, envoya des ambassadeurs à Téglatphalasar (2 Rois 16.7), roi des Assyriens, pour lui dire de sa part : Je suis votre serviteur et votre fils ; venez me sauver des mains du roi de Syrie et du roi d’Israël, qui se sont ligués contre moi. Et ayant amassé tout l’or et l’argent qui était dans le temple du Seigneur, et dans le palais, il l’envoya au roi d’Assyrie. Téglatphalasar marcha aussitôt au secours d’Achaz, attaqua Razin, le tua, prit Damas, sa capitale, la ruina, et en transporta les habitants à Cyrène, ou plutôt dans l’Ibérie, où coule le fleuve Cyrus. Achaz alla au-devant du roi d’Assyrie jusqu’à Damas, et ayant vu l’autel profane qui y était, il en envoya le modèle au grand-prêtre Urie, afin qu’il en fit un semblable dans le temple de Jérusalem, et lorsque Achaz fut revenu à Jérusalem, il plaça cet autel dans le temple du Seigneur et en ôta celui qui y était. Il offrit des sacrifices sur ce nouvel autel, et ordonna au grand-prêtre Urie de n’en offrir désormais que sur celui-là. Il fit aussi ôter les socles ornés de gravures, et les cuves d’airain qui étaient dessus, de même que la mer d’airain, qui était portée sur des bœufs de même métal, et les fit mettre à bas sur le pavé du temple.
Les disgrâces auxquelles il s’était vu exposé, ne le rendirent pas meilleur (2 Chroniques 28.22-23). Dans le temps de sa plus grande affliction, il fit paraître un plus grand mépris envers le Seigneur ; il immola aux dieux des Syriens, qu’il regardait comme les auteurs de son malheur, et prétendit se les rendre favorables en les honorant ; il brisa les vases de la maison de Dieu, fit fermer les portes du temple et fit dresser des autels dans toutes les places de Jérusalem. Il éleva aussi des autels dans toutes les villes de Juda, pour y offrir de l’encens ; enfin, il s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli dans Jérusalem, mais non pas dans les sépulcres des rois de Juda, ses prédécesseurs ; on le priva de cet honneur à cause de ses iniquités. Ézéchias, son fils, régna en sa place l’an du monde 3278, avant Jésus-Christ 722, avant l’ère vulgaire 726. [Au temps d’Achaz, la lampe du soir s’éteignit, et à cause de cela, un jeûne fut ordonné et marqué au 18 du mois ab].