Désir de posséder une chose à laquelle on n’a pas droit.
Le Décalogue (Exode 20.17 ; Deutéronome 5.21) l’interdit, en en prévoyant quelques cas, dans le dixième commandement, qui, après les actes extérieurs jusque-là défendus (meurtre, adultère, vol, faux témoignage), aborde ici le domaine intérieur des sentiments d’où peuvent découler tous ces actes (voir L. Gautier, La Loi dans l’ancienne alliance, p. 114).
Le passage du sentiment à l’acte est si naturel et souvent si prompt, que ce commandement est parfois interprété comme interdisant le tort fait au prochain (avant-dernier commandement dans Marc 10.19), ou la violence (voir Décalogue).
Mais la convoitise, au sens général, peut avoir des applications plus limitées (cupidité, avidité, avarice, rapacité, envie), dont la parenté réciproque est fréquemment affirmée dans la Bible (Marc 7.21-23 ; 1 Corinthiens 5.10 et suivant, etc.).
La principale distinction théorique à faire est celle qui définit la convoitise : l’appétit vorace soit des jouissances mauvaises, soit du gain destiné à les procurer, et l’avarice : l’insatiable passion d’amasser pour amasser (Trench, Synonymes du Nouveau Testament, p. 94).
Sous l’un ou l’autre de ces termes, l’Ancien Testament condamne fréquemment la convoitise (Deutéronome 7.25 ; Psaumes 10.3 ; Proverbes 6.25 ; Michée 2.2 ; Jérémie 22.17 ; Ésaïe 57.17 ; Ézéchiel 33.31 ; Siracide 25.21 etc.) et en renferme de célèbres exemples : Israël (Nombres 11.4 ; Nombres 11.33 ; Psaumes 106.14 Acan (Josué 7.21), David (2 Samuel 11.2 s), Achab (1 Rois 21.6), Guéhazi (2 Rois 5.20), auxquels il faut ajouter Judas d’après Jean 12.4 et suivants.
Jésus dénonce dans certaine convoitise des yeux le sentiment équivalent à l’acte de l’adultère (Matthieu 5.28) ; il met en relation la sensualité, l’amour de l’argent et les autres vices et crimes (Marc 7.21 et suivant).
Les divers auteurs des épîtres le font aussi énergiquement que leur Maître (1 Corinthiens 5.10 ; 1 Corinthiens 6.9 et suivant, Éphésiens 5.3-5 ; Colossiens 3.5 ; 1 Timothée 6.10 ; Hébreux 13.5 ; 2 Pierre 1.4 ; 2 Pierre 2.14) et en particulier saint Jean s’il faut lire dans 1 Jean 2.16 : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse » (Bible du Centenaire), au lieu de la traduction ordinaire : « l’orgueil de la vie ». Saint Paul et saint Jacques montrent la convoitise à la source des autres péchés (Romains 7.7 et suivant, Jacques 1.14). Ce n’est pas seulement aux Pharisiens passionnés pour l’argent (Luc 16.14), c’est à tous et d’une manière générale que Jésus déclare solennellement : « Gardez-vous avec soin de toute avarice », au sens de : « toute convoitise » (Luc 12.15).
Jean Laroche
Numérisation : Yves Petrakian