Ce mot désigne toute substance organique ou inorganique. Les corps inorganiques sont chimiquement classés en corps simples et corps composés. Par suite de l’ordre qui règne dans la création, la chimie a pu déterminer qu’il existe 92 corps simples dont 5 sont encore inconnus. Un corps simple est un corps qui ne peut être réduit en éléments plus simples sans perdre sa propriété matérielle : les atomes dont il est composé peuvent être réduits en éléments impondérables, mais ces éléments atomiques ne sont plus matériels au sens propre. Les corps composés sont des corps constitués par la combinaison plus ou moins complexe de corps simples ; ils se décomposent en molécules ; la molécule est la plus petite partie possible du corps composé ; elle est composée par un assemblage d’atomes et, si on la décompose, on détruit la nature du corps composé et on trouve ses constituants : des atomes de corps simples.
Certains corps composés sont élaborés par les êtres vivants ; ce sont tous des composés plus ou moins complexes de l’atome de carbone. Par opposition aux éléments qui composent la nature inorganique que l’on nomme corps minéraux, on les a nommés corps organiques. Les corps organiques se composent des mêmes éléments simples que les corps minéraux : les êtres vivants les produisent soit comme produits d’excrétion (urée, etc.), soit comme substances mêmes de leur organisme (amidon, cellulose, produits cytoplasmiques divers, etc.).
Le mot corps désigne non seulement les éléments matériels de la nature, mais, en un sens plus restreint, l’élément matériel des êtres vivants, par opposition à ce qui en eux n’est pas proprement matériel. Les animaux, possédant tous une nature matérielle, ont un corps.
Le corps animal ou humain se compose de parties diverses, variables avec les êtres vivants : on distingue généralement la tête, le tronc et les membres. La disposition et les dimensions de ces éléments donnent aux corps des formes variées par lesquelles ils se distinguent. Le mot corps exprime donc à la fois la nature matérielle d’un être vivant et évoque sa forme spécifique.
Dans la Bible le mot corps n’est employé que dans ces derniers sens. La distinction des éléments chimiques est de date très récente et la Bible appelle les corps inorganiques de leur nom de minéral, sans aucun souci de leur unité de composition (par exemple métal, pierre, etc.).
Le corps des animaux est peu souvent mentionné (Lévitique 11.8) ; par contre, le corps humain est l’objet de nombreuses indications. Le corps est la partie matérielle de l’homme : il est fait de chair (Proverbes 5.11 ; Colossiens 2.11 ; Colossiens 1.23) ; il n’a par lui-même aucune vie et n’est en lui-même qu’un cadavre, mais l’âme l’anime (Jacques 2.26). Le corps est la partie mortelle de l’homme : (Romains 6.12 ; Romains 7.24) c’est à cause du péché que le corps doit mourir (Romains 8.10), car ce qui vit de la chair doit mourir (Romains 8.13 ; Jean 3.6). La Vie ne peut être atteinte que par l’Esprit, qui peut faire mourir les actions du corps (Romains 8.14). Voir Chair, Homme.
Cependant le corps résiste à l’Esprit (Romains 7.24) conditionné par la chute (voir ce mot), il est devenu une occasion de péché (Romains 6.12 ; Romains 7.23), toujours prêt à se déshonorer (Romains 1.24), enclin à l’impudicité (1 Corinthiens 6.13 ; 1 Corinthiens 6.18). C’est pourquoi il faut savoir posséder son corps (1 Thessaloniciens 4.4), le traiter durement (1 Corinthiens 9.27), porter les marques de Jésus (Galates 6.17) et glorifier le Christ (Philippiens 1.20), car il faut que Dieu soit glorifié dans nos corps et dans nos esprits qui lui appartiennent (1 Corinthiens 6.20) et que tout en nous, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irrépréhensible jusqu’à l’avènement du Seigneur (1 Thessaloniciens 5.23).
Dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur (2 Corinthiens 5.6), et la création entière soupire après l’affranchissement de la corruption ; de même l’homme qui a les prémices de l’Esprit attend l’adoption, la rédemption de son corps (Romains 8.23 ; Psaumes 63.2). Le corps, en effet, doit être le temple du Saint-Esprit, puisqu’il est l’enveloppe de l’Esprit (1 Corinthiens 6.19) ; il est même plus, il est un membre de Christ (1 Corinthiens 6.15).
L’homme demeure dans ce corps aussi longtemps qu’il est ici-bas (2 Corinthiens 5.9), mais ce corps corruptible est de la terre et retournera à la terre (Genèse 3.19 ; Psaumes 104.29 ; Ecclésiaste 3.20 ; Ecclésiaste 12.9 ; Ecclésiaste 5.14 ; Job 1.21). La cité des chrétiens est dans les cieux où le corps, notre humiliation, sera rendu semblable au corps de la gloire de Christ (Philippiens 3.21).
La question peut se poser de savoir ce que sera le corps ressuscité (1 Corinthiens 15.35). De même qu’il faut que le grain meure pour prendre corps, de même il faut que le corps corruptible meure pour ressusciter incorruptible : (1 Corinthiens 15.42) « Il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ». En effet, il y a plusieurs espèces de corps essentiellement différents : il y a le corps animal, celui que nous connaissons, qui est terrestre, fils d’Adam, et il y a un corps spirituel, qui est de nature céleste, fils du second Adam (1 Corinthiens 15.42-49). Il faut que le corps mortel et corruptible revête l’incorruptibilité et l’immortalité (1 Corinthiens 15.53). Quant à savoir ce que sera ce corps, il nous importe peu, puisque la mort a été engloutie dans la victoire ; tout ce que nous savons, c’est que ce corps spirituel n’a rien de commun avec notre corps matériel et qu’il ne faut pas affirmer la résurrection des corps sans autres précisions. Saint Paul donne un corps à l’être spirituel pour fournir une idée de la résurrection (1 Corinthiens 15.1-32) et pour le doter d’un système quelconque de support, puisque sur la terre un support est nécessaire à la vie. Le « corps spirituel » n’est qu’une vue de l’esprit ou une manière de parler, puisque dans la mesure où il évoque l’idée de corps il n’est pas spirituel, et réciproquement.
Les Évangiles nous apprennent que le corps de Jésus, enseveli par Joseph d’Arimathée, ne demeura pas dans le sépulcre (Matthieu 27.57-66 ; Matthieu 28.1-7 ; Marc 15.42-47 ; Marc 16.1-7; Luc 23.50-56 ; Luc 24.1 ; Luc 24.8 ; Jean 19.38-42 ; Jean 20.1-10). Le corps de Jésus ressuscita des morts et apparut aux disciples à maintes reprises. Il ne nous est pas permis de nous faire une idée sur les événements que Dieu fit surgir à ce moment. La réalité du corps matériel de Jésus nous est affirmée par le tombeau vide, par les preuves que demande Thomas (Jean 20.26 ; Jean 20.28), les déclarations mêmes de Jésus aux disciples : « Voyez mes mains et mes pieds… un esprit n’a ni chair ni os » (Luc 24.39, voir verset 43) et par le témoignage de Pierre chez Corneille (Actes 10.41). L’impossibilité de l’assimiler à un corps normal ou naturel nous est affirmée par les facultés spéciales dont il était doué (Jean 20.26; Luc 24.31 ; Luc 24.51 ; Actes 1.9).
Saint Paul considère que non seulement le corps du chrétien est un membre de Christ (1 Corinthiens 6.15), mais aussi que les chrétiens sont un seul corps en Christ : il y a dans tout corps plusieurs membres, qui ont des fonctions diverses ; de même parmi les chrétiens il y a plusieurs dons, mais tous sont membres d’un même corps (Romains 12.4 ; Romains 12.6 ; 1 Corinthiens 12.18-26 ; Éphésiens 4.4), qui est l’Église, corps de Christ (Éphésiens 1.23 ; Éphésiens 5.30 ; Colossiens 1.18 ; Colossiens 1.24) ou corps dont le Christ est la tête (Colossiens 1.18). Ainsi, les chrétiens sont le corps de Christ, les membres, chacun pour sa part, de son corps (1 Corinthiens 12.27), et travaillent à l’édification du corps de Christ (Éphésiens 4.12). Les enseignements pauliniens sur la sainte Cène rappellent ces conceptions. La fraction du pain est la communion au corps de Christ, parce qu’il y a un seul pain auquel tous participent, affirmant ainsi qu’ils sont un seul corps (1 Corinthiens 10.17).
Lors de la Passion, Jésus dit à ses disciples que le pain qu’il rompait pour eux était son corps (Matthieu 26.26 ; Marc 14.22), qui était donné pour eux (Luc 22.19), rompu pour eux (1 Corinthiens 11.24), établissant ainsi que le pain de la Cène devait être le symbole du don qu’il faisait de son corps, du sacrifice qu’il allait consommer pour eux. Discerner le corps du Seigneur dans le pain de la communion ne peut signifier voir dans ce pain la corporéité matérielle du Seigneur, mais sentir en lui le symbole sacré de sa mort. H. L.
Numérisation : Yves Petrakian