Signifiant : dispersion. Nom donné à la population juive en terre païenne.
C’est la préhistoire de la Diaspora. Pour le commerce, des Israélites s’établissent en Syrie, en Égypte, en Mésopotamie. Ben-Hadad dit à Achab : « … tu établiras pour toi des rues à Damas, comme mon père en avait établi à Samarie » (1 Rois 20.34). En Égypte, ils cherchent la sécurité. Ils sont déjà nombreux, ont un culte (Ésaïe 19.18-25).
Sous Alexandre et ses successeurs : nouveau développement. La Diaspora, jadis regardée comme châtiment (Ézéchiel 22.15), est désormais un fait normal. Les peuples sont mis en mouvement. Alexandrie (voir ce mot) a vite une grosse population juive. La foi d’Israël entre en contact avec la pensée grecque. La Bible est traduite : les LXX sont le livre de la Diaspora qui parle le grec. La pensée se concentre sur l’essentiel religieux : le monothéisme, la moralité, le Messie, le jugement. L’apologie écarte les pratiques et présente la foi comme la vraie philosophie. La propagande devient active. Elle atteint les âmes sérieuses travaillées par le besoin d’expiation, de pureté et d’espérance, les femmes surtout. Les uns restent des « craignant Dieu », avec l’essentiel et peu de formes. Une minorité de « prosélytes » acceptent la circoncision et la loi. Lés partis de Jérusalem ne peuvent pas exister. Tout est orienté autrement.
Au temps d’Auguste, dans la paix romaine, la Diaspora, déjà vaste, s’épanouit. Les barrières nationales sont tombées, les routes s’ouvrent au commerce. Le Juif les suit : un réseau de synagogues se tend sur l’empire. Ces groupes ont leur organisation propre, un peu de vie nationale autour de la synagogue, un conseil, des chefs, un président, une part de justice civile. Rome fait respecter leur culte. On les dédaigne, on ne les persécute pas. C’est une « religion licite ». Leur prétention, assez vaine, est de garder leurs privilèges (quant au service militaire en particulier et au sabbat) et d’acquérir droit de cité. Ils sont fort nombreux. On les évalue à 700 000 en Palestine, 1 million en Égypte (dont 200 000 à Alexandrie), un peu plus de 1 million en Syrie avec Antioche pour centre. Ailleurs, beaucoup de groupes compacts dans l’Afrique du nord, l’Espagne, le sud de la Gaule, à Rome (pas plus de 15 000 sur la rive droite du Tibre), dans les cités de l’Asie Mineure et de la mer Noire, etc. Un maximum de 4 millions ½. Tout cela est de la plus grande conséquence pour les premières missions chrétiennes. L’apologétique et la mission même s’en inspirent. Ces groupes sont le point de départ et l’obstacle.
Après la ruine de Jérusalem (70) Israël est tout Diaspora. L’histoire de la Diaspora est l’histoire des Israélites dans le monde. Ils influencent les peuples, mais leur propagande a cessé. Ils se concentrent sur eux-mêmes. Le temps du judaïsme fermé, celui du Talmud commence, ce qui n’empêchera pas, en bien des endroits, des individus et des groupes de s’annexer à Israël.
Tout de suite on en parle. C’est un terme ecclésiastique (Jacques 1.1 ; 1 Pierre 1.1), mais la notion empruntée au judaïsme disparaît vite, absorbée par celle de l’Église conquérante. La prière d’intercession des Const. apost., VIII, n’y fait pas d’allusion. La chose redevient une réalité au temps de la Réforme pour désigner des groupes d’une confession vivant au milieu d’une autre, par exemple luthériens parmi des réformés. Le mot est repris par les Moraves pour désigner leurs membres à l’étranger (au XVIIIe siècle) ; et, depuis la tolérance religieuse, les protestants désignent volontiers ainsi leurs disséminés.
An.
Numérisation : Yves Petrakian