La région montagneuse arrosée par le Choaspes et par l’Eulaeus, qui s’étend à l’est du Tigre inférieur et du golfe Persique (carte № II), a été l’Élam, le pays des Élamites (nommés Hatamti dans les inscriptions du pays). Les Élamites ne sont pas des Sémites, comme l’affirme l’auteur sacerdotal dans Genèse 10.22, mais une race mélangée dont le langage n’est ni sémitique ni indo-européen.
Les fouilles de M. de Morgan à Suse ont révélé une culture néolithique assez avancée qui précède la grande civilisation sumérienne, adoptée dans l’Élam au commencement de l’époque historique.
L’histoire de l’Élam est enchevêtrée avec celle de la Babylonie et de l’Assyrie ; elle nous est connue surtout par les documents cunéiformes de ces pays. Depuis 3100 jusqu’à 2380 (dates approximatives), l’Élam fut généralement sous la domination des princes sumériens de la Babylonie : Eannatoum, Manishtoushou, Ourou-moush, Sargon Ier, Naram-Sin, Shar-Kali-sharri, Doungi et Goudéa firent des campagnes dans l’Élam ; la conquête de ce pays ne fut jamais durable. Au cours du siècle et demi qui suivit, l’Élam prit l’offensive et porta le champ de bataille sur le territoire babylonien.
Assourbanipal trouva à Suse une statue de la déesse d’Érech, emportée pendant une campagne militaire par le roi d’Élam Koudour-Nahhunté, 1 635 années auparavant (c’est-à-dire en 2280). Vers 2168, Koudour-Maboug installa son fils Warad-Sin comme roi de Larsa ; le frère de ce dernier, Rim-Sin, y régna après lui ; mais Hammourapi, en 2094, s’empara d’une partie de l’Élam et fit prisonnier Rim-Sin.
Ce ne fut que vers 1176 que l’Élam put prendre sa revanche : Shourouk-Nahhunté ravagea la Babylonie et emporta à Suse, avec un butin considérable, la stèle sur laquelle est gravé le code d’Hammourapi. Un demi-siècle plus tard, Neboukadrezar Ier vainquit l’Élam, mais désormais la puissance militaire de l’Assyrie va croissant aux dépens de la Babylonie, qui souvent sera forcée de faire cause commune avec l’Élam contre l’Assyrie.
Après plusieurs siècles de paix entre l’Élam et la Babylonie, Mérodac-Baladan fit une alliance avec Houmbanigash, roi d’Élam (722): Sargon II d’Assyrie fut battu par les Élamites à Der (721). Shoutour-Nahhunté (717), au contraire, refusa d’intervenir en 709, et Sargon put se débarrasser de son rival. L’Élam se trouva isolé et, sous le règne de Sennachérib, l’alliance fut renouvelée. Shoutour-Nahhunté fut déposé par son frère Halloushou (699), qui fit prisonnier Ashour-nadin-shoumi, fils de Sennachérib, qui régnait en Babylonie (694).
Après le court règne de Kutir-Nahhunté (693), Houmman-Menanu, en alliance avec les Babyloniens, se battit contre Sennachérib à Haloulé (691) ; mais, peu après, il fut frappé de paralysie (la famille royale souffrait de maladies nerveuses héréditaires) et Hoummahaldash Ier lui succéda (689). Hoummahaldash II (681) se montra favorable à Assarhaddon au début de son règne, mais, pendant que le roi assyrien se battait contre l’Égypte, il fit un raid contre Sippar. Ourtakou, son frère, qui lui succéda en 674, eut un règne paisible. Teumman (664), au contraire, provoqua une guerre contre Assourbanipal en demandant à celui-ci l’extradition de ses neveux : il fut battu et tué en 655 et son royaume fut occupé par les Assyriens. Le nouveau roi, Hoummanigas, envoya ses forces en Babylonie pour aider Shamash-shoum-oukin dans sa rébellion contre son frère Assourbanipal (652), mais les Assyriens l’emportèrent et, à la suite d’une guerre civile, Hoummanigas fut tué par son cousin Tammaritou (651) qui, à son tour, fut chassé par Indabigash (649) et dut implorer la protection d’Assourbanipal. Une année après, Hoummahaldash III s’empara de la couronne et les Assyriens prirent Babylone. Le roi d’Élam refusa l’extradition de Nabou-bêl-shoumate, prince caldéen, demandée par Assourbanipal : il fut remplacé par Tammaritou II après une campagne dans laquelle les Assyriens prirent Suse (646). Celui-ci se révolta et fut fait prisonnier. Hoummahaldash revint : nouvelle invasion assyrienne, dans laquelle le pays tout entier fut ravagé et Suse pillée ; même les tombeaux des rois ne furent point respectés (vers 641). Le roi tomba dans les mains des Assyriens en 639 et l’Élam disparaît de l’histoire jusqu’aux temps de Cyrus, roi d’Anzan (558-529), lorsque Suse devint une des capitales de l’empire persan (cf. Néhémie 1.1 ; Esther 1.2, etc., Daniel 8.2).
Dans la Bible, l’Élam est nommé dans les passages suivants : Genèse 14.1-9 ; Ésaïe 11.11 ; Ésaïe 21.2 ; Ésaïe 22.6 ; Jérémie 25.25 ; Jérémie 49.34s ; Ézéchiel 32.24 ; Daniel 8.2, cf. aussi 1 Macchabées 6.1 et suivants, Tobit 2.10. Pour « Élamites », voir Esdras 4.9, Actes 2.9.
Voir article Assyrie et Babylonie. J. de Morgan, Mémoires de la délégation en Perse, 9 volumes, Paris 1899-1906. Leipzig 1890.
R.-H. Pf.
Numérisation : Yves Petrakian