Clôture des champs et domaines, surtout des vignes, indispensable dans un pays comme la Palestine, accidenté et infesté de malfaiteurs et de bêtes sauvages. Un des mots hébreux (mesoûkâ) désigne la haie proprement dite (Proverbes 15.19 ; Michée 7.4), faite d’arbustes, ordinairement épineux, comme l’aloès ; telle, la haie de la vigne d’Israël dans le chant d’Ésaïe (Ésaïe 5.5) repris par Jésus dans la parabole des vignerons (Marc 12.1 ; Matthieu 21.33). Un autre terme (gader) désigne plus spécialement le mur ; il est ordinairement traduit ainsi et devrait l’être dans Nahum 3.17. Le grec du Nouveau Testament (phragmos, littéralement roseaux) peut s’appliquer à toute clôture, plantes, planches ou pierres.
Le symbolisme de la haie est double et complémentaire.
- Jéhovah, qui avait fait d’Israël la vigne de son choix (Ésaïe 5.2), l’avait mis à part (Nombres 23.9), gardé (Ésaïe 27.3), environné comme d’un mur de feu (Zacharie 2.6) ; mais quand il l’avait châtié de son infidélité en faisant rompre ses clôtures (Psaumes 80.13), dévaster son sol (verset 9 et suivant), en lui barrant le chemin par une haie de ronces (Osée 2.6), le judaïsme rétréci dans le rabbinisme s’était replié sur la Loi : il la considérait, avec raison jusqu’à un certain point, comme la « haie d’épines » protectrice au milieu de l’étranger ; seulement, elle ne représenta que trop bien son isolement égoïste et orgueilleux à l’égard du paganisme. Noter que l’Évangile universaliste de Luc, écrit pour les païens, n’a pas gardé le détail de la haie (Luc 20.9).
- C’est que Jésus dénonce la faillite religieuse d’Israël, d’abord dans les développements tragiques que sa parabole des vignerons ajoute au chant de la vigne d’Ésaïe, ensuite lorsque dans la parabole du festin il mentionne les haies avec les grands chemins pour ouvrir la voie missionnaire du témoignage à la Bonne Nouvelle (Luc 14.23). Tandis que derrière la haie du formalisme les Juifs s’étaient exclus du bonheur du Royaume, le long des haies de la souffrance les malheureux qu’ils méprisaient sont invités à ce bonheur à leur place. Le Sauveur rappelle donc les privilèges des grâces reçues et repoussées, pour charger ses envoyés d’aller les proclamer au monde ; et le Juif devenu chrétien qui l’aura le mieux compris, déclarera bientôt abattu par Lui le « mur de séparation de la Loi entre Juifs et païens » (Éphésiens 2.14 et suivant).