Mot dérivé de l’hébreu hôchiyâh’nnâ, que les Juifs postérieurs abrégèrent en hôcha’nna, d’où est venu le terme grec hosanna. Ce mot, qui signifiait primitivement : « Sauve, je te prie (ou : de grâce, ou : maintenant) ! », est emprunté au Psaumes 118.25, psaume qui faisait partie du Hallel (cantique chanté au moment de la Pâque et aux autres grandes fêtes, notamment à celle des Tabernacles ; voir Hallel).
Les Juifs désignaient aussi par le mot d’« Hosanna » des prières dites le septième jour de la fête des Tabernacles, et même les palmes, les branches de myrte et de saule qu’ils portent encore à la main pendant cette fête, parce qu’en les agitant ils entonnent ce vieux chant. Le Psaume 118 était considéré, comme annonçant la venue du Messie qui, après avoir souffert et triomphé (verset 22), apparaîtra comme « celui qui vient au nom de l’Éternel » (verset 26).
C’est par ces derniers mots que commence le chant de victoire qui doit accueillir le Messie faisant son entrée dans sa capitale. Il est donc naturel que cette exclamation se retrouve dans les Évangiles, dans le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (Matthieu 21.9 ; Marc 11.9 et suivant, Jean 12.13). Tous les disciples considéraient en effet Jésus comme le Messie promis.
L’acclamation poussée le jour des Rameaux se retrouve encore dans la bouche des enfants qui font une ovation à Jésus, un peu après, dans le Temple (Matthieu 21.15). À vrai dire, elle nous est rapportée dans les Évangiles avec des variantes : sa forme la plus simple apparaît dans Marc 11.9 et dans Jean 12.13 : « Hosanna ! béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur », qui était vraiment le cri populaire.
Les additions qu’on trouve dans les autres textes : « Hosanna au Fils de David » (un des noms du Messie, voyez Matthieu 21.9 ; Matthieu 21.15), « Hosanna au plus haut des cieux » (Matthieu 21.9 ; Marc 11.10), « Béni soit le Roi d’Israël » (Jean 12.13, cf. Jean 1.49), peuvent être des amplifications ultérieures. Mais il est bien possible aussi que les évangélistes aient reproduit ici plusieurs des cris divers poussés par la foule, les uns en rapportant un, les autres un autre. Il n’y a donc pas nécessairement contradiction entre leurs relations.
Quand l’expression « Hosanna », forme hellénique du terme hébreu, passa dans l’usage liturgique de l’Église chrétienne primitive, sa signification se modifia sensiblement : l’invocation, la demande de bénédiction qu’elle était, devint à la fois une exclamation de louange et de joie, une acclamation et une formule de salutation, à peu près synonymes de nos expressions : « Gloire à… ! Vive… ! Salut… ! » Cette acception se trouve par exemple dans la Didachè (10.6). C’est aussi celle que le terme d’« Hosanna » a conservée dans l’hymnologie chrétienne contemporaine, où il a d’ailleurs à peu près gardé sa forme première, comme c’est le cas pour les mots hébreux « Alléluia » et « Amen ». Peut-être faut-il déjà comprendre le cri d’« Hosanna » à la fois comme une invocation, une prière, et comme une acclamation de triomphe dans la salutation même du jour des Rameaux.
M. M.
Numérisation : Yves Petrakian