(hébreu sâphâh, grec kheïlè). Ce terme se trouve surtout dans la poésie hébraïque, et le Nouveau Testament ne l’emploie que dans des citations poétiques de l’Ancien Testament. C’est dire qu’il revêt généralement un sens figuré, imagé ou allégorique.
Notons d’abord quelques passages où il garde son sens propre et littéral (Psaumes 45.3 ; Proverbes 24.26 ; Cantique 4.3-11 ; Cantique 5.13). Les lèvres remuent pour la parole, même sans se faire entendre (1 Samuel 8.12 et suivant, Job 16.5) ; elles expriment rire et sourire (Job 8.21), ou tremblent de terreur (Habakuk 3.16). Dans 2 Rois 19.28 parallèle Ésaïe 37.29 est une allusion au moyen de dompter le cheval en lui mettant un mors entre les lèvres (Version Synodale, bouche).
Le plus généralement la Bible désigne les lèvres comme instrument de la parole (Job 27.4 ; Psaumes 119.171 ; Proverbes 15.7 ; Proverbes 24.2 ; Malachie 2.7). Un » homme de lèvres » est un grand parleur (Job 11.2) ; de vains propos ne sont que « paroles des lèvres » (2 Rois 18.20 ; Psaumes 106.33 ; Proverbes 14.23), parfois fort différentes des sentiments du cœur (Ésaïe 29.13, cité Marc 7.6). Mais les lèvres peuvent aussi célébrer le Seigneur (Psaumes 63.4 ; Ésaïe 57.19), et l’hommage des lèvres est un sacrifice qu’il agrée (Osée 14.2 ; Hébreux 13.15).
Les lèvres deviennent donc l’équivalent de la bouche et de la langue (voir ces mots) pour représenter le langage, et par là symboliser les qualités et les défauts qui s’y expriment, elles sont qualifiées :
Ou bien au contraire :
Aussi le croyant demande-t-il à Dieu de veiller sur ses lèvres (Psaumes 141.3 ; Siracide 22.27) ; Lui, il peut :
Par anthropomorphisme il est attribué à Dieu des lèvres qui commandent (Psaumes 17.4, Version Synodale : bouche) ou dont le souffle fait périr comme une haleine empoisonnée (Ésaïe 11.4).
Le mouvement des lèvres fait curieusement image pour trahir les sentiments :
Les lèvres peuvent même représenter la langue qu’elles parlent. L’hébreu dit : « Toute la terre avait une même lèvre », c’est-à-dire un même langage (Genèse 11.1). Les « lèvres étrangères » sont celles qui parlent une langue inconnue (Ésaïe 28.11 ; Ésaïe 33.19 ; 1 Corinthiens 14.21).
Par analogie, comme nous parlons des lèvres d’une plaie, l’hébreu appelle lèvres :
R. Pf.
Numérisation : Yves Petrakian