Action d’oindre, c’est-à-dire de répandre de l’huile sur une personne ou sur un objet.
Le rite de l’onction remonte à la plus haute antiquité et a été d’un usage courant chez les Hébreux, même avant la législation mosaïque. L’huile était un symbole de force (Psaumes 89.21 ; Psaumes 92.11), de joie (Psaumes 45.8), d’abondance et de richesse (Psaumes 23.5). Peut-être faut-il en trouver l’origine dans les anciens cultes du feu : on entretenait la flamme avec de l’huile ; celle-ci a donc pu être considérée comme participant de la nature divine du feu et la communiquant aux choses et aux êtres que l’on oignait. Ces personnages et ces objets devenaient sacrés du moment qu’ils étalent oints ; par exemple l’onction des boucliers avant le combat (2 Samuel 12.1 ; Ésaïe 21.5) est censée leur conférer plus d’efficacité contre les coups ; Jacob oint d’huile la pierre où demeure la divinité (Genèse 28.18 ; Genèse 35.14) ; Moïse en fait autant pour tous les objets devant servir au culte (Exode 30.26 ; Exode 30.29). Il oint aussi les hommes préposés à la célébration du culte, car pour toucher les choses saintes il faut être saint (Exode 28.41 ; Exode 29.7 ; Exode 30.30 ; Exode 40.12-15). Il y a dans cette onction une vertu magique qui se transmet par simple contact (Exode 30.29) ou par hérédité (Exode 40.15). La purification du lépreux donnait lieu aussi à une onction d’huile sacrée (Lévitique 14.17 et suivant). L’huile employée pour un usage profane devait avoir une composition différente de celle employée dans les cérémonies cultuelles (Exode 30.33-38).
Peu à peu cependant cette notion de l’onction se spiritualise, l’onction devient l’acte par lequel Jéhovah communique son esprit et par conséquent une puissance et une autorité surnaturelles (1 Samuel 10.1-6 ; 1 Samuel 16.13 ; Ésaïe 61.1). Élisée est oint par Élie ; le roi aussi sera oint, car il est placé à la tête du peuple par une sorte de délégation de Jéhovah (1 Samuel 10.1 ; 1 Rois 19.15 et suivant, etc.). On trouve une fois l’expression « fils de l’huile » pour désigner des oints de l’Éternel (Zacharie 4.14). Le mot oint lui-même — en hébreu messie, en grec christ — devient alors synonyme de roi (1 Samuel 24.7-11 ; 1 Samuel 26.16 ; 2 Samuel 11.4 ; 2 Samuel 11.16). Il désigne après l’exil le prince (Daniel 9.25) et même un personnage chargé par Jéhovah d’une mission spéciale : Cyrus (Ésaïe 45.1), les patriarches (1 Chroniques 16.22), le peuple d’Israël en tant que collectivité élue pour être la lumière des nations (Habakuk 3.13). Roi et Envoyé spécial de Dieu, il était naturel que le Christ fût considéré comme ayant reçu une onction spirituelle unique et comme étant l’Oint par excellence, le Messie (voir ce mot). Dans un sens figuré, le Nouveau Testament emploie parfois le mot onction pour désigner l’action du Saint-Esprit dans le chrétien (1 Jean 2.20 ; 1 Jean 2.27 ; 2 Corinthiens 1.21).
L’Église romaine a maintenu le rite de l’onction dans la cérémonie du baptême, de la confirmation, de l’ordination des prêtres et du sacre des rois. Elle a tiré de Jacques 5.13 ; Jacques 5.15 l’institution du sacrement de l’extrême-onction. Mais il ressort clairement du passage de Jacques que l’huile était employée pour la guérison du malade et ne jouait d’ailleurs qu’un rôle secondaire ; c’est la prière de la foi qui doit sauver le malade.
Voir Huile, Parfum. P. D.
Numérisation : Yves Petrakian