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Samaritain
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

Les Samaritains étaient les descendants des colons (originaires de Babylone, Cutha, Ava, Hamath, Sépharvaïm) qu’avait amenés le roi d’Assyrie Sargon II dans les villes de Samarie (2 Rois 17.24), afin de remplacer les Israélites qu’il avait déportés à Chalah (2 Rois 17.6).

On connaît leurs malheurs jusqu’au jour où un prêtre, d’entre les captifs, fut rapatrié, pour leur « enseigner la manière de servir le dieu du pays » (2 Rois 17.27). Il en résulta un syncrétisme religieux assez spécial. D’autres colons arrivèrent encore sous Assarhaddon (681-668) et sous Assourbanipal (668-626 ; Esdras 4.2 ; Esdras 4.10), qui, tout en offrant des sacrifices au dieu d’Israël, n’en oublièrent pas tout à fait les leurs (2 Rois 17.29 et suivant).

Au retour de l’exil, les Juifs de Jérusalem, décidés à reconstruire leur temple, reçurent une délégation de Samaritains, venus offrir leur collaboration (Esdras 4.1 et suivants). Repoussés, les Samaritains en conçurent un vif dépit, d’autant plus qu’ils ne réussirent qu’à interrompre les travaux, qui furent repris et menés jusqu’au bout. Dans la sixième année du règne de Darius (516-515), le temple était reconstruit. Les Samaritains n’empêchèrent pas non plus Néhémie de relever les murs de Jérusalem, malgré leur attitude particulièrement hostile (Néhémie 4-6).

Ecartés de Jérusalem, ils bâtirent un temple sur le mont Garizim, en rivalité de plus en plus ouverte avec celui de Sion. Jean Hyrcan détruisit ce sanctuaire quand, en 129 avant Jésus-Christ, il conquit la Samarie.

L’hostilité méprisante entre Juifs et Samaritains, qui inspire Siracide 50.25 et suivant (texte probablement du début du IIe siècle), était toujours vive à l’époque de Jésus (Luc 9.53 ; Jean 4.9 ; Jean 8.48). Les Galiléens se rendant en Judée faisaient habituellement le détour par la Pérée (voir ce mot). Jésus traversa pourtant deux fois la Samarie (Luc 9.52 ; Jean 4.4 et suivants). Si, pour les Juifs, les Samaritains étaient des « étrangers », ceux-ci, individuellement, avaient cependant quelques qualités : la foi messianique (Jean 4.25 ; Jean 19.39-42) la reconnaissance (Luc 17.18), le dévouement et la pitié (Luc 10.30-37). Il fallait de la part de Jésus un certain courage pour oser ainsi souligner ce que ses compatriotes se faisaient, par parti pris, un devoir de méconnaître.

Le christianisme fut prêché aux Samaritains par le diacre Philippe, puis par Pierre et Jean (Actes 8.5 ; Actes 8.14 ; Actes 8.25). En 67 après Jésus-Christ, Vespasien détruisit Sichem, mais la ville fut reconstruite et reçut le nom de Flavia Neapolis (aujourd’hui Naplouse). On y voit encore une petite colonie de Samaritains (environ 150), groupée dans un quartier très fermé et gardant fidèlement les anciennes coutumes. On sait qu’ils n’admettent, dans la Bible traditionnelle, que le Pentateuque. Leur grand-prêtre, chef de la communauté, est choisi dans la même famille. Il préside aux cérémonies cultuelles, dont la plus caractéristique est celle du sacrifice, à la fête de la Pâque, de sept agneaux blancs, apportés en pèlerinage au sommet du Garizim. Le manuscrit du Pentateuque, que le grand-prêtre de Naplouse montre aux visiteurs et qu’il dit provenir d’Aaron lui-même, remonte tout au plus au XIe siècle de notre ère (figure 233). De beaucoup plus intéressant est le type ethnique qui nous est ainsi conservé par une communauté restée particulièrement fermée, où l’exogamie est interdite, malgré une dénatalité menaçante. Chez les Samaritains d’aujourd’hui, et grâce à eux, on retrouve un peu de la physionomie des Assyriens, amenés en Palestine aux jours de Sargon ou d’Assourbanipal, il y a quelque deux mille six cents ans.

A. P.


Numérisation : Yves Petrakian